The Medium, de Banjong Pisanthanakun

Film d’horreur thaïlandais paru en 2021. Une équipe de tournage suit pour un documentaire Nim, une chaman qui explique être possédée par l’esprit de Ba Yan, une divinité bienveillante. Lors du tournage, l’équipe observe des comportements étranges de la part de Mink, la nièce de Nim. S’il est d’abord envisagé que l’esprit de Ba Yan souhaite lui être transmis, les protagonistes découvrent finalement que Mink est possédée par un esprit maléfique, dont l’influence sur la jeune femme va s’étendre progressivement, alors que sa famille tente de réaliser à temps un exorcisme pour sauver leur nièce.

C’était un film de possession assez réussie. Des jump scare qui marchent bien, une tension qui va croissante (et bien appuyée par la bande-son), des fausses pistes sur l’origine de la possession qui gachent les efforts des protagonistes, des décors intéressant (l’usine incendiée notamment). Dans l’absolu c’est un film de possession assez classique, on trace facilement des parallèles avec L’Exorciste, mais le fait que ce soit pas un film européen, la place différente accordée aux esprits par une partie de la société thaïlandaise fait des choses intéressantes). Le crescendo des actes commis par la possédée, jusqu’au point d’orgue de l’exorcisme raté qui s’inverse fonctionne bien.

Je recommande si vous aimez les films d’horreur.

Pavillon de l’Arsenal

Visite d’une exposition sur la nature urbaine au pavillon de l’Arsenal à Paris. C’était assez intéressant (et gratuit !), je recommande. Il y avait aussi une expo sur l’évolution de la place du vélo à Paris dans le temps.

Dendromètre, 1800-1814
Carte du sol, in Frédérique Aït-Touati, Alexandra Arènes, Axelle Grégoire, Terra forma, manuel de cartographies potentielles, Éditions B42, 2019
Fenêtre du pavillon de l’Arsenal

Histoire de l’Île, d’Evgueni Vodolazkine

Roman russe paru en 2020. On suit la chronique historique d’une île imaginaire, de l’antiquité à nos jours. Le couple royal qui règne sur l’île semble immortel (ou en tous cas très longévifs), et commente dans le temps présent la chronique des événements qu’ils ont vécus, en même temps que les chroniqueurs se succèdent au fil des pages.

Je n’ai pas été complètement convaincu. Le côté chronique historique interrompue (il manque des passages supprimés par des régimes de transition par exemple) et commentée, avec la matérialité du livre était intérressante, mais bon les rois immortels et bienveillants je suis pas totalement convaincu. Y’a un côté conte onirique sympa, mais en face y’a des révolutionnaires qui sont forcément très méchants et un peuple passif, ça me parle pas plus que ça.

State of the Machin 2024

Quoi ? Quelle année manquante ?

L’année dernière, dans un billet que je n’ai jamais publié, je disais que les choses s’étaient améliorées par rapport à 2022. C’est toujours vrai, mais la situation a de nouveau bien changé. De 2022 à 2023, j’ai déménagé d’Albi à Toulouse et changé de travail. J’écrivais l’année dernière qu’en plus j’avais touché 10% d’augmentation et trouvé un cadre de travail plus collectif, et que sur le plan du logement j’étais dans une colocation avec une vraie dynamique et que du coup je m’y sentais bien par rapport à Albi où la fin de la coloc avait été un peu cauchemardesque.

Or donc, depuis, j’ai redéménagé, grâce à une proprio qui nous a viré de sa maison pour la vendre. Je n’ai pas retrouvé de colocation assez vite, donc dans l’urgence j’ai pris un appartement solo. J’habite donc seul pour la première fois de ma vie. C’est cher et l’appart est mal isolé, mais quelque part c’est assez confortable. Disons que je mettrais ça largement au dessus d’une coloc qui se passe mal, mais bien en dessous d’une coloc qui se passe bien. Par contre avoir un lave-linge pour mon usage personnel me semble toujours aussi absurde après 4 mois à en profiter. Je ne sais pas trop quel est mon endgame ici. Clairement je ne veux pas habiter dans cet appartement sur le long terme, il est un peu perrave (et cher). Par contre je voudrais rester dans ce quartier, où j’ai des ami.es qui habitent (à 1 min à pied de chez moi), ça c’est très confortable (le changement de localisation pour un quartier plus central était clairement un gros plus, même si je regrette un peu le jardin). Mais est-ce que je veux déménager dans un autre appartement solo ? Que j’achèterais éventuellement ? Ou dans une nouvelle colocation dans le quartier ? J’oscille un peu entre différentes options (si j’ai bien une caractéristique qui ne change pas, c’est ma difficulté à accepter de laisser des options derrière moi).

L’autre gros sujet du moment c’est le boulot. Les conditions se sont sensiblement dégradées. J’ai eu une promotion (yay), mais avec seulement 60€nets d’augmentation (hmm) et largement plus de travail (meh). C’était un peu un piège à con, quoi, mais j’ai allégrement foncé dedans. Après c’était un piège à cons collectif, c’est tout mon service qui se prend des demandes à un rythme soutenu depuis quelques mois. J’ai donc décidé de me barrer, parce que je tiens à ma santé mentale plus qu’à un job où je suis largement un exécutant de décisions que je trouve pas oufs, prises par des gens qui connaissent moins le sujet de fond que moi et qui veulent avant tout communiquer. Autant les fois précédentes où j’ai décidé de changer de boulot je me suis posé beaucoup de questions sur si ce n’était pas moi qui était un éternel insatisfait, autant là je suis assez serein. J’aimerai bien retrouver un truc à Toulouse, où j’aime bien ma vie et mes relations sociales (et je vais commencer à chercher activement), mais je regarde aussi dans d’autres grosses villes. Pour le moment c’est changer pour un boulot équivalent dans le public ou assez similaire dans le privé, mais faudra quand même un jour que je me penche plus sérieusement sur une réorientation plus drastique.

Sinon, l’éléphant dans le State of c’est que j’ai rompu avec OC en octobre. Je suis célibataire depuis. J’ai pas mal crushé sur des gens, mais ça n’a pas dépassé ce stade, je pense que j’avais besoin d’être oklm pendant un certain temps. Ça a été mentalement compliqué pendant un certain temps. Je suis allé voir une psy une fois ! J’ai détesté. I guess I’ll try again in 2025. Ça va clairement mieux depuis que y’a un semblant d’été sur le pays – le fait de prendre une semaine de vacances m’a aussi fait réaliser le niveau de stress que m’apportait mon boulot, mais c’est un problème mental totalement orthogonal.

Quoi d’autre ? Le printemps pourri m’a privé de randos, ce qui était très frustrant, mais j’ai fait quelques concerts, c’était très chouette. Je suis allé au mariage d’ami.es en Bretagne, c’était une super cérémonie, avec présence sur 60 heures, très bien pour rencontrer des gens. J’avais fait une bucket list en début d’année, et si je n’ai pas fait tout ce qui est dessus, ça a quand même été efficace pour mettre en place des trucs que voulais faire ou repoussais depuis longtemps (des examens médicaux notamment).

That’s all folks!

Past Lives, de Celine Song

Film étatsunien de 2023. Nora Moon est une Coréenne de 12 ans vivant à Séoul dont la famille émigre au Canada. Elle était très proche d’un de ses camarades de classe, Hae Sung.

Douze ans plus tard, Hae Sung ajoute Nora sur un réseau social. Les deux anciens amis reprennent leurs échanges, mais s’il se confirme qu’ils ont des sentiments l’un pour l’autre, il apparaît aussi qu’aucun des deux ne pourra venir voir l’autre dans un futur proche. Ne voulant pas s’investir émotionnellement dans une relation dont elle ne sait pas où elle va, Nora coupe le contact. Peu de temps après, elle rencontre lors d’une retraite d’écriture celui qui deviendra son mari.

Encore 12 ans plus tard, Hae Sung vient voir Nora à New York. Se retrouvant physiquement pour la première fois après 24 ans, les deux adultes échangent sur et réfléchissent à ce qu’auraient pu être leurs vies et leur relation, et aux différences culturelles entre eux.

C’était sympa à regarder, et plus intéressant que si c’était juste une histoire d’amour classique du type « perdu.es de vue, ils tombent dans les bras l’un de l’autre à leurs retrouvailles », mais ça ne m’a pas embarqué comme ont pu le faire d’autres films.

Vaisseau d’Arcane, d’Adrian Tomas

Roman de fantasy française paru en 2020. Dans un monde où l’Arcane (la magie) peut prendre plusieurs formes, Solal, journaliste prometteur, est frappé par un éclair d’Arcane, qui le transforme en Touché : sa personnalité a été effacée, mais il peut générer de l’énergie magique, à la base du fonctionnement de toute l’industrie du Grimmark, à volonté. Les autorités veulent logiquement le récupérer comme tous les autres Touchés pour le mettre au travail, mais sa sœur est persuadée que sa personnalité est encore là, simplement en sommeil. Elle va donc s’enfuir avec lui et découvrir le monde et les secrets derrière le gouvernement du Grimmark…

J’ai pas été très fan. L’univers est original (mention spéciale à la variation sur les orcs), mais l’écriture et les personnages ne m’ont pas trop touchés : y’a un côté enfantin/comique dans la façon dont sont présentés les enjeux et les relations entre personnages (l’ambassadeur naïf, l’infirmière dont la colère fait reculer un assassin) qui je trouve colle assez mal avec le côté « fantasy de la révolution industrielle » et « assassinats politiques » (et après avoir lu La Ville au plafond de verre qui traite les mêmes thèmes plus finement, c’est sûr qu’il pâtit de la comparaison).

Cemetery Road, de Greg Iles

Roman policier étatsunien de 2019. Marshall McEwan, journaliste à la renommée nationale, revient pour la première fois de sa vie d’adulte dans sa ville natale du Mississippi, Bienville, pour s’occuper de son père mourant. Mais son père spirituel est assassiné alors qu’il tentait d’empêcher l’implantation d’une usine de papier sur un site archéologique majeur. Marshall décide alors de partir en croisade contre le poker club, le boys club informel qui décide dans l’ombre de toutes les grandes décisions économiques concernant la ville.

C’était assez dense, 880 pages avec des révélations à un rythme soutenu, sur le présent ou le passé de Bienville et de Marshall. L’intrigue fonctionne bien même si le côté « croisade d’un seul contre tous » est parfois un peu trop intense. Y’a aussi quelques scènes de sexe, que j’ai trouvée assez mal écrite. Sinon bon pageturner, je l’ai fini en quelques jours.

Le Comte de Monte-Cristo, de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière

Ze Darke Knighte

Film français à grand spectacle de 2024, adaptation du feuilleton de Dumas. Edmond Dantès, jeune marin idéaliste, s’oppose à son capitaine au sujet d’un sauvetage en mer. Leur armateur donne raison à Dantès, et le nomme capitaine. Avec sa nouvelle position, il va pouvoir épouser son amour d’enfance, Mercedès. Mais le cousin de Mercedes est amoureux d’elle. L’ancien capitaine, le cousin et un procureur conspire ensemble pour faire accuser Dantès à tort. Il est emprisonné à perpétuité au chateau d’If. Là, un coprisonnier l’aide à s’évader et lui révèle l’emplacement d’un trésor gigantesque. Dantès revient à Paris sous l’identité du comte de Monte-Cristo, et va exercer sa vengeance sur les trois hommes qui ont causé sa perte.

L’histoire est prenante comme du Dumas, et on sent que le film a des moyens, mais c’est aussi d’un classicisme un peu trop parfait. J’y vois les mêmes défauts que dans l’adaptation des Trois Mousquetaires (avec peut-être un peu moins de cabotinage de la part des acteurs dans Le Comte), les personnages sont trop des archétypes pour qu’on s’y attache. Si ça peut marcher pour Dantès lui-même (et ses trois nemesis), qui campe une figure extrémiste habitée par son désir de vengeance, une espèce de monolithe comme Batman peut l’être dans le même style, on aurait souhaité plus de nuances de la part de ses Robins protégé.es ou des familles de Danglard, Morcef et Villefort.