Archives de catégorie : Longs métrages

El Llanto, de Pedro Martín-Calero

Film d’horreur de 2024. De nos jours à Madrid, Andrea découvre un homme à l’arrière plan de nombreux selfies qu’elle a pris. Elle ne sait pas qui c’est et surtout il lui semble impossible qu’il ait été visible à cet endroit au moment où elle prenait la photo. 20 ans plus tôt en Argentine, le même phénomène semble avoir affecté Marie.

J’ai bien aimé. Y’a un petit coté It follows pour le monstre invisible, la photographie est assez belle. Le film n’explique rien des origines de la malédiction ni même de son fonctionnement, mais ça me semble toute a fait acceptable dans un film d’horreur. Le côté évolution de la technologie qui rend le monstre de plus en plus détectable est intéressant.

Sorry, baby, de Eva Victor

Film étatsunien paru en 2025. Agnes et Lydie sont ami.es depuis leurs années de thèse ou elles étaient coloc dans une petite maison de Nouvelle-Angleterre. Agnes y habite toujours, Lydie a déménagé à NY avec son/sa partenaire. Elle revient voir régulièrement voir Agnes, qui est devenue professeure dans la fac où elles ont étudié et a hérité du bureau de son ancien encadrant. Ce qui n’est pas une très bonne nouvelle pour elle, étant donné que celui-ci l’a violée. Le film parle de la gestion d’un événement traumatique et de la personne qu’on devient après. J’ai des ami.es qui l’ont beaucoup aimé, mais perso ça m’a laissé assez froid. C’est pas mal traité, mais je trouve le film ultra classique dans ses plans, son traitement, oui ok y’a une jolie lumière sur la Nouvelle-Angleterre en hiver, mais bon.

Downriver a tiger, de Víctor Diago

Film espagnol paru en 2025, vu dans le cadre du festival Cinespaña. Júlia est une barcelonaise qui vit à Glasgow depuis 4-5 ans. Photographe dans l’âme, elle prend en photo des gens sur des ponts en journée, et pour avoir un salaire, travaille dans un restaurant le soir. Elle est très isolée, sa santé mentale n’a pas l’air ouf, et sa santé physique non plus, puisqu’elle commence à perdre la vue du côté droit… Elle se rappelle sa rencontre avec Shubham, un Indien qui est venu à Glasgow pour ses études.

Le film arrive bien à poser une atmosphère, mais une atmosphère assez déprimante (de la nuit, du froid, du brouillard, de l’isolation sociale…) du coup on en ressort assez plombé.

Weapons, de Zach Cregger

Film d’horreur états-unien de 2025. Dans une petite ville américaine, 17 enfants d’une même classe disparaissent une nuit, à la même heure. Le dernier enfant et la maîtresse sont questionnés, mais aucune piste n’apparaît. On va suivre le point de vue de la maîtresse, d’un parent d’élève, d’un policier, du proviseur, d’un marginal et finalement de l’enfant non-disparu, pour voir les pièces du puzzle se mettre en place.

Globalement, un film un peu brouillon (trop d’éléments je trouve), mais avec pas mal de potentiel. L’ouverture sur une narration par un enfant et le sujet de la disparition d’enfants (+ de la magie) fait un peu conte (mais ça ne colle pas trop avec d’autres éléments plus prosaïques ou adultes du film), la narration non-linéaire est intéressante pour avoir les différents points de vue (mais parfois c’est de la répétition pure, et surtout la clef de l’histoire nous est cachée jusqu’à quasiment la fin – ce n’est pas une addition d’éléments qui nous permet de comprendre l’histoire), le côté violence psychologique sur Alex est bien mis en scène. Mais tous ces éléments ne vont pas forcément bien ensemble, ça fait des variations tonales assez importantes, avec des moments plus horrifiques, d’autres plus comiques, des aspects naturalistes, d’autres plus fantaisistes.

Film améliorable mais réalisateur à suivre je pense.

Brightburn, de David Yarovesky

Superman x Adolescence

Film d’horreur étatsunien paru en 2019. Un vaisseau spatial tombe dans les champs d’un couple du Kansas, qui y découvre un bébé, et l’adopte. Le bébé extraterrestre découvre à la puberté qu’il a des pouvoirs, et le secret de ses origines. Sauf que le message qui lui est transmis par son vaisseau spatial, c’est « Règne sur le monde » (et là je suis très content d’avoir regardé ce film back-to-back avec le Superman de James Gunn – qui était producteur de celui-ci, parce que ça montre vraiment deux traitements d’une même prémisse), et qu’au lieu de devenir un super héros aimé de toustes, le petit Brandon Breyer va devenir un psychopathe tendance incel, réglant son compte à toute sa famille qui tente de le raisonner.

Les rappels au mythe de Superman sont assez réussis : le setup initial évidemment, la cape (avec une couverture), la scène où il porte sa mère dans le ciel qui rappelle les scènes classiques avec Loïs Lane, même la façon dont le leitmotiv du protagoniste est instrumenté. L’enfant-acteur joue très bien le personnage de Breyer, la scène où il explique sa supériorité naturelle à la psychologue est assez glaçante. Son rapport à la fille qu’il apprécie mais dont il casse le bras pour avoir osé s’opposer à lui est aussi bien écrit. L’horreur plus classique avec sa famille est bien mise en scène, avec divers degrés de gore selon les personnages.

Recommandé si vous aimez bien l’horreur et Superman.

Superman, de James Gunn

Film étatsunien de 2025. Yet another version de Superman vs Lex Luthor. Dans la même veine que Fantastic Four: First Steps, on est sur du superhéroïsme optimiste, avec un Superman un peu ingénu. Ça fait du bien de sortir des trucs dark, mais 2h20 c’est vraiment trop long pour un film de Superman. L’esthétique un peu kitsch est chouette, mais bon tous les trucs sur la Justice League ça aurait pu être coupé pour gagner du temps.

Contrairement à FF:FS, vu que Superman se passe à l’époque actuelle, on a bien un gouvernement qui fait des crasses dans l’ombre (en s’alliant à la mégacorporation de Lex Luthor) et des questions de géopolitiques, dans lesquelles un Superman idéaliste se prend rapidement les pieds. Les métahumains créés par Luthor pour affronter Superman sont plutôt réussis (dont un Bizarro pas appelé comme ça parce que ça faisait peut-être un peu trop wacky même pour ce film), par contre beaucoup de retournements de scénario qui sont plutôt des trous de scénario (Métamorpho qui est le seul qui peut fournir un soleil à Superman dans l’univers de poche, dommage que Lex l’ait laissé dans la cellule de Superman…).

Le twist sur le fait que les parents biologiques de Superman lui confiait pour mission de régner sur la Terre (mais qu’il n’a jamais eu la fin du message et qu’il a donc bien tourné) est intéressant, pour sortir de la vision de Krypton comme une civilisation avancée bénéfique, et pour montrer que ce n’est pas la « nature profonde » de Superman qui fait qu’il est bon mais son éducation et ses choix personnels.

Sympa si vous aimez bien la mythologie de Superman mais pas indispensable non plus.

Fantastic Four: First Steps, de Matt Shakman

Film de super-héros étatsunien de 2025. Dans des années 60 rétrofuturistes, les Quatre Fantastiques sont des super-héros, aimés par la Terre entière. Apprenant que Galactus va détruire leur planète, ils décident d’aller négocier avec le destructeur de mondes. Celui-ci leur propose un marché de conte de fées : la survie de la planète contre leur premier-né. Ils refusent, et vont trouver une autre façon de défaire le Dieu Affamé.

Pas mal de choix intéressants : le film assume que tous les spectateurs connaissent l’origin story des héros et saute ce passage pour arriver directement 4 ans plus tard quand leur célébrité et superhéroïcité est établie. L’esthétique rétrofuturiste marche assez bien, on sent que les décorateurs se sont fait plaisir. Sue comme la leader politique du groupe, personnage reconnu à l’échelle du globe est intéressant aussi, plutôt que d’en faire la perpétuelle femme invisible. La scène où elle utilise son pouvoir pour rendre son fils visible dans son ventre est sympa aussi, le côté « usage domestique des superpouvoirs » étant un de mes pet peeves.

Dans le moins convaincant, le fait de once again raconter « les 4 Fantastiques contre Galactus » ça me laisse perplexe : pourquoi c’est considéré comme une histoire intéressante en soi ? Le fait que pour protéger son enfant Sue arrive à utiliser ses pouvoirs de façon démesurée ça me un petit goût de conservatisme aussi. Et pour creuser dans cette veine : je vois bien que l’idée du film c’est de s’éloigner au maximum des histoires de super-héros dark et torturé, mais quand même, avoir au centre de l’histoire des gens qui sont présentés comme à la fois les seules personnes avec des super-pouvoirs, le plus grand génie du monde, la femme politique globalement leader du monde, qui sont en plus universellement aimés et représentent la famille idéale, ça a une petite vibe « le fascisme redéguisé en atompunk ». En plus, on est dans les années 60 et y’a zéro mouvement pour les droits civiques ? On voit d’ailleurs à zéro moment un quelconque gouvernement, ni même l’armée pour tenter de contrer une menace existentielle pour l’Humanité, c’est vraiment 4 pelo qui sont la première et dernière ligne de défense.

Bref, sympa mais pur divertissement.

Together, de Michael Shanks

Film étatsunien de 2025. Tim et Millie sont un couple qui a du mal à savoir pourquoi ils restent ensemble. Millie est prof, Tim est guitariste qui espère passer professionnel, mais à 35 ans ce rêve devient de plus en plus utopiques. Les deux vivent à New York, Millie accepte un poste dans une petite ville charmant des US, et les deux y déménagent, dans une grande maison qui fait un peu « case à cocher sur la liste du couple ». Alors qu’ils font une rando dans les bois autour de la ville, ils tombent dans une caverne où ils sont infectés par une maladie mystérieuse : ils sont attirés l’un par l’autre, littéralement. Leurs corps tentent de se rapprocher, et quand ils se touchent, leur corps fusionnent. Ça donne de belles scènes de body horror, et un film sans antagoniste (il y en a un secondaire, mais c’est pas le cœur du film), où la relation entre les personnages principaux (et le fait qu’elle devienne littéralement fusionnelle malgré eux) est le cœur du film. Ça en fait un film d’horreur original qui renouvelle un peu les tropes.

Par contre niveau photographie c’est très classique.

La Commune, de Peter Watkins

Film franco-étatsunien de 1999. J’ai vu la version courte (3h30 quand même) en salle dans le cadre du Fifigrot 2025.

On suit sous la forme d’un docufiction la commune de Paris, de quelques jours avant le soulèvement du 18 mars jusqu’à la fin de la Semaine Sanglante. Le film réunit 200 comédiens amateurs, filmés alors qu’ils jouent les personnages après un travail de documentation initial, mais aussi dans des débats où ils font le parallèle avec la situation politique et économique au moment du tournage. Le film interroge aussi le rôle des médias en 1871 et en 1999, en insérant dans le contexte de la Commune deux chaînes de télé, la Télévision Nationale Versaillaise et la Télévision Communale, qui informent sur les événements depuis deux points de vue situés.

Le film et son atypicité par rapport aux films plus classiques sont assez marquants. La scène du reportage sur les barricades et les interviews des soldats versaillais à la fin du film sont particulièrement intenses.

Grosse reco.

Sirāt, d’Oliver Laxe

Mad Max x Le Salaire de la Peur

Film franco-espagnol de 2025. Une rave dans le désert marocain. Un père et son fils distribuent des flyers : ils cherchent leur fille et sœur, qui fréquente les free-parties et dont ils sont sans nouvelle depuis 5 mois. L’armée vient rapidement interrompre la rave. Sans être correctement préparés, les 2 protagonistes décident de suivre un petit groupe de teufeureuses qui veut rejoindre une autre fête tout au sud du pays, à la frontière avec la Mauritanie, où leur adelphe pourrait être. Pour cela, il va falloir traverser le désert, alors qu’à la radio l’annonce des débuts d’une potentielle guerre mondiale laisse entendre que le monde entier bascule dans des temps incertains. Le convoi de trois véhicules va rouler dans un désert magnifique mais où toutes les erreurs sont potentiellement mortelles…

Sirāt commence avec un objectif clair pour les personnages, mais rapidement cet objectif disparaît : les personnages roulent, ne semble plus croire eux-même à leur objectif, une hypothétique fête qui sonne comme la promesse du paradis de l’autre côté du purgatoire qu’est le désert. Le film est beau mais assez violent, et d’une violence qui prend les spectateurs par surprise : il n’y a pas une montée de la tension qui permet de voir arriver la violence, elle surgit juste d’un seul coup. Des gens qui roulent en voiture dans le désert alors que le monde sombre dans le chaos, impossible de ne pas penser à Mad Max, mais version quête existentielle propre au cinéma européen, où l’adversaire n’est pas des gangs de bikers mais les éléments et les raisons qu’on peut se trouver de vivre.

Recommandé avec un TW mort gratuite.