Breakfast at Tiffany’s, de Blake Edwards

Un écrivain – qui n’a rien écrit depuis son premier recueil de nouvelles et vit aux crochets de sa maitresse – rencontre sa nouvelle voisine, Holly Golightly, une socialite qui vit de petits boulots et tente de trouver un riche célibataire à épouser. Sous des apparences enjouées et évaporées, Holly cache de profondes angoisses, apaisées par la contemplation de la bijouterie Tiffany, dont le luxe bourgeois lui évoque des jours meilleurs. Les deux vont rapidement se rapprocher et éprouver des sentiments l’un pour l’autre, contrariés par la quête d’un riche mari d’Holly…

J’ai beaucoup aimé, c’est assez cool (bon, si on vire les passages racistes sur le voisin japonais). Les deux persos principaux sont originaux. Si Paul est taillé comme un dieu grec, pour le reste il n’est pas exactement le mec parfait héros de comédie romantique. Holly est aussi super intéressante (et très bien joué par Hepburn), c’est un peu une subversion par anticipation de la manic pixie fairy girl.

Je recommande.

Maleficent II : Mistress of Evil, de Joachim Rønning

C’était assez mauvais. Déjà le premier n’était pas fou, mais là on descend encore plus bas. Ils ont viré les éléments un peu stylés visuellement du premier pour des trucs assez insipides (on perd le côté badass de Maléfique elle même pour en faire une personne fragile au milieu des autres Dark Fey), y’a une adversaire qui est très méchante pour zéro raison, beaucoup trop de temps d’écran pour Aurora qui est insipide au possible.
Y’a probablement 15 minutes à récupérer pour les rajouter dans un Alternate Cut du 1, sinon vous pouvez passer votre chemin.

Midsommar, d’Ari Aster

Un groupe d’amis américains part en Suède assister à la fête du solstice d’une communauté isolée. La communauté s’avère moins sympathique que ce que l’office du tourisme suédois laisse croire. Ça ressemble à un film d’horreur classique, mais les relations entre les personnages du groupe sont largement plus développées qu’habituellement : l’héroïne du film ne devait pas participer au voyage, mais son copain, pour se donner bonne conscience, lui a proposé à la dernière minute de venir en espérant qu’elle décline, sauf que non. Leur relation sacrément dysfonctionnelle (on apprend au début du film qu’il veut rompre depuis longtemps, mais une tragédie dans sa famille à elle fait qu’il n’ose pas) est donc au coeur du film, avec leur incapacité à discuter de leurs problèmes (les torts sont partagés même s’il est clairement le plus fautif dans l’histoire). Ce point empêche toute solidarité dans le groupe d’américain.e.s et facilite la tâche des villageois.e.s qui, à l’inverse, présentent l’image d’une société unie et familiale, travaillant de concert et dans l’harmonie (à zigouiller des touristes). C’est assez beau visuellement, avec un grand ciel bleu perpétuel, solstice suédois oblige, et avec toutes les tenues et bâtiments traditionnels de la cérémonie païenne.

Mudbound, de Dee Rees

Film historique américain de 2017. On suit en parallèle la vie de deux familles dans le Mississippi, une famille blanche qui possède une ferme, et une famille noire dont les membres sont ouvrier.e.s agricoles sur la ferme des précédents. L’histoire se passe durant et juste après la seconde guerre mondiale. Un membre de chaque famille a fait la guerre et ils vont devenir amis malgré le violent racisme du Mississippi.
La photographie est très belle, le contexte pauvre, la boue et la pluie permanente sont bien rendues, on n’a pas du tout envie d’être à la place des personnages. Mais on sait pas trop où le scénario va, on a l’impression que le film veut montrer trop de choses à la foi. Je soupçonne que c’est parce que c’est l’adaptation d’un livre et qu’elle est faite un peu trop scolairement. Il y a trop de points de vue différents, trop de voix off, ça fonctionne pas super bien sous forme de film, il aurait fallu resserrer un peu l’histoire.

Doha, Qatar

Court séjour (deux jours…) à Doha pour le travail.
C’est… particulier. Je pense que l’effet a été amplifié par le fait d’être dans les conditions d’un voyage pour le boulot, avec des conditions luxueuses qui ne correspondent pas à mon quotidien, mais de façon générale il y avait un fort sentiment d’irréalité. Il y a une espèce de bloc de gratte-ciel au bord de l’eau, avec rien autour (enfin, si, une grosse banlieue pavillonaire comme illustré sur la première photo ci-dessous), mais on dirait vraiment que quelqu’un a joué à SimCity dans la vraie vie. Surtout sous certains angles alignés sur la grille des rues, où on ne voit qu’une rangée de gratte-ciel se découpant sur le ciel. Il y a des quartiers piétons avec des bâtiments à l’architecture un peu ancienne, mais en fait c’est du faux vieux, ce qui se voit parce que ça reste neuf et impeccable. Et en plus c’est surdimensionné donc les rues sont désertes, ça donne une impression très étrange. De façon générale, à part dans le souk je n’ai pas du tout eu l’impression que la ville était habité ou appropriée par des gens. On dirait l’idée d’une ville.

Par ailleurs, c’était lié à mon voyage mais les conditions étaient absurdement luxueuses, que ce soit dans l’avion où dans l’hôtel. La quantité de personne qui sont là pour assurer le service notamment est absurde. Dans l’avion, le fait de venir installer une nappe sur la table pour le repas, d’avoir de la vraie vaisselle, un *pyjama*, était assez hallucinant. En plus comme ce genre de condition, sauf pour une toute petite fraction de la population, est quelque chose qui n’est accessible qu’à travers les voyages d’affaires, j’ai l’impression que ça sert vraiment à pousser à l’adhésion à une forme spécifique de capitalisme ou de forme d’emploi qui passe par le cadrariat dans les grosses entreprises.

Vue depuis ma chambre
Un gratte-ciel pris depuis sa base
Le souk
Mosquée Al Fanar au couchant
Skyline de Westbay depuis le bord du souk

L’Arme à l’œil, de Pierre Douillard-Lefevre

Essai sur la militarisation de la police française. Court mais intéressant. L’auteur retrace comment la police s’est progressivement retrouvée équipée de flashball puis de LBD, comment l’imprécision des Flashball, conçue pour éviter les tirs directs et à la tête, a été mise en cause dans les tirs effectivement dangereux, conduisant à passer aux LBD avec des viseurs et une plus longue portée, avec pour effet de démultiplier les tirs à la tête.

Il remarque aussi que contrairement à ce qui était annoncé, le LBD n’a pas remplacé l’usage des armes à feu mais celui des matraques, réhabituant les policiers à tirer sur les gens comme une action normale. De plus, il y a un effet cascade : une fois que la police nationale a upgradé du Flashball au LBD, les polices municipales ont commencé à s’équiper en flashballs…

Bref, des évolutions bien badantes du maintien de l’ordre qui abandonne les idées de maintien à distance et de désescalade pour l’idée de blesser pour l’exemple.

Radicalized, de Cory Doctorow

Quatre nouvelles qui parlent de différentes formes de radicalisation. C’était fort bien.
La première parle d’une réfugiée aux US vivant dans un logement subventionné qui vient avec de l’électroménager propriétaire qui n’accepte que des marques chères et spécifiques de pain ou d’assiettes ou de capsules de café. L’héroïne va tenter de jailbreaker ses appareils, mais ça ne plaît pas trop aux gérants de l’immeuble…
La seconde met en scène un équivalent de Superman qui décide un jour de ne plus accepter la violence policière. Ca n’enthousiasme pas le gouvernement. Elle était très sympa à lire, mais c’est je pense la plus faible du recueil en ce qu’elle fait davantage fanfiction que texte indépendant (j’ai rien contre les fanfics, j’ai moi-même d’excellents amis qui sont des fanfictions), mais c’était ça fait que le texte ne tient pas seul sans avoir une idée des personnages.
La troisième parle d’un mouvement terroriste visant les politiciens et assureurs US qui empêchent d’avoir une sécurité sociale pour tou.te.s. Intéressante et probablement celle qui parle le plus de radicalisation au sens le plus courant, mais elle passe un peu sous le tapis que ces mécanismes sont plus associés à la radicalisation d’extrême-droite.
Enfin la dernière prend le point de vue d’un connard survivaliste qui avec ses rêves d’un monde apocalyptique à la Mad Max se retrouve à totalement foirer son expérience de l’effondrement par rapport aux gens autour de lui qui connaissent le mot solidarité.

J’ai vu une critique qui reprochait à Doctorow de faire des essais politiques déguisés en fiction, perso je trouve que c’est un des points forts du livre. Recommandé.

Thelma et Louise, de Ridley Scott

Film de 1991. Thelma et Louise sont deux amies, respectivement femme au foyer et serveuse dans un bar. Elles partent en weekend ensemble, mais Louise tue un homme qui tente de violer Thelma. Une cavale en voiture commence, où les deux femmes tentent de rouler jusqu’à la frontière mexicaine alors que la police tente de les arrêter.
J’ai beaucoup aimé, les deux personnages principaux sont très réussis – et en avance sur leur temps – et les personnages secondaires sont cools aussi. Pas trop de surprise pour un film culte, mais je recommande.

Yves, de Benoît Forgeard

Film français de 2019. Un wannabe rappeur pas très malin qui vit amorphe dans la maison de feue sa grand-mère est sélectionné pour un programme de test d’un frigo intelligent. Le frigo améliore radicalement sa vie en l’aidant a écrire ses chansons et à séduire la représentante de la compagnie de frigos intelligent qui suit le test. Et par aider je veux dire que le frigo fait tout le boulot.

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