Tous les articles par Machin

Désirer à tout prix, de Tal Madesta

Essai français paru en 2022 chez Binge Audio Éditions. L’auteur revient sur son rapport à la sexualité et sur le fait que ce n’est pas quelque chose de naturel chez lui, mais qu’il n’est pas du tout le seul. Il conteste le fait de décréter qu’une sexualité satisfaisante et épanouie est la norme à laquelle tout le monde doit tenter de se conformer. Cette injonction à la sexualité, même présentée d’un point de vue féministe et sexpositif lui semble servir des intérêts capitalistes (on va vendre une quantité hallucinantes de sextoys, workshops sexo, sexothérapies, applis de rencontres… pour « aider » des gens à se conformer à cette norme potentiellement inatteignable : comme les injonctions sur les standards de beauté c’est un outil très efficace pour pousser à la consommation. On est sur une approche des corps et des trajectoires de vie comme des éléments à optimiser, on se rapproche des théories du biopouvoir de Foucault où ce que l’État et les structures de pouvoir cherchent à contrôler c’est les corps et les représentations mentales des gens) et évidemment hétéropatriarcale, les mecs cishets étant ceux dont la sexualité se rapproche déjà de base de cette norme (sans forcément l’atteindre).

L’injonction à la sexualité épanouie est évidemment renforcée dans le cadre du couple romantique hétéropatriarcal exclusif et cohabitant (le CRHEC, définitivement le concept fil-rouge de mes recensions d’essais en 2025), puisque c’est le flagship du système hétéropatriarcal : le « devoir conjugal » reste un motif de divorce dans la jurisprudence. Cette sexualité est d’autant plus valorisée que c’est celle qui reproduit l’ordre existant en renforçant l’exploitation sexiste et potentiellement en produisant des enfants qui seront élevés dans un cadre normatif.

L’auteur conteste qu’il y ait eu une révolution sexuelle : il s’est agit plutôt d’une intériorisation et individualisation des normes. La contraception par exemple n’est pas forcément une libération : la contraception orale implique une régularité dans sa prise, d’évoquer sa sexualité avec un.e médecin : ce n’est pas un relâchement du contrôle. La contraception permet aussi des corps tout le temps disponibles sexuellement.

Autres façon d’interagir : des foyers non basés sur des relations romantico-sexuelles (colocation, béguinages…), des amitiés, des familles choisies. Autres façons de ressentir du plaisir : des activités physiques non-sexuelles (escalade, course, cirque, autres sports …), du chant, la nourriture partagée, le tatouage (réapppropriation du corps), le contact physique non sexuel…

Le sujet est dans mes thématiques d’intérêt de l’année, pas de grandes découvertes lors de cette lecture, mais les éléments sont bien articulés, on suit bien la thèse de l’auteur, recommandé si vous vous intéressez au sujet.

Sew Torn, de Freddy McDonald

Film suisso-étatsunien de 2024. Barbara est une couturière qui vit dans une petite vallée suisse &tranquille. Elle tombe par hasard sur un règlement de comptes entre vendeurs de drogue. Elle hésite entre appeler la police, partir sans rien dire ou récupérer la valise d’argent sale. Le film va explorer successivement les trois options et le destin qu’elles promettent à Barbara. À chaque fois, elle va construire un dispositif élaboré avec du fil et des aiguilles pour tenter de se sortir d’une situation épineuse. Si on suspend son incrédulité sur la solidité du fil, c’est rigolo de voir ces espèces de machines de Goldberg en action.

Le film est bien joué, le contraste vendeurs de drogue menaçants et paisibles paysages suisses fonctionne bien. Le scénario n’est pas révolutionnaire mais est bien mis en scène, les divergences qui explorent l’arbre des possibles révèlent un peu plus de background à chaque fois.

Sympa à regarder.

Your Monster, de Caroline Lindy

Film étatsunien paru en 2024. Laurie est une actrice de musicals. Atteinte d’un cancer, elle est larguée par son partenaire, qui avait écrit une pièce dans laquelle elle devait avoir le rôle principal. Forcée de retourner vivre dans la maison de sa mère, elle découvre dans son placard un monstre, qu’elle avait connu dans son enfance. Une cohabitation va démarrer, Monstre poussant Laurie à ne pas accepter à sa situation et ne pas dire que tout est ok dans la façon dont Jacob l’a traitée.

C’était rigolo à regarder, mais sans être transcendant. Les acteurices jouent bien, le numéro musical est cool, mais le scénario est assez straightforward, on s’attend à une partie des retournements.

Londres J1

Weekend à Londres pour voir deux ami·es d’école. Grand beau temps, on a beaucoup marché, on a vu Hamilton, c’était super cool.

Premier jour solo pendant qu’ils bossaient, grande balade depuis Regent’s Park, Camden Road, Saint Pancras, le Barbican (très beau quartier brutaliste), Saint Paul, Fleet Street, Trafalgar Square, le quartier du Parlement, sieste dans un parc.

Regent’s Canal, Camden
Ecluse sur le Regent’s Canal, Camden
Construction construction construction (et différentes années)
Superposition de plan et de styles, première vue du Barbican
Barbican
Barbican, détail
Barbican encore
Le Barbican dans toute sa beauté brutaliste
Barbican
Barbican, la partie aquatico-végétale
Trafalgar Square depuis les marches de la National Gallery
Très cliché
Gros drapeaux
Le Parlement
Big Ben
Random bâtiment moderne que j’aimais bien
Plans brisés

Deux photos du second jour, quand on est allés se baigner à Hampstead :

Hampstead : cheminée
Hampstead : lampadaire

Le Combat des chefs, d’Alain Chabat

Série d’animation française parue en 2025, adaptation de l’album d’Astérix éponyme. C’était sympa de revoir une adaptation d’Astérix dirigée par Chabat, plein de petits trucs sympas dedans (la trouvaille de la mère de César, toute l’idée de la création d’un parc d’attraction pour préparer le combat des chefs, la résolution sans combat à la potion magique, les commentateurs sportifs…), mais en même temps c’était yet another adaptation d’Astérix, ça m’a pas non plus transporté plus que ça.

GLOW, de Liz Flahive et Carly Mensch

Série télé étatsunienne dont les 3 saisons ont été publiées de 2017 à 2019. On suit la création puis les premières années de diffusion du show (réel) Gorgeous Ladies of Wrestling, un programme mettant en scène des matchs de catch féminin. On va donc suivre les actrices du programme, au premier rang desquelles Ruth Wilder (Alison Brie), qui aspire à être une actrice reconnue, et ses relations compliquées avec Debbie Eagan, sa meilleure amie qui va aussi participer au show et avec Sam Sylvia, le directeur.

J’ai beaucoup aimé. La première saison met un peu de temps à démarrer, mais une fois qu’on est pris dedans c’est du binge-watching de qualité. Plein de perso féminins qui sont relativement développés (beaucoup pour les rôles principaux, un peu moins pour les secondaires, mais on a quand même des éléments de background et des storylines et personnalités définies pour une grosse partie des catcheuses. Le ton général est comique mais ça parle d’avortement, de racisme et d’homophobie, de pauvreté (c’est vite mis sous le manteau, mais pour la plupart des participantes c’était un peu le casting de la dernière chance), d’accident du travail, de culpabilité du survivant… Le rythme des trois saisons est très différents, la première prenant le temps d’installer les choses, la 2e étant sur un rythme « classique » et la 3e faisant de brusques saut dans le temps et introduisant rapidement des éléments avant de passer à autre chose (peut-être qu’il fallait boucler plein de lignes narratives), mais ça passe dans les 3 cas.

Même si c’est très fictionnalisé, c’est intéressant d’avoir une série sur l’envers du décor de la production d’un show, avec le côté rêve hollywoodien qui se craquelle – surtout pour un show dans la marge (le catch n’est pas un genre reconnu, les actrices échouent aux castings classiques – ce sont des cascadeuses, des petites mains du cinéma, des actrices de soap, pas des grands noms – le directeur n’a fait que des films de genre, le seul caméraman nommé vient du porno…), et l’aspect années 80 (très bien rendu de façon générale, mais notamment par le sexisme ordinaire de tous les personnages masculins même quand ils sont présentés comme des personnages positifs, notamment le personnage de Sam Sylvia, très très réussi).

Recommandé

Azrael, de E. L. Katz

Film vu lors de l’édition 2025 du Grindhouse Paradise(festival de films de genre toulousain).

Film étatsunien de 2024. 200 ans après le Ravissement, Azraël et son partenaire tentent de s’échapper de la communauté dans laquelle ils vivaient, une communauté perdue dans les bois dont les membres se sont enlevés les cordes vocales pour ne pas succomber au péché de Parole. Mais les membres de la communauté veulent les retrouver et les sacrifier aux Brûlés, des créatures humanoïdes et anthropophages qui rodent dans les bois. Azraël va se confronter à la communauté, réalisant que la seule manière de gagner sa liberté est d’en éliminer tous les membres.

Le film est quasiment sans paroles (y’a un perso qui parle en espéranto non traduit pendant environ 1 minute), ce qui est un choix assez fort. Y’a un côté post-apo (littéral vu que c’est après l’Apocalypse au sens biblique) un peu crado qui est cool, mais aussi un côté « on court beaucoup dans les bois » qui est moins enthousiasmant. Y’a un de mes pet peeves dans les films post-apo : un indice très fort que « l’apocalypse » a en fait été très localisée et que le reste du monde continue de fonctionner très bien. Bonne perf de l’actrice principale, des décors sympa, des effets spéciaux réussis (surtout sur la fin et le design du « bébé » – j’ai été moins convaincu par les Brûlés), mais un scénario qui est quand même assez éthique (c’est des boucles dans les bois autour de la communauté, quoi)/

The Rule of Jenny Pen, de James Ashcroft

Film vu lors de l’édition 2025 du Grindhouse Paradise (festival de films de genre toulousain).

Film néo-zélandais de 2024. Suite à un AVC, Stephan Mortensen, jusqu’ici juge, se retrouve dans une maison de retraite médicalisée. Elle est en dessous du standing qu’il voudrait, mais tous les établissements manquent de place en ce moment. Le juge se considère comme au dessus des autres résidents et interagit peu avec eux, considérant qu’il sera bientôt sorti, dès qu’il aura retrouvé l’usage de sa jambe droite (il est pour le moment en fauteuil roulant).
Stephan réalise rapidement qu’un des résidents terrorise tous les autres, et entend le faire lui aussi rentrer dans le rang. L’homme en question, Dave Crealy, se déplace toujours avec une marionnette thérapeutique – Jenny Pen – et force les gens à professer leur allégeance à la marionnette. Stephan tente de se rebeller contre Crealy, mais la dégradation de son état mental joue contre lui…

Très réussi. C’était assez intense étant donné que c’est de l’horreur « réaliste » : les forces inexorables contre lesquelles se bat le protagoniste c’est son déclin cognitif et le désintérêt de la société pour les personnes âgées (bon et puis Crealy en tant que local bully, mais c’est juste une surcouche finalement). Très bonne performance des deux acteurs principaux.

Recommandé avec un petit TW sur la violence psychologique et la vieillesse.

Dead mail, de Joe DeBoer et Kyle McConaghy

Film vu lors de l’édition 2025 du Grindhouse Paradise (festival de films de genre toulousain).

Film étatsunien de 2024. Dans les années 80s, un homme s’échappe d’une maison et dépose un appel à l’aide dans une boîte aux lettres avant d’être rattrapé par son geôlier. On va suivre la tentative du service postal de retrouver l’origine de l’appel à l’aide avant de voir en flashback comment l’homme s’est retrouvé prisonnier.

J’ai bien aimé. Y’a un grain de l’image particulier, et tout le film fait très d’époque, avec ses enjeux de créations de carte-son pour synthétiseurs et de suivi du courrier.

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