Tous les articles par Machin

Better Watch Out, de Chris Peckover

Film étatsunien de 2016. Dans une petite ville tranquille des États-Unis, Ashley va faire un dernier babysitting chez les Lerner avant Noël puis son départ pour l’université. Mais un intrus tente de rentrer dans la maison, transformant le babysitting tranquille en une bataille pour la survie.

Le film est un hommage (explicite) à Maman j’ai raté l’avion, mais avec un twist : déjà, largement plus de violence que l’original, et la vraie menace se révèle ne pas être l’intrus qui tente d’envahir le foyer. Sans être incroyable, c’était rigolo à voir, le côté un peu inventif de certains dispositifs mis en place par les personnages marche bien (même si ça reste léger, c’est pas le niveau de McGyver de Maman j’ai raté l’avion), et si l’acteur qui joue Luke est un peu trop âgé pour le rôle, il joue quand même très bien le gamin un peu dérangé.

Medusa, d’Anita Rocha da Silveira

Film brésilien de 2021. Mariana vit dans une communauté évangélique. Avec les autres jeunes femmes du groupe (les Précieuses), elle prend soin de garder une apparence physique impeccable, réaliser des tutos beauté chrétiens, et de glorifier le Seigneur et le pasteur charismatique à la tête de leur église. La nuit, elles arpentent les rues de la ville pour tabasser des femmes qui se déplacent seules et enregistrer des vidéos où ces dernières déclarent leur repentir. Mariana cherche a retrouver la première femme qui avait été attaquée par leur groupe, une actrice qui a été défigurée avec de l’essence. Elle pense avoir retrouvé sa trace dans une clinique pour patients en coma profond où elle se fait recruter.

On me l’avait présenté comme un film d’horreur mais c’est pas exactement ça. Y’a des éléments qui s’en rapprochent mais finalement c’est plus un film qui parle d’oppression (patriarcale, fasciste, religieuse, un super trio gagnant) sans vraiment mobiliser les codes de l’horreur. Il y a une forme de réalisme magique, et on voit surtout la vie dans une forme de secte qui se crée son propre récit sur le monde.

Intéressant parce que c’est chouette de voir du cinéma de genre pas européen ou américain, mais pas totalement abouti.

La Subsistance au quotidien, de Geneviève Pruvost

Essai de sociologie paru en 2024. La chercheuse est allée en observation sur le terrain et les activités de Florian et Myriam, deux boulangers-paysans qui vivent avec leur fille Lola dans une yourte sur des terres qui leur appartiennent dans un département français non-spécifié (l’introduction de l’ouvrage explique que toutes les personnes et lieux ont été pseudonymisés pour éviter que la focale sur les communautés alternatives présentées ne risque d’attirer sur elles une répression sous une forme ou une autre (sans parler de contrôle policier, l’attribution des terres par la SAFER local aux exploitants agricoles non-conventionnels est déjà assez compliquée). Sur deux séjours de 3 jours, la chercheuse passe à la loupe toutes les activités des deux adultes, mène des entretiens avec eux et de nombreux membres de leur entourage, et mène une démarche d’ethnocomptabilité : elle mesure les temps, les valeurs pécuniaires ou non, les réseaux de relation, les trocs, dons et contre-dons… Le bouquin est composé du récit chronologique des deux séjours reconstitué depuis les notes de la chercheuse, de tableaux d’ethnocomptabilité et d’une partie qui tente de dégager des structures et des éléments généralisables depuis le terrain mené.

C’était très intéressant à lire, la première partie se lit vraiment comme un récit de vie, c’est très abordable pour des résultats de recherche. J’avoue avoir un peu survolé les tableaux (notamment parce qu’ils s’affichaient mal sur ma liseuse, une question de matérialité de l’exemplaire I guess), la troisième partie est aussi assez instructive sur la question de l’articulation luttes frontales/luttes feutrées (NDDL vs des collectifs qui rachètent des parcelles agricoles pour faire du bio pas de supermarché, vendre en circuit direct et vivre dans des yourtes, en gros), l’intrication des activités dans ce genre de mode de vie, la répartition genrée du travail (pas égalitaire, mais largement moins pire que dans d’autres configurations).

Recommandé.

All About Eve, de Joseph L. Mankiewicz

Film étatsunien de 1950. Margo est une actrice de théâtre au faîte de sa carrière, mais qui craint le passage du temps. Elle rencontre une de ses fans, Eve, qu’elle prend sous son aile. Mais Eve se révèle être une forme de coucou : elle manigance pour devenir la doublure de Margo, tente de séduire son fiancé de se faire attribuer le prochain rôle écrit pour Margot par son ami scénariste. Mais les manigances d’Eve vont se heurter à la solide amitié entre Margot et ses amis, et elle va finir par tomber sur plus fort qu’elle en la personne du critique de théâtre Addison de Witt qui est aussi le narrateur du film…

C’était très bien. En plus de l’intrigue principale et des rôles très bien joué par les actrices qui les porte il y a en arrière-plan une réflexion sur le monde du théâtre – et quelques piques envers Hollywood et le monde du film – et toute une réflexion sur le vieillissement des actrices et les rôles qui leur restent. Bette Davis est incroyable en Margo, diva du théâtre prête à faire des crises à tout le monde, le rôle d’Ève en jeune première aux dents incroyablement longues est très réussi aussi. En second rôle la gouvernante sassy de Margo est super aussi. Les rôles masculins sont un peu moins marquants, il sont un peu plus supporting cast sympathique, excepté Addison qui fait un excellent méchant presque Disneyien, la figure du critique à la plume trempée dans du poison a un petit côté Ratatouille, avec en plus des manigances en arrière plan à la Scar.

Recommandé si vous aimez le théâtre et les gens qui se disent ingénus mais qui ne sont pas du tout ingénus.

Verdens verste menneske (Julie en 12 chapitres), de Joachim Trier

Film norvégien de 2021. Julie est une femme qui n’arrive pas à savoir ce qu’elle veut. Elle change trois fois de cursus pendant ses études. Dans une soirée elle rencontre Aleks, 15 ans de plus qu’elle et dessinateur de BDs. Elle commence une relation avec lui, qui va se poursuivre pendant plusieurs années. Puis un jour elle le quitte pour un homme rencontré dans une soirée de mariage où elle s’est incrustée. Puis apprenant qu’Aleks a un cancer incurable, elle va reprendre contact avec lui, sur un mode amical. Pendant tout ce temps, elle vit d’un petit boulot dans une librairie sans réussir à se consacrer comme elle le souhaitait à sa carrière de photographe.

Le côté tranche de vie /portrait de relations humaines fait très cinéma scandinave. Mais j’ai trouvé que le film portait un regard très hétéro patriarcal sur son héroïne. On ne voit que les relations de Julie avec ses partenaires romantiques (masculins). Elle n’a pas de relations amicales, on ne voit ses relations familiales que par le prisme de ce qu’en pense ses compagnons. Je comprends bien que l’idée est de nous montrer une personne qui n’arrive pas à faire ses propres choix et se laisse porter par les choix des personnes importantes dans sa vie, mais ça pourrait être montré aussi via d’autres relations que des relations romantiques.

Mais sinon, c’est bien filmé, la scène de la rupture avec Aleks est très bien rendue, la scène où toute la ville est figée pendant qu’elle court retrouver Eivind est assez réussie aussi.

Jules et Jim, de François Truffaut

Film français paru en 1962. Jules et Jim sont deux amis. L’un est autrichien, l’autre français. Ils vivent à Paris avant la Grande Guerre. Ils rencontrent Catherine, qui part vivre avec Jules en Autriche. Lors de la guerre, les deux amis sont mobilisés chacun d’un côté du conflit. Après la guerre ils reprennent leurs échanges, et un triangle amoureux se met en place, de façon consensuelle. Mais Catherine n’est en définitive satisfaite de sa relation ni à Jules, ni à Jim.

J’ai bien aimé, le rythme du film est assez particulier, avec une voix off qui lit des extraits du roman dont il est adapté pour donner des informations supplémentaires, le ressenti des personnages. De jolis plans, notamment la séquence où iels vont se balader autour d’un lac dans la brume. Bon par contre l’histoire est un peu d’époque, même si ça représente une relation libre ça représente aussi une meuf assez névrotique.

Nobody wants this, d’Erin Foster

Comédie romantique parue en 2024. Joanne (Kirsten Bell) est une californienne qui gagne sa vie en enregistrant un podcast avec sa sœur, qui parle de sexualité. Noah est un jeune rabbin qui a mis fin à ses fiançailles. Les deux vont se rencontrer et avoir un coup de foudre l’un pour l’autre, par dessus leurs différences culturelles.

C’était une bonne série romantique. La chimie entre les deux persos fonctionne, il y a des rebondissements pas trop clichés, les persos secondaires (les losers siblings notamment, la relation aux parents) sont réussis. Pas une série inoubliable, mais une réussite pour une série de vacances.

EDIT S2 : Toujours aussi efficace. L’histoire avance peu (pour les 2 personnages principaux toute la saison tourne autour de la question de si Joanne va se convertir, ce qui était déjà pas mal le sujet de la S1, même si les intrigues des personnages secondaires avancent davantage). C’est pas évident de faire tenir une romcom dans la durée donc félicitation aux scénaristes pour ça, et en même temps je me faisais la réflexion que pour une série « réaliste » c’est vraiment le plus truc le plus dépolitisé possible (en tous cas dans les trucs que je regarde) : tout le monde est beau et vit dans la lumière dorée de Californie dans de jolies maisons, y’a pas un mot sur la politique (et franchement quand un des points clefs de l’histoire c’est des gens à la fois californiens et juifs, c’est assez étrange de ne parler ni de la politique US ni de celle d’Israël – même historiquement d’ailleurs, le judaïsme n’est abordé que par rapport aux traditions, pas un mot sur la Shoah, c’est vraiment le judaïsme version brightest timeline)

Nero, d’Allan Mauduit et Ludovic Colbeau-Justin

Série française de fantasy produite par Netflix, parue en 2025. L’action se passe dans une région présentée comme le sud de la France mais avec des villes fictives, dans un Moyen-Âge de fantasy. Néro est un assassin au service du consul de la ville de Lamartine. Trahi par son employeur qui le livre à une sorcière, il va devoir se rapprocher de sa fille qu’il avait abandonné à l’orphelinat, et entreprendre un voyage avec elle et d’autres compagnons imposés jusqu’à la ville sainte de Ségur, où l’archevêque pourra leur expliquer pourquoi Néro et sa fille sont poursuivis par ladite sorcière.

La série était initialement une adaptation du roman Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski. Effectivement, on perçoit la parenté dans les premiers épisodes, avec la position politique du consul de Lamartine et la place de Néro à ses côtés pour réaliser les basses-œuvres. L’œuvre diverge néanmoins assez rapidement, pour ressembler à la formule de The Last of Us, avec une relation de parentalité qui se développe au cours d’un voyage dans des terres désolées.

On est sur de la fantaisie grand public. Exit le Panthéon spécifique inventé par Jaworski pour le Vieux Royaume qui est ici remplacé par la Chrétienté – avec cependant au cœur des enjeux de l’œuvre une hérésie : les Pénitents. Vu la localisation revendiquée dans le sud de la France, ils peuvent évoquer les cathares, mais version war boys de Fury Road, à la fois pour le maquillage blanc et le côté sacrifice de parties corporelles/rapport décomplexé à la mort. On est aussi sur une série qui donne un langage et des postures très contemporaines à ses personnages, malgré l’environnement de fantasy moyenâgeuse. Couplé à un jeu d’acteurs qui fait un peu parfois théâtral, ça peut donner une impression étrange : même si les décors sont très beaux il y a parfois un côté « les figurants traînent en arrière-plan, pour faire leurs petites occupations de figurants » (moins vrai sur les derniers épisodes tbh).

Néanmoins, ce n’était pas désagréable à regarder, le mélange d’influence finit par fonctionner. Si l’errance dans le désert lasse un peu, l’arrivée à Ségur change les décors et les enjeux. Il y a une petite vibe christique aussi bien pour Néro – présenté sans cesse comme un corps souffrant, là pour prendre des coups et encaisser – et pour Perla, qui porte la responsabilité de sauver le monde sur ses épaules. Le tout sur un arrière-plan de changement climatique – l’enjeu principal est une sécheresse persistante qui ruine la région, illustrée par les passages dans le désert, visiblement tournés dans des Corbières incendiées – qui favorise la montée de la pauvreté (les taudis sous les murailles de Ségur) et les conversions religieuses vers le récit eschatologique des Pénitents. Si pas mal de personnages secondaires sont esquissés sous forme d’archétypes, la thématique du changement climatique et celle du poids de la religion rajoutent quand même une petite profondeur.

Recommandé si vous n’avez rien contre Pio Marmaï qui cabotine ni de trop grosses attentes sur les reconstitutions historiques.

Donostia

Visite de la ville sur la journée, pendant un séjour à Biarritz sur le pont du 11/11. Balade dans le centre ancien, montée au château, consommation de pintxos (mais un peu la croix et la bannière pour en avoir des végés), chill sur la plage.

Plage de Donostia
Plage de Donostia, avec le téléphone qui a un peu craqué sur les couleurs
Vue sur l’entrée de la baie depuis le mont Urgull
Cathédrale du Bon Pasteur
Oeuvre d’art sur la façade de la basilique Santa Maria
tympan de la basilique Santa Mari