Archives de catégorie : Jeux vidéos

Superliminal, du studio Pillow Castle Games

Jeu vidéo d’énigmes paru en 2019. En testant une thérapie du sommeil expérimental, le personnage joué se retrouve coincé dans un rêve perpétuel. Pour s’en échapper il va falloir résoudre des énigmes qui fonctionnent pas mal avec de la « dream logic » : On peut changer la taille des objets en les attrapant et en les posant plus loin de notre point de vue, il est possible de pénétrer dans certaines ombres, certains objets sont des illusions d’optique…

La mécanique est intéressante mais ça manque un peu de longueur et d’histoire.

Pentiment, du studio Obsidian Entertainment

Jeu vidéo paru en 2022. Dans la petite ville de Tassing (Bavière) au XVIe siècle, Andreas Maler est venu réaliser son grand-œuvre dans le scriptorium de l’abbaye. Artiste perclus de doutes sur sa valeur et de certitudes sur la marche du monde, il va tenter de découvrir la vérité sur le meurtre d’un baron local, dont un moine qu’il estime est accusé. Rapidement (enfin… l’intrigue s’étend sur 20 ans donc ce n’est peut-être pas le meilleur qualificatif), Andreas puis un autre personnage vont découvrir que le meurtre du baron est rattaché à une histoire plus large. On va donc enquêter pour découvrir le responsable de ce meurtre puis de deux autres…

C’est très beau et très détaillé sur les enjeux politico-socio-religieux de l’époque avec la naissance du protestantisme en toile de fond, par contre ça souffre des défauts classiques des point-and-click, c’est quand même beaucoup un walking simulator et parfois on est frustré des options de notre personnage, qu’on voudrait voir faire d’autres choses qui nous paraissent beaucoup plus évidentes. Le jeu canalise beaucoup l’histoire dans un entonnoir avec des choix qui ont finalement peu de conséquences (excepté sur l’arbre généalogique montré sur la séquence de fin, mais c’est léger). Ça reste un très beau jeu, mais un peu long par rapport au contenu finalement.

Florence, du studio Mountains

Court jeu vidéo sorti en 2018. On suit la romance de Florence avec Krish, de la rencontre à la rupture, et ce que cette relation a apporté à Florence. C’est dessiné, il y a des petites activités comme ranger des affaires dans un placard, réaliser des dessins d’enfant… C’est un jeu casuel et calme, c’était sympa à faire, après c’est pas le jeu du siècle non plus, même si ça marche bien pour illustrer une relation, ça n’a pas une profondeur de fou.

Trüberbrook, du studio btf

Point-and-click allemand (Zeigen-und-Klicken ?) sorti en 2019. On joue Hans Tannhauser, un physicien étatsunien avec des origines allemandes (pas dans le style Werner Von Braun, plutôt sa famille a émigré une génération plus tôt), qui arrive dans le petit village de Trüberbrook pour une semaine de vacances. Mais sur place il va découvrir de mystérieuses installations au fond d’une mine, qui semble avoir des liens avec ses travaux théoriques. Dans la tradition des point-and-click, il va devoir collecter pas mal d’objets loufoques pour réussir à accéder à différentes zones.

Le style du jeu est très beau, ça fait diorama et pâte fimo. La première séquence dans la station service et le générique de début avec le minibus qui monte la pente sont très très cool. Malheureusement, le scénario du jeu ne fait pas grand sens et c’est beaucoup d’allers-retours pour trouver les trucs un peu par essai-erreur. Un peu dommage. Après j’ai pas passé un mauvais moment devant mais ça fait un peu « mumbo-jumbo scientifique » alors que y’avait moyen des faire des trucs plus sympas avec cette esthétique.

Lucifer within us, de Kitfox Games

Court jeu d’enquête. On incarne une exorciste qui enquête sur une série de meurtres dans un monastère, dans un monde où la religion est basée sur la cybernétique : les démons existent dans un monde virtuel et peuvent infecter les humains via leurs implants.

Le jeu est court, trois petites enquêtes, mais j’ai bien aimé l’univers et l’esthétique. La mécanique de la timeline à confronter est intéressant, mais il est possible de bruteforcer toutes le jeu en testant tous les configurations (ie en contredisant chaque élément de la timeline en présentant tous les indices possibles). Une fois l’enquête résolu, on doit trouver quel démon infecte le meurtrier. Cette partie pour le coup n’a aucun intérêt, on n’a le choix qu’entre quatre et c’est très transparent à chaque fois.

Globalement ambiance et graphismes sympa, mécanisme intéressant même si bruteforçable, c’est plus une démo avec de belles finitions qu’un jeu complet à ce stade je trouve, mais ça faut le coup d’y jeter un coup d’œil.

Lost Nova, de Jon Nielsen

Court jeu vidéo indépendant paru en 2022. On incarne Nova, une aventurière qui crashe son vaisseau sur une planète alors qu’elle refusait de prendre des vacances. On doit alors parcourir plusieurs régions pour retrouver des pièces de vaisseau et des ressources permettant de crafter des améliorations pour notre pistolaser ou nos bottes jetpack.

C’est très wholesome, avec un univers coloré, des petites quêtes annexes et un message sur le fait de prendre du temps pour soi plutôt que de se focaliser exclusivement sur son travail. Dans le même style, j’avais beaucoup aimé A Short Hike.

Citizen Sleeper, du Studio A Jump Over the Age

Jeu vidéo narratif sorti en 2022. Nouvel arrivant dans une station spatiale et en rupture de contrat avec une corporation déterminée à nous récupérer, on tente de trouver notre place parmi les différentes factions gérant la station, de récupérer un peu d’argent pour acheter de la nourriture et le produit chimique qui évite à notre corps robotique de tomber en déliquescence. Au fur et à mesure de notre vie sur la station, on va interagir avec plein d’habitants et choisir parmi plusieurs options celle qui nous convient le plus pour reconstruire une vie ici ou sur un vaisseau en partance.

J’ai pas mal aimé l’ambiance ; le côté station spatiale désormais auto-gérée, avec des conflits de gestion, des idéologies et des structures de pouvoir différentes qui s’affrontent était bien fait, le côté « les corpos sont toujours en embuscade pour tenter de rerécupérer la station » marche bien aussi. Les multiples fils narratifs des différents habitants avec lesquels on interagit sont globalement bien écrits. Par contre le jeu consiste essentiellement à cliquer pour voir des choses se dérouler. Souvent les choix multiples de dialogue n’ont pas vraiment d’impacts sur l’histoire. On peut rallier toutes les factions à la fois sans se fermer de portes. Un peu dommage au vu des thèmes abordés de ne pas avoir fait plus de choix qui ont un réel impact sur le déroulé de l’histoire.

Immortality, de Sam Barlow

Jeu vidéo sorti en 2022. Le concept se rapproche du précédent jeu de Barlow auquel j’avais joué, Her Story : on dispose d’une masse de clips vidéos dans laquelle il va falloir rechercher des informations pour comprendre l’histoire. Dans Her Story il s’agissait d’interrogatoire de police et l’interface était textuelle. Ici, il s’agit des rushs non-montés des trois films dans laquelle a joué l’actrice Marissa Marcel, récemment redécouverts, et l’interface se fait en sélectionnant des éléments du film, pour atterrir dans une autre séquence contenant cet élément. Pour une personne apparaissant à l’écran ça va être une autre séquence où elle est présente, pour les objets ça va être un objet de la même catégorie (sélectionner une chaise peut faire arriver sur un autre modèle de chaise, une pomme sur un autre type de fruit, etc…).

Globalement, j’ai beaucoup aimé le concept, mais je suis moins convaincu par l’exécution. Par rapport à Her Story, la taille plus ambitieuse du jeu fait qu’on s’y perd un peu, et la navigation random d’une séquence à l’autre rend difficile d’avoir l’impression de maîtriser ce qui se passe. Idéalement j’aurais voulu pouvoir taguer les séquences, faire des collections dans lequel je les ordonne. Dans le genre « enquête dans des couches multiples d’histoires » j’ai trouvé que Return of the Obra Dinn avait une interface plus réussi pour laisser du contrôle à la joueuse. J’ai aussi déclenché la fin du jeu après avoir passé déjà un peu de temps dessus mais clairement pas compris l’histoire globale.

Pour les points positifs par contre, la masse de travail pour réaliser le concept général est impressionnante (cet entretien avec Barlow réalisé par Libération est d’ailleurs fort intéressant). Les trois films rendent bien (moins convaincu par celui des années 90, mais les deux premiers, et surtout le premier donnent vraiment envie de voir les films montés, le grain de la pellicule est bien rendu, et tout le côté « comprendre à la fois l’histoire des films et via les éléments autour du tournage la vie des acteurs » est très cool. Je pense que pour améliorer le jeu il aurait fallu encore plus de séquence hors tournage, du type tournées promotionnelles ou autre pour avoir plus que la vies des acteurs principaux de détaillée, et avoir des intrigues juste sur la vie des gens en dehors de l’arc principal.

Globalement, concept de jeu original et qui veut le coup d’être testé, mais réalisation pas parfaite (masse d’info impressionnante, mais manque d’outil pour la traiter facilement). Je met le tag recommandé mais c’est « je recommande d’aller jeter un coup d’oeil au concept », pas « précipitez vous dessus ».

Journey, de Thatgamecompany

Jeu vidéo indépendant publié en 2012. Dans des environnements désertiques et des ruines, on contrôle un petit personnage muni d’un écharpe qui lui permet de voler. On peut libérer d’autres écharpes qui rechargent notre pouvoir de vol, activer des runes pour augmenter la taille de notre écharpe, chanter pour attirer ou réanimer des écharpes et faire briller des rochers, et c’est globalement tout. L’histoire du monde est expliqué par des bas reliefs et des visions, on progresse lentement vers une montagne fissurée avec de la lumière qui s’en échappe.

C’est pas très long (j’ai fini en 2h), mais c’était assez cool. Les environnements sont jolis, rien de très compliqué à faire mais on se laisse porter par l’histoire. Et je n’ai compris qu’à la fin du jeu qu’il était en fait multijoueur : on croise d’autres personnages identiques à nous de temps à autre, et ce sont en fait d’autres joueurs qui font telle section du monde en parallèle de nous (c’est un peu le précurseur des marques d’invocation dans Dark Souls), on peut interagir de façon très limité avec elleux mais la proximité de deux joueurs recharge les deux écharpes, c’est bien fait.

Bref, cool petit jeu indé paisible et beau.