J’ai fini hier le dernier tome de Masqué, une bande dessinée de Serge Lehman. Enthousiasmé par le premier tome j’avais décidé d’acheter la série, mais j’avais été assez déçu par les tomes 2 et 3. Le quatrième renoue avec la formule du premier, et si le « Fin du premier cycle » qui termine la dernière case tient ses promesses, il va y avoir de belles choses à lire.
De quoi s’agit-il ?
Un militaire français, revenant d’une mission de six ans dans le Caucase, retrouve un Paris méconnaissable, transformé sous l’impulsion du préfet spécial chargé d’en faire une métropole de rayonnement mondial. Amené à côtoyer le préfet, le héros va se retrouver au cœur des évènements menant à l’apparition de surhommes dans la métropole…
Serge Lehman n’en est pas à son coup d’essai. De lui j’avais lu le Haut-Lieu, superbe recueil de nouvelles. Il est aussi à l’origine de la Brigade Chimérique, parlant de super-héros dans l’Europe des Années Folles. C’est dans la continuité de cette série que s’inscrit Masqué. Après une parenthèse de cinquante ans, les super-héros sont de retour en Europe.
Le projet est ambitieux. Pas dans l’histoire, où le scénariste n’a qu’à dire « abracadabra » pour avoir autant de surhommes qu’il veut. Mais ce que veut Lehman, c’est faire renouer la culture populaire européenne avec la figure du héros. Car il y a eu une tradition du héros qui a disparue. Des feuilletons tels le Nyctalope mettent en scènes des super-héros en 1911, bien avant que l’Amérique ne voit apparaître son boy-scout kryptonien.
Masqué est un manifeste. Émaillé de référence à ces héros vieux d’un siècle et de ceux qui agitent les pages des comics américains, (matériel Stark Industries, une photo de Superman…), il tente d’imposer une Nouvelle Mythologie à la BD française. Pas question de se complaire dans la dépréciation et le sarcasme si typiquement français, il est temps d’avoir des étoiles dans les yeux et de croire en son pays. Il est assez jouissif de voir le drapeau tricolore faire l’objet du traitement que l’on a l’habitude de voir réservé dans les cases de BD à la bannière étoilée.
Si Lehman parvient à insuffler un peu de cette fierté américaine dans les BDs de bonne vieille France, ce ne peut être qu’une bonne nouvelle.
[EDIT : relisant ça en 2016, je suis beaucoup moins convaincu par l’intérêt de faire refleurir le patriotisme en France… mais dans la BD c’est plus une reprise des codes du patriotisme US dans les comics, c’est porté par un personnage de militaire, ce n’est pas un véritable appel à une version française de ce patriotisme, et je ne pense pas que Lehman soit du genre réac, encore que ça faudrait le coup de vérifier]
« Un [étudiant] français, revenant d’une mission de six [mois] dans [la vallée du grand rift], retrouve un [logo] méconnaissable, transformé sous l’impulsion du [directeur] chargé d’en faire une [école] de rayonnement mondial. »
Toute ressemblance avec un blogueur existant ou ayant existé serait purement fortuite…