L’Île aux Chiens, de Wes Anderson

Film d’animation américano-japonais de 2018. Très beau visuellement, très réussi en terme d’animation (j’ai notamment énormément aimé les parties avec les complexes industriels dévastés, aussi brèves soient-elles ♥). L’histoire que l’on suit est sympa (suite à un décret municipal, tous les chiens de la métropole de Megasaki sont expulsés sur l’île dépotoir. Le pupille du maire décide d’aller y chercher son chien garde du corps, et il est révélé que l’exil des chiens cache un sombre complot). Mais c’est traité de façon très conservatrice : les votes des humains sont truqués et ceux des chiens sont une perte de temps, les chiens errants sont bien content de se trouver un maître… Par ailleurs les personnages féminins sont tous des relations amoureuses et des accessoires des personnages masculins (la reporter un petit peu moins que les autres mais ça ne va pas bien loin).

J’ai aussi été assez gêné par les parallèles avec la Solution Finale (déporter les chiens, les rassembler dans un camp, puis les tuer avec du gaz) que j’ai trouvé d’assez mauvais goût (après moi ça m’a sauté aux yeux mais j’ai des ami⋅e⋅s qui me disent que cette partie là les a pas marqué⋅e⋅s)

Moonlight, de Barry Jenkins

Un film sur la jeunesse d’un homme noir et gay de Miami. On le suit à trois moments de sa vie, vers 7/8 ans, dans son adolescence au lycée, et dans sa trentaine. Le film est très beau, mais pas très joyeux : Chiron (le héros) est confronté à l’homophobie, au harcèlement scolaire, et à l’omniprésence de la drogue. Je ne saurai pas trop comment décrire davantage, mais c’est très bien, forte recommandation.

A Night in the Woods

Jeu-vidéo publié par Finji. L’histoire d’une jeune américaine qui abandonne ses études à l’université et revient dans la maison familiale pour Halloween. Elle recommence à voir ses ami.e.s du lycée et à se promener dans sa ville natale.

L’histoire est très bien, très posée, y’a un grand mystère narratif à découvrir, mais le plus intéressant ce sont les petites interactions quotidiennes avec les habitants de la ville. Les personnages sont très bien conçus, avec des vies intéressantes et crédibles à la fois.

J’ai beaucoup aimé le design visuel du jeu aussi (notamment les séquences oniriques, très belles même si un peu lentes), par contre le game-play n’est pas incroyable. Le jeu est très narratif donc je pense que c’est difficile d’avoir une mécanique de jeu « efficace », mais là parfois y’avait vraiment du temps passé à juste marcher et aller du point A au point B, lentement (mon ordi n’étant pas très puissant, je pense que le jeu était un peu ralenti aussi donc ce n’est pas que de la faute du gameplay tbh).

Le jeu montre aussi que Mae souffre d’un trouble mental (type dissociation), puis que ce trouble est en fait lié à des événements surnaturels. Je suis pas trop fan de ce genre de procédés, il aurait à mon sens été plus intéressant de montrer que ses troubles mentaux existaient par eux-même et que par ailleurs il y avait du surnaturel (sur la piste duquel elle aurait pu tomber par hasard ou non en suivant les impressions venant de ses troubles, ou malgré la difficulté supplémentaires à distinguer réalité, surnaturel et hallucinations causée par sa situation, ou de façon totalement décorrélée…)

 

Le Chat noir, d’Edgar Allan Poe

Recueil de nouvelles que m’avait offert ma grand-mère quand j’étais allé voir l’exposition Fantastique ! avec elle et mon grand-père. J’ai mis un peu de temps à le (re)lire (j’avais lu toutes ces nouvelles durant mon adolescence). C’est assez variable. La nouvelle titre du recueil est un classique et est très bien exécutée, les autres sont quand même un cran en dessous. Du fantastique/horrifique de l’époque, intéressant dans ce qu’il fonde, mais pas forcément incroyable en soi.

2012, de Roland Emmerich

Eh bien c’était très mauvais, sans surprise. C’est rigolo à regarder entre ami·e·s, mais rien ne fait sens. C’est dégoulinant de faux bons sentiments, les femmes ne jouent aucun rôle et attendent jusque que les mecs leur disent quoi faire, la physique ne fait sens à aucun niveau, les pistes d’atterrissage sont toutes dans le bon sens pour que l’explosion suive en ligne droite l’avion, le plan pour sauver l’Humanité implique de sauver des vieux riches de 80 ans comme la Reine d’Angleterre plutôt que des gens jeunes et avec des compétences en agriculture et mécanique, et pour sauver la biodiversité on emporte des couples de grands mammifères sans penser au fait que tu recrées pas une population stable depuis 2 individus. Bref, non non non.

Et puis y’a une bonne partie des effets spéciaux qui sont même pas bien faits et donc pas crédibles pour un sou.

Après y’a probablement des fanfics rigolotes à faire avec les deux mecs (le chirurgien-pilote et l’auteur raté) qui se mettent ensemble, ou avec une révolution des travailleurs qui ont construit les arches et qui partent sans tous les connards riches.

Le Zéro et l’Infini, d’Arthur Koestler.

Roman de 1939 sur le système des procès de Moscou. N.S. Roubachof, figure connue du Parti, est arrêté et emprisonné. Le roman alterne entre le déroulement de la vie de Roubachof dans la prison de son arrestation à sa signature de sa confession, et des retours sur les circonstances où il se trouvait du côté de l’accusation dans les purges et discussions doctrinales précédentes.

L’auteur précise en ouverture du livre que la vie de Roubachof est la synthèse de la vie de plusieurs figures réelles victimes des procès de Moscou. Staline, Lénine et d’autres figures historiques ne sont pas nommées explicitement mais sont trivialement reconnaissables. Le livre est intéressant en ce qu’il présente le dévoiement de la Révolution et l’établissement du fanatisme doctrinaire sans être anticommuniste. On a une focalisation sur Roubachof, qui a pris part à ce système depuis la Guerre Civile, y a participé, a cru à la cause de l’URSS. Il regrette là où le système en est arrivé, mais ne considère pas que le problème soit intrinsèque au communisme et le dévoiement inéluctable.

Détail que j’ai apprécié : la hiérarchie du Parti fait que le secrétaire général n’est jamais appelé autrement que N°1, et les prisonniers sont eux nommés par leurs numéros de cellule (Roubachof est n°437). Ça donne un petit côté « le carcéral étendu à l’ensemble de la société » qui fait penser au Prisonnier.

J’ai beaucoup aimé, je recommande.

Pluie noire (黒い雨) de Masuji Ibuse

Un roman japonais de 1965 que j’ai lu en anglais. Le roman décrit sous la forme de journaux et notes pris par différents personnages la vie à Hiroshima juste après l’explosion de la Bombe jusqu’à l’annonce de la capitulation du Japon, puis la vie quelques années après de survivants exposés aux radiations. Le roman a été salué pour sa qualité quasi-documentaire. C’est super intéressant (notamment en ce qui concerne la vie en temps de guerre des populations civiles japonaises, domaine totalement inconnu pour moi) et assez badant (sans surprise).

Pitch Perfect  1, 2 et 3, de Jason Moore

Une comédie sur un club féminin de chant a cappella dans un collège US. C’est vachement cool, les chansons sont entraînantes, les blagues sont cools, c’est féministe, les seconds rôles sont géniaux (mention spéciale aux deux présentateurs réacs). Le 2 est sympa aussi mais c’est vraiment un décalque du premier par contre, c’est un peu dommage de pas avoir étendu un peu l’univers (c’est plus rigolo de regarder les scènes coupées du premier que le second).
Petit bémol cependant (see what I did there?), la question du consentement est quand même vachement laissée de côté. Je recommande chaudement le film (et je chante un peu en boucle les chansons ces temps-ci).

Pitch Perfect 3, de Trish Sie :
C’était… je dirai bien médiocre, mais non, c’était vraiment mauvais. Ils changent le genre du film vers un truc d’espionnage à mi-chemin, ce qui n’apporte rien si ce n’est des incohérences. Y’a quelques bonnes blagues mais elles sont noyées dans une mélasse de trucs totalement randoms et poussifs, ou juste là pour faire avancer le scénario de façon visible… C’était visible dès le trailer tbh, et ce n’est pas surprenant que le concept du premier film ne se prête pas à des suites.