Les Disparus de Bas-Vourlans, de Romain Weber

Fiction radiophonique diffusée sur France Culture. A la suite d’une sécheresse historique dans le Jura, le lac de Clairlieu est totalement asséché. Au fond, le village de Vourlans est accessible pour la première fois en 45 ans. Et dans une des maisons, deux squelettes sont retrouvés, enchaînés au mur…

Le concept initial est intéressant, mais je n’ai pas été fan de la réalisation. On voit venir la révélation finale de loin, je trouve, et pour le reste, ça manque un peu de dynamisme. Globalement tous les habitants du village sauf les plus jeunes connaissent l’histoire de ce qui s’est passé il y a 45 ans. Il n’y a pas vraiment d’action, on suit juste la découverte progressive des événements (et quelques conséquences modernes de la découverte des corps) par trois protagonistes. Il aurait été plus intéressant d’avoir un village plus divisé où la découverte des corps ferait plus remonter les anciennes fractures à la surface.

Après, je râle mais j’ai écouté tous les épisodes, c’est quand même intéressant, sans être au niveau de 57, rue de Varenne. Mention spéciale pour le personnage de Breuillard, l’élément perturbateur avec un petit accent chantant.

Randonnée à Tournemire

Weekend de Pâques passé à Tournemire, avec une quinzaine de personnes vivant dans différentes colocations albigeoises. Randonnée, via ferrata, papayou, gros repas collectifs, feu de camp, c’était très reposant. On a eu super beau temps tout du long.

Roquefort depuis les hauteurs du cirque de Tournemire
La roche qui entoure le cirque
Corniche
Arbre isolé dans un champ
Porte de grange et chevrotine
Bâtiment abandonné
Bâtiment abandonné, détail des voutes
Notre gîte

Pau

Passage à Pau le weekend dernier pour revoir les ami.es locaux. On espérait pouvoir faire une rando mais la météo et les contraintes d’horaire sur le retour n’ont finalement pas permis de. A la place, jeux de société, restaus et promenade dans la ville. Trois photos d’illustration de la promenade.

Un chat avec une petite vibe « Night in the Woods »
Une chèvre (il y a désormais de l’écopaturage sous le boulevard)
Un bébé républicain

Infiniti, de Thierry Poiraud

Série française de 2022. Cosmodrome de Baïkonour. Un accident lors de l’arrimage d’un vaisseau cargo endommage gravement l’ISS, coupant toute communication entre la station et la Terre et mettant en péril son intégrité. Au même moment, dans la banlieue de la ville, la police locale récupère un cadavre décapité qui porte la puce d’identification d’un des cosmonautes censé être en orbite. L’enquête policière sur Terre et les tentatives de sauvetage des astronautes dans la station vont se croiser, avec au centre la question de savoir où sont réellement les astronautes : dans l’ISS ou sur Terre ?

J’ai beaucoup aimé les décors (la série a été tournée au Kazakhstan et en Ukraine), avec les installations spatiales vieillissantes de Baïkonour au milieu de steppes immenses. Ça donne une ambiance particulière, avec l’entrecroisement du programme spatial, des vestiges de l’URSS (les fresques de Lénine aussi bien que les sites d’essai des premières bombes nucléaires), des traditions religieuses du coin et de la déliquescence d’une ancienne république socialiste soviétique, avec ses relations compliquées à la Russie.
La série est tournée en trois langues – français, anglais et russe – avec des personnages qui passent de l’une à l’autre selon leurs interlocuteurs, ça illustre bien la complexité de la coopération internationale et des rapports entre les différents protagonistes et institutions. Les enjeux géopolitiques, justement, sont intéressants aussi : le cosmodrome est exploité par la Russie et donc non soumis à la juridiction kazakhe, qui n’est pas très jouasse de cette présence envahissante, mais qui reste inféodé à la puissance russe et doit bien composer avec. A l’intérieur du cosmodrome, il y a des enjeux de pouvoir entre les programmes spatiaux russes et français d’un côté, et américain et chinois de l’autre, ces derniers voulant accélérer le passage aux lanceurs privés et missions robotiques vers l’ISS, et arrêter les vols depuis Baïkonour.
Les personnages sont plutôt attachants même si parfois un peu clichés, et ils sont plutôt bien joués. Le scénario comporte par contre de grosses incohérences : c’est plaisant à regarder sur le moment, et les incohérences ne m’ont pas gâché plus que ça le visionnage, mais faut pas chercher à creuser plein de points. J’ai bien aimé que le scénario prenne son temps : pour une série qui tourne autour du programme spatial international, on a un départ pour l’espace seulement dans les dernières minutes de l’épisode 5 sur 6, après avoir bien pris le temps de décortiquer les enjeux au sol.

Globalement j’ai passé un bon moment devant, mais c’est plus une série qu’on regarde pour l’ambiance que pour le scénario.

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Connemara, de Nicolas Mathieu

Roman français paru en 2021. On suit en parallèle et dans le désordre la vie de deux Lorrain.es : Hélène, transfuge de classe qui est devenue cadre dans des cabinets de conseil et qui est revenue dans la région avec mari et enfants ; et Christophe, ancienne gloire de l’équipe de hockey qui est resté toute sa vie sur place, est commercial pour une boîte de nourriture pour animaux et se remet au hockey pour retrouver les sensations de liberté de son adolescence. Nicolas Mathieu déroule leurs enfances et adolescences parallèles, comment leurs trajectoires se croise avant de se perdre de vue, les choix, joies et renoncements qu’on vécu les deux. Puis à l’âge adulte ils se recroisent, et commencent une liaison, pendant que le récit dépeint leurs vies, le sens qu’ils y mettent, de quoi est fait leurs quotidiens.

J’y ai trouvé quelques longueurs et par moment des tournures de phrase un peu trop « oulala j’écris en mélangeant les registres de langue ». Ça ne m’avait pas du tout dérangé dans Leurs Enfants Après Eux, mais là c’est un peu trop flagrant par moment. Un peu trop de scènes de sexe à mon goût aussi.

Mais globalement le roman est réussi, la conclusion notamment rattrape beaucoup, il y a a de très bons passages. Ça tombe pile au bon moment dans toute la description des cabinets de conseil qui vendent du vent réorganisationnel aux administrations publiques, avec le scandale sur les milliards que leur a filé l’État dans la vraie vie. Les passages sur l’envie de retrouver des moments où le temps s’écoule lentement comme durant l’enfance ça me parle beaucoup aussi.

Je recommande.

Subtil Béton, des Aggloméré·es

Dystopie française. 2040qqch, dans une France dont l’histoire a divergé durant les années 2010. Une dictature écolofasciste est au pouvoir, le dernier grand mouvement social en 2037 a été largement réprimé, les collectifs et les réseaux d’entraide survivent dans une clandestinité toujours plus compliquée. On suit en parallèle les destins d’une petite dizaine de personnes qui participent de plus ou moins près à des actions et modes de vie de résistance.

Globalement, c’était un peu déprimant. L’histoire raconte la mise en place d’une nouvelle lutte, la complexité de se battre contre un État répressif avec une pléthore de moyens, les burn-out militants, la gestion des sentiments dans les groupes affinitaires… Ça finit bien, mais pour en arriver au happy end faut se fader toute la souffrance des personnages dans cet univers avant. Alors ça se voit que c’est issu de vrais questionnements dans le cadre de luttes, et l’écriture et les points de vue choraux sont intéressants, mais en ce moment les dystopies c’est pas forcément le truc dont on a besoin collectivement.

J’ai mis un peu de temps à rentrer dedans mais au bout d’un moment l’écriture et le récit sont prenants et je l’ai fini à pas d’heure.

The Night House, de David Bruckner

Film d’horreur sorti en 2020. Beth est récemment veuve, son mari s’étant suicidé sans signes avant-coureurs. Elle habite seule dans la maison qu’il avait construite au bord d’un lac. Elle gère son deuil à coup de bouteilles de brandy, de colère contre son mari qui se manifeste dans par de la dérision quand les gens autour d’elle exprime de la compassion, et par une tentative d’enquêter dans les possessions de son mari pour tenter de comprendre ce qui l’a amené à ce geste. Sauf que ce qu’elle découvre dans le passé de son mari c’est les plans d’une mystérieuse maison reflet de la sienne, dont elle rêve l’existence, et des photos de nombreuses femmes qui lui ressemblent…

J’avais été attiré par la bande annonce qui avait l’air de promettre un usage intensif de l’architecture dans la mise en place de l’ambiance horrifique. Si la maison (et son site) qui sert de lieu principal au tournage est très belle, à part la maison elle même et un joli livre présentant des plans de maisons et de labyrinthe, il n’y a finalement pas tant d’éléments architecturaux que ça. J’espérais plus de pièces secrètes, reproduction du même plan à différentes échelles, de maquettes, prototypes, labyrinthes à taille réelle… mais peut-être que le film avait pas exactement le budget pour ça. L’idée d’une créature qui se manifeste dans les espaces négatifs était intéressante, mais c’est assez difficile à rendre visuellement.

Si la révélation finale du film n’est pas très convaincante à mon sens, l’ensemble du film est quand même porté par la performance de Rebecca Hall, l’actrice qui joue Beth. Elle fait une veuve très convaincante, sa façon de gérer le deuil est crédible, et en même temps ses réactions laissent plusieurs interprétations ouvertes : pendant une partie du film je me suis demandé si ce n’était pas elle le monstre que son mari tentait de contenir.

Globalement, un petit film d’horreur honnête, qui gère bien la tension, avec une très bonne performance d’actrice au milieu. Recommandé si vous aimez bien le genre, sans que ce soit un must see.

Petite Maman, de Céline Sciamma

Retour vers le futur x Tomboy

Film français sorti en 2021. Le film commence juste après le décès de la grand-mère maternelle de Nelly, 8 ans. Cette dernière part avec ses parents dans la maison de sa grand-mère pour la vider. Le retour dans sa maison d’enfance est trop douloureux pour Marion (la mère) qui part et laisse Nelly et son père gérer la fin du déménagement. Alors qu’elle joue dans la forêt, Nelly tombe sur une fille de son âge, Marion, qui construit une cabane comme celle dont la mère de Nelly lui parlait. Marion ramène Nelly chez elle, et Nelly réalise que Marion est sa mère, qu’elle peuvent voyager entre les deux époques et que Nelly peut revoir sa grand-mère.

J’ai beaucoup aimé. Le film est rapide, il boucle son histoire en 1h12. On retrouve des thèmes de Tomboy avec les enfants qui jouent entre elleux dans la forêt et qui recréent leur monde. Le voyage dans le temps, ici permis par les différents chemins de la forêt, qui permet de se plonger dans l’histoire familiale évoque Retour vers le Futur : de la même façon que Marty va intervenir dans la rencontre entre ses parents, Nelly va rassurer sa mère qui a peur de son opération à venir. On est cependant sur un mode beaucoup plus apaisé et moins épique que Retour vers le Futur (plus sur un trip réalisme magique). Le film n’est d’ailleurs pas tout à fait clair sur la réalité des événements : la Marion adulte part juste avant que Nelly ne rencontre sa version enfant, et revient juste après le départ de la version enfant pour l’hôpital : est-ce que la version enfant n’est pas juste la métaphore d’une relation différente entre la mère et la fille ? (Marion enfant est très peu perturbée quand elle apprend que Nelly est sa fille, ou qu’elle lui parle de la mort de sa mère ; a contrario Nelly interagit dans le passé avec sa grand-mère. Je ne pense pas vraiment qu’il y ait un intérêt à trancher définitivement mais ça fait des pistes de réflexion).

Ça parle logiquement beaucoup de rapport mère-fille sur plusieurs générations, mais en arrière-plan. Au premier plan on voit deux filles tripper, construire une cabane, faire des crêpes, monter une pièce de théâtre, faire du bateau vers une mystérieuse pyramide immergée.

Comme toujours j’aime beaucoup la photographie de Sciamma, la façon qu’elle a de filmer une maison de retraite, un pavillon de banlieue, une forêt. L’usage de la musique est aussi très réussi, avec une bande son qui ne l’utilise qu’à un seul moment, laissant l’émotion être portée la plupart du temps par le jeu des actrices et de l’acteur.

57, rue de Varenne, de François Perrache

Une fiction radiophonique qui suit le quotidien de quatre Premiers Ministres français successifs, en 5 6 saisons de 5 épisodes. C’est de la politique fiction écrite par des gens qui ont été proches de la vraie politique, c’est fort bien fait, on retrouve de vraies répliques ou situations mais remixées. On se concentre sur les arrières cuisines et les zones d’ombre, on ne voit pas les acteurs de la série faire de la politique au sens noble, mais plutôt se livrer à des jeux d’influence et gérer des crises. Les trois premières saisons, sur Gerland puis Mercadal sont très réussies. À partir de la quatrième ça décline un peu ; le fait de mettre des gens plus naïfs sur le poste fait qu’ils sont beaucoup plus passifs. De plus l’intrigue de la saison 4 se concentre totalement sur la vie intime de la première ministre, là où c’était bien plus équilibré pour les précédents. Pour la 5 le personnage du nouveau premier ministre est très intéressant mais assez mal exploité : vu qu’il refuse de se salir les mains il n’est pas du tout dans la cuisine du parti et les renvois d’ascenseur, du coup il voit juste les autres les faire.

Je recommande fortement les premières saisons, ça m’a pas mal réconcilié avec les fictions radios.

Saison 6 :
Sortie en 2022 après un hiatus, elle revient sur les 10 mois qui séparent la saison 5 de sa scène finale. Elle raconte la bataille de position entre Fournier et Gerland, et les conséquences à court terme de la diffusion de l’enregistrement par Fournier. C’était assez réussi, ça fait plaisir de retrouver les personnages, et de partir full droit constitutionnel par moments. Une belle conclusion à la série.