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Randonnée à vélo dans le Tarn

Boucle de 64 km en partant d’Albi, en passant par Fréjairolles, Teillet, le lac de Razisse, Villefranche d’Albigeois, Cambon. Fait sur une journée, après un échec à mettre le vélo dans la soute d’un car pour faire Montauban – Penne – Cordes-sur-Ciel – Albi. Baignade et pique-nique au lac de Razisse, peu de monde sur les routes, c’était chouette. Je n’avais pas pris l’appareil photo pour m’alléger, mais du coup les photos de paysage à l’ordiphone ne rendent pas grand chose.

Château de Grandval, submergé dans le lac de barrage

Viendra le temps du feu, de Wendy Delorme

Dystopie féministe. Dans un pays d’Europe qui est probablement la France, la vie est régie par le Pacte National : suite aux suicides de masses d’adolescents désespérés par le changement climatique, la société est revenue à un partage des tâches genrés : aux femmes la reproduction, aux hommes la production et le service militaire. Le couple hétérosexuel est une obligation, Il n’y a plus d’argent mais des avoirs (similaires aux tickets de rationnement), dépendant du nombre d’enfants et des tâches réalisées. On suit dans cet univers une demi-douzaine de personnages qui rejettent ce système, certains ayant fait parti d’une communauté autogérée queer en marge du pays.

La prémisse était intéressante, mais j’ai été déçu par l’exécution. J’ai eu l’impression que les personnages étaient beaucoup plus archétypaux que dans la Servante écarlate par exemple, qui est clairement une des inspirations. Le système est écrasant et dominateur, il n’y a que quelques personnages en lutte versus la masse des Autres qui se conforment au système (d’ailleurs, en l’écrivant comme ça je réalise que ça fait très fasciste dans la présentation, même si c’est très clair à la lecture que c’est pas le propos du livre). Le système est toujours présenté comme un bloc, on ne voit pas les rouages que sont les gens en position de domination et ce que ça implique de perpétuer cette domination.

Everything Everywhere All at Once , de Daniel Scheinert et Daniel Kwan

Film états-unien de 2022. Une femme chinoise qui tient une laverie aux États-Unis découvre qu’elle est la seule personne à pouvoir affronter une menace qui met en péril l’ensemble du multivers. Elle se retrouve à devoir malgré elle affronter ce danger en plein milieu d’un audit de l’IRS, d’une procédure de divorce initiée par son mari et de la visite de son père en Amérique.

C’était sympa à regarder. Le changement de regard sur la figure de l’anti-héros, qui n’est pas pour une fois un mec de 25 ans cynique était bienvenu. Le côté « mis en scène avec des bouts de carton » du multivers était sympa aussi, bel hommage aux films de genre. Le mécanisme de devoir faire des actions improbables pour déclencher la connexion aux autres versions de soi-même et pouvoir utiliser leurs compétences était une belle trouvaille aussi.

J’ai trouvé la fin un peu faible néanmoins. Si le message sur l’importance de l’empathie et de la gentillesse me convient, j’ai quand même l’impression que la toute fin part en mode « soit content de ce que tu as même si c’est un peu merdique » : on retombe sur le trope du héros qui retourne à son quotidien après avoir sauvé un royaume magique, c’est un peu dommage.

Recommandé si vous voulez un film sans prétention mais qui change un peu la vision classique de l’élu qui sauve le multivers.

Randonnée le long de la Valserine

Petit road trip depuis Grenoble pour rejoindre Bellegarde-sur-Valserine, où habite une amie d’OC. On a randonné sur la journée sur le sentier des pertes de la Valserine – tout juste rouvert. C’était un super beau site, un peu encaissé et au frais. Beaucoup de vestiges des installations hydroélectriques et hydromécaniques qui exploitaient historiquement l’énergie de la rivière, j’étais aux anges.

Canyon creusé par l’érosion

Sea of Tranquility, d’Emily St. John Mandel

Roman de science-fiction de 2022. On retrouve les éléments présents dans les deux précédents romans de l’autrice : la mention de pandémies, une crise financière avec une pyramide de Ponzi en son cœur. Certains des personnages de The Glass Hotel réapparaissent.

Ici, on suit des personnages à quatre époques : un rejeton de la noblesse anglaise poussé à l’exil au Canada en 1912 ; une femme qui a tourné une vidéo où apparait un phénomène surnaturel dans les années 90 : une autrice en tournée dans les années 2200 et un mec pas très malin mais plein de bonne volonté qui va travailler pour une agence paragouvernementale effectuant des voyages temporels dans les années 2400 (et va faire le lien entre les différentes époques).

Même s’il y avait des éléments intéressants, je l’ai trouvé largement moins bon que les deux précédents. La faute au voyage dans le temps je suppose, toujours une façon efficace de rater une histoire. Le voyage dans le temps a lieu parce que des scientifiques veulent observer un phénomène qui tendrait à prouver qu’ils vivent dans une simulation d’univers. Ce point est largement plus intéressant que le voyage dans le temps (et fait penser à du Robert Charles Wilson) et aurait gagné à être davantage développé.

J’ai bien aimé par contre les éléments de méta liés au fil narratif d’Olive – l’histoire d’une romancière qui a écrit un roman sur une pandémie quelques années avant que la première pandémie de son époque ne se déclenche, et qui est devenue célèbre d’un coup. On sent que Saint John Mandel est travaillée par la question (et par la question des retours des lecteurs puisqu’Olive se demande aussi si elle n’a pas « rendu la mort du Prophète trop anticlimatique » suite à une rencontre avec une lectrice).

Globalement, le plus faible des romans d’Emily Saint John Mandel que j’ai lu. Ça fait plaisir de retrouver son univers et son style d’écriture, mais allez plutôt lire Station Eleven ou The Glass Hotel si ce n’est pas déjà fait.

La Familia Grande, de Camille Kouchner

Autofiction française de 2021. Camille Kouchner retrace le fonctionnement de sa famille, et notamment des vacances à Sanary-sur-mer organisées par son beau-père Olivier Duhamel, fonctionnant comme une sorte de cour, rassemblant autour de lui des personnes in de la gauche française dans une atmosphère très libérée et exigeante intellectuellement. Sauf que ce milieu permissif sert notamment à tolérer un certain nombre d’agressions sexuelles, au premier lieu desquelles l’inceste commis par Olivier Duhamel sur son beau-fils.

Je comprends évidemment l’intérêt de dénoncer ce qui s’est passé et le fonctionnement plus général qui a permis que ça arrive et que le secret (partagé) soit gardé pendant aussi longtemps, mais je suis perplexe sur l’intérêt de faire ça sous la forme d’un livre. L’intérêt littéraire de l’objet me semble assez inexistant, avec des personnages qui sont tous des représentants d’une gauche caviar assez insupportables.

Children of Ruin, d’Adrian Tchaikovsky

« We’re going on an adventure!« 

Roman de science-fiction britannique publié en 2019. Il s’agit de la suite directe de Children of Time (habituellement je le chroniquerai à la suite dans le même article mais comme j’ai déjà été long dans l’article sur CoT je préfère en faire un nouveau).

Le roman reprend la même structure que Children of Time, avec une alternance entre deux périodes, mais toutes les deux beaucoup plus brèves que celles présentées dans le premier tome. On suit donc en parallèle l’arrivée d’une équipe de terraformation de l’Ancien Empire Terrien dans un système solaire incluant les planètes Nod et Damascus, à la même époque que celle où prend place le prologue de Children of Time, puis l’arrivée des centaines de milliers d’années plus tard dans ce même système d’un vaisseau piloté par l’alliance Portides-Humain.es qui s’est créée à la fin du tome précédent. Ils vont rencontrer une nouvelle espèce intelligente avec laquelle il va s’agir de réussir à communiquer pour mettre en place une alliance interspécifique et interstellaire.

Il y a à nouveau plein de très bonnes idées de science-fiction dans le roman, mais j’ai trouvé l’exécution un peu plus faible que celle du premier tome (mais comme il était excellent, ça laisse de la marge). Je pense que mon gros reproche c’est que dans ce tome, on retombe un peu dans l’héroïsme des actions individuelles duquel le premier tome réussissait très bien à se détacher. Par ailleurs, là où les Portides étaient des créatures avec un monde sensoriel et une organisation sociale différents de celle des humain.es mais auxquels on pouvait se rattacher, le fonctionnement inventé par l’auteur pour les Céphalopodes est très original et brillant, mais rend difficile de s’y attacher (c’est un très bon concept mais ça rend difficile de raconter une histoire dessus).

Néanmoins c’est un très bon roman : on a de nouveau plein d’idées très inventives, un petit twist horrifique assez réussi avec le fonctionnement de l’intelligence sur Nod, pas mal de points sur les difficultés de communication et de traduction entre deux espèces radicalement différentes. Ça donne à la fois l’impression d’être une suite et une version alternative du premier tome : si on prend les mêmes prémices, mais qu’on modifie l’espèce élevée et quelques autres paramètres, comment les choses peuvent-elles partir dans une direction totalement différente ? (Petit bémol d’ailleurs sur le personnage de Disra Senkovi, qui est sympa à lire mais pour lequel on a l’impression de lire un Kern-bis dans le côté génie incompris). Le fait d’avoir des questions de terraformation, de premier contact, de transhumanisme et d’interface vivant-machine, de catastrophe écologique, en fait un roman très complet.

Le fait de l’avoir lu juste après le dernier tome des Wayfarers par contre met en évidence qu’on est sur une écriture beaucoup plus « masculine » : même si l’auteur décrit les émotions des personnages par moment, on est beaucoup moins dans le ressenti et beaucoup plus dans l’épique. On a pas de discussions posées autour d’une table où les protagonistes goûtent des spécialités des différentes espèces, par exemple. La conclusion du roman ouvre cependant la porte à un univers hopepunk du même style que les Wayfarers, c’est intéressant de voir le shift (et je me prend à rêver d’une très improbable collaboration entre les deux auteurices).