Archives de catégorie : Culture/Procrastination

La Fabrique des lendemains, de Rich Larson

Recueil de nouvelles de science-fiction d’un auteur canadien, paru en 2020. Les longueurs des nouvelles sont variables. Globalement le recueil est intéressant, les nouvelles installent toutes rapidement des univers bien caractérisés (ce qui est un challenge à faire dans un format nouvelles). Les nouvelles ne proposent pas des styles ou des traitements super originaux – il y a pas mal de cyberpunk/biopunk assez classique notamment, mais c’est bien écrit et prenant. Une nouvelle était au dessus du lot par son originalité, pour moi : En cas de désastre sur la lune. J’ai aussi bien aimé L’Homme Vert s’en vient, plus classique, mais qui est assez longue et a donc la place de raconter son histoire.

Arcane, du studio Fortiche

Série d’animation dont la première saison est sortie en 2021, et prenant place dans l’univers de League of Legends. On suit l’enfance puis la fin de l’adolescence de deux sœurs, Violet et Powder, dans les villes jumelles de Zaun et Piltover. Nées à Zaun, cité pauvre et souterraine aux pieds de la riche Piltover, les deux sœurs ont été témoins de la mort de leur parents lors d’une tentative de révolte des zaunites contre l’autorité de Piltover. Recueillies par un des leaders de la révolte, elle grandissent à Zaun avant d’être séparées, et de se retrouver des deux côtés d’un conflit à la fois entre les deux cités et les différentes factions qui s’agitent au sein de chacune des deux, alors que l’invention de l’HexTech, une façon d’exploiter les énergies magiques, démultiplie la richesse de Piltover – et les appétits.

L’animation est très belle, avec des décors dans un style peinture à l’huile, et une esthétique steampunk/Belle Époque pour les deux villes, et des trucs un peu plus audacieux en termes de rendu sur la seconde partie de la série. Par contre j’ai trouvé l’ensemble des personnages assez clichés, on est énormément sur des archétypes, même pour les deux persos principales, y’a pas une grande profondeur psychologique.

Doctor Who

Saison 14
Nouveau Docteur, sous les traits de Ncuti Gatwa. J’ai pas été très convaincu par la saison. Très bon épisode 2 (The Devil’s Chord), 73 yards et Rogue étaient intéressants aussi, le reste c’était un peu du filler. Final en deux parties qui était nul nul nul. J’ai bien aimé les épisodes de transition avec Tennant aussi, évidemment pour le fait de revoir Tennant, mais les histoires (au moins pour les 1 et 2) fonctionnaient bien aussi

Saison 12
Meh. Les défauts de la saison précédentes sont toujours tous là, voire exacerbés. On n’arrive pas à s’intéresser aux enjeux, trop de persos principaux avec peu de profondeur. Les épisodes les plus intéressants sont ceux qui rajoutent un peu de fil narratif sur l’échelle de la saison, mais c’est dommage de rater tous les one-shot à ce point. Bons points pour Fugitive of the Judoon ainsi que pour le final, donc. J’ai apprécié les hommages aux saisons précédentes, mais ça ne suffit pas à masquer l’absence de développement de certaines histoires. Les pistes introduites pourraient par contre donner des choses intéressantes pour la prochaine saison s’ils les creusent et s’ils mettent en avant le personnage joué par Jo Martin.

Saison 11
Sentiments mitigés. Le personnage de la 13e Docteure est très bien en soi, mais y’a des épisodes où il ne se passe pas grand chose. Je comprends la volonté de se démarquer des saisons précédentes et de leurs grands arcs sur la saison entière, mais parfois c’est quand même assez dépourvu d’enjeux. De très bons épisodes cependant : Kerblam!, Rosa, The Witchfinders, Arachnids in the UK. Je pense qu’un des problèmes de la saison c’est le trop grand nombre de compagnons : même s’ils sont intéressant, ça divise trop le temps d’écran.

Saison 10
Une très bonne saison. C’est la dernière avec Moffat comme showrunner, ce que je trouve une bonne nouvelle (si le/la remplaçant.e est à la hauteur, mais Moffat n’avait plus grand chose à apporter à la série). Les épisodes étaient globalement solides, l’arc narratif à l’échelle de la saison était sympa mais venait pas trop parasiter les histoires de chaque épisode. Pas mal de remarques et éléments progressistes. J’ai trouvé que le tryptique sur les Moines était la partie la plus faiblarde de la Saison, avec beaucoup de lenteurs. Le reste était cool, l’esthétique du final était superbe. Ça se finit un peu brutalement et c’est vraiment dommage que Bill ne soit compagnonne que pour une saison, j’espère qu’on aura l’occasion de la revoir. On a vu la mort de Missy, mais on peut aussi espérer que le temps n’étant pas linéaire, on ait quand même l’occasion de la revoir (et c’était un plaisir de revoir John Simm aussi, sa version du Master est super).
[Edit au 17/07/2017 : et le prochain Docteur est une Docteure (Doctoresse ? Doctrice ? Bah, de toute façon je regarde en VO et c’est épicène) ! Ça va être vachement cool, j’espère qu’ils vont fortement insister sur le côté personnage puissant et pas le diluer. Beaucoup d’attentes.]

Doctor Who Christmas Special S10
Petit épisode de Noël de Doctor Who pour patienter en attendant la prochaine saison. Il parlait relativement peu de Noël et fonctionnait plutôt bien. Des comics, des super-pouvoirs, des aliens très méchants, et des pistes laissées ouvertes que Moffat va probablement réutiliser dans son grand adieu à la série.
[EDIT 07/2017 : finalement, non]

Doctor Who Christmas Special S07
Avec des bonhommes de neige maléfiques. Il commençait bien, poétique et tout (un escalier qui mène sur un nuage, où est perché une cabine téléphonique), de jolies répliques (« It’s… smaller on the outside! ») mais la fin est un peu brouillonne, avec deux retournements de situation qui s’annulent en 5 minutes, et un personnage féminin fort qui finalement meurt stupidement. (Note d’Août 2013 : Globalement ce verdict s’applique à tous les épisodes qui suivront)

Paresse pour tous, d’Hadrien Klent

Je n’avais pas été fan de La Grande Panne, du même auteur, mais j’ai bien aimé ce livre-ci. En 2020, alors que la France se déconfine, Émilien Long, prix Nobel d’économie, publie un ouvrage intitulé Le Droit à la paresse au XXIe (toute ressemblance avec un titre de Piketty est volontaire), démontrant qu’il serait possible de passer à une semaine de travail de 15h sans perdre en niveau de vie, en mettant en œuvre un programme de redistribution de la plus-value du travail plutôt que de la laisser capter par le Capital.

Émilien va fédérer une équipe atypique autour de lui, qui va construire sa campagne présidentielle pour porter cette thématique révolutionnaire à l’élection de 2022. Mais se lancer dans une campagne présidentielle, c’est travailler bien plus que 3h par jour, et si le thème l’enthousiasme, Émilien n’est pas sûr de vouloir s’engouffrer dans une aventure aussi prenante…

Ça se lit vite, et la forme romancée marche bien pour faire avancer la thèse de l’auteur. Il n’y a pas de grande démonstration chiffrée de la réalité de la possibilité d’arriver à ce chiffre de 15h précisément, mais on sent que la proposition d’une réduction massive du temps de travail n’est pas faite dans le vide non plus. L’ancrage dans la vie politique réelle fonctionne bien. Elisabeth Crayeville en ministre de l’économie macroniste, fusion de plusieurs macronistes réel.les est assez réussie. Le roman retranscrit bien le côté peace de l’équipe de campagne et de son héros, on a envie d’y croire (bon, ça fait un peu l’impasse sur le paysage médiatique français d’extrême-droite les médias ici c’est Le Monde, YouTube et un présentateur de JT d’une grande chaine hertzienne qui s’est installé à la campagne, c’est plutôt bienveillant (les plus pugnaces à la limite c’est l’interview improbable par un quatuor CQFD/Lundi Matin/Pièces et Mains d’Oeuvre/Panthère Première).

Recommandé pour un truc politico-peace.

Lecture facile, de Cristina Morales

Roman espagnol de 2018. Nati, Angèls, Patricia et Gari sont quatre barcelonaises qui vivent dans le même appartement. Elles ne sont pas exactement colocs : déclarées handicapées mentales par le gouvernement, elles sont dans une résidence normalisée, après avoir passé une certaine partie de leur vie en centre fermé. On suit leurs quatre points de vue sur quelques événements : la gestion de l’appartement, la fuite de Gari pour aller vivre dans une maison squattée, les cours et le spectacle de danse de Nati…

C’était original dans la forme et le sujet, et intéressant. C’est rare qu’il y ait dans des romans des descriptions crédibles de réunions autogestionnaires. La version chorale de l’histoire, avec les formats différents donnés à la narration de chaque femme (narration intérieure pour Nati ; roman en lecture facile pour Angèls, qui raconte l’évolution passée de la vidéo du groupe jusqu’à l’arrivée dans l’appartement ; minutes d’audition judiciaire pour Patricia, CR de réunions de squats pour Gari) est réussi et permet à la fois de voir leurs divergences, leur agency et les différents aspects de leur vie et de leur rapport aux institutions ou groupes qui ont une influence sur leurs vies.

Je recommande.

Four weddings and a funeral, de Mike Newell

Comédie romantique anglaise parue en 1994. On assiste – comme le titre l’indique à quatre mariage et un enterrement, auxquels on retrouve la même bande d’ami•es qui appartiennent de plus ou moins loin à l’aristocratie britannique, dont Charles (Hugh Grant), le protagoniste, qui va tomber amoureux d’une américaine (Andie McDowell) rencontrée aux différents mariages. On suit l’évolution de leur relation alors qu’iels ne se voient que de loin en loin.

Le film est resté assez moderne : on a le regard cynique du groupe d’amis sur les mariages friqués où ils vont, les rôles genrés sont ok (la cohorte d’ex de Charles sont un peu clichés, mais c’est pour l’effet comique), c’est Charles qui tombe raide dingue de Carrie qui est plus distanciée, c’est lui qui prend un gros risque pour être avec elle (et un risque qui n’est pas prestigieux socialement). Les dialogues avec beaucoup d’humour anglais et de bitching sur le reste de l’assistance sont très réussis.

Je recommande.

Satanic Panic, de Chelsea Stardust

Film étatsunien de 2019. Une livreuse de pizza, Sam, livre des pizzas dans un quartier friqué. Elle se retrouve à interrompre accidentellement une réunion de satanistes, qui réalisent qu’elle peut remplacer la vierge qu’ils avaient trouvé pour un sacrifice à Baphomet. Sam réussit à s’enfuir, mais commence une traque à travers le quartier – où toutes les fortunes sont dues à une pratique particulièrement dévote du satanisme.

Le scénario était rigolo et tient globalement la route, mais c’est une daube. Ça reste mieux joué qu’Abigail, et probablement pour une fraction du budget, mais ça reste pas très bien joué, ça vole pas très haut, y’a de la nudité féminine totalement gratuite.

Je ne recommande pas.

Inside out, des studios Pixar

Film d’animation sorti en 2015. Les aventures des émotions dans la tête d’une fille de 11 ans. C’est un film pour enfants théoriquement, mais qui fait passer un message assez complexe sur l’importance des sentiments négatifs pour grandir, la perte, la maturité…

Au niveau des techniques de cinéma c’est comme toujours avec Pixar très bien animé, ça reste assez classique dans la facture (il y a un passage cool où les personnages rentrent dans une zone d’abstraction et se retrouvent en 2D, mais ça ne dure pas longtemps), le message et la réalisation sont réussis.

Je recommande.

Inside out 2

Un second volet, paru en 2024. On retrouve Riley et ses émotions deux ans plus tard, à l’orée de son adolescence. Sa puberté vient de commencer, et avec elle de nouvelles émotions sont apparues : Anxiété, Ennui, Envie et Embarassement. Joie et les autres émotions originelles vont se retrouver évincées par Anxiété et sa gestion prévisionnelle de Riley, qui va jusqu’à mettre en péril son sense of self. C’était joliment animé, mais j’ai trouvé ça beaucoup moins profonds que le premier, l’intrigue est quand même assez cousue de fil blanc.

I saw the TV glow, de Jane Schoenbrun

Film étatsunien de 2024. En 1996, Owen, 12 ans, est fasciné par les bande-annonce pour la série The Pink Opaque, qui passe après son heure de coucher. Il rencontre dans son collège Maddy, une fille de quelques années de plus qui est passionnée de l’émission aussi, et ment à ses parents pour aller regarder l’émission chez elle. Elle va ensuite lui enregistrer tous les épisodes sur cassette, jusqu’à sa mystérieuse disparition. Owen re-rencontre Maddy 10 ans plus tard, qui lui déclare qu’ils appartiennent à l’univers de The Pink Opaque et que ce monde est une illusion faite pour les retenir loin de leur réalité…

C’était assez cool. Le côté « fascination pour une série télé dans laquelle on trouve des trucs auxquels s’identifier qu’on n’a pas dans sa vie de tout les jours » est bien rendu – ainsi que la série télé des années 90 avec des monsters of the week avec des costumes en papier maché. L’ambivalence (et le côté bad trip) de « est-ce qui me semble être ma réalité n’est pas qu’une illusion élaborée »/ »est-ce que ce que je prends comme la seule chose possible n’est pas des limitations que je me suis mis tout.e seul.e » aussi. Le personnage d’Owen est assez déchirant du coup, dans son acceptation d’une situation qui le tue (que ce soit littéralement ou métaphoriquement). (La scène où il déclare face caméra avoir une famille qui est tout pour lui – mais qu’on ne voit jamais est très grinçante aussi).

Le film est une métaphore sur la transidentité – c’est d’ailleurs exactement la même métaphore que Matrix, donc c’est assez visible. Y’a un beau travail sur les lumières, et une esthétique « film d’horreur à petit budget » qui fonctionne bien (même si c’est pas à proprement parler un film d’horreur, y’a des éléments qui s’en rapprochent mais c’est pas exactement ça).

Je recommande (si vous aimez les métaphores sur la transidentité et les films d’horreur à petit budget).

Kiki la petite sorcière, du studio Ghibli

Dessin animé japonais, paru en 1989. A 13 ans, comme il est traditionnel pour les sorcières, Kiki quitte son foyer pour s’installer en tant que sorcière indépendante dans une nouvelle ville. Déterminée à voir l’océan, elle trouve une cité sur la côte. N’ayant pas appris à faire des potions ou des sorts, son talent principal est sa capacité à voler sur son balai. Elle va donc ouvrir un service de livraison, qui va lui permettre de rencontrer plein de gens. Mais rapidement, le fait d’être éloignée de sa famille, et de transformer le plaisir du vol en une source de revenu l’épuise, et elle en vient à questionner ce qu’elle fait, ce qui conduit à l’affaiblissement de ses pouvoirs.

C’était bien, comme la plupart des Ghibli. Les personnages sont assez réussis, que ce soit Kiki elle-même ou tous les gens qu’elle rencontre : le couple de boulangers, Ursula la peintre, la vieille dame, Tombo… Le côté épuisement du travail (surtout à 13 ans, purée) est bien rendu.

Je recommande.