Small change trilogy, de Jo Walton

Tome 1 : Farthing

Enquête policière au sein d’une uchronie. En 1940 le groupe de Farthing, une faction du parti conservateur anglais, négocie une « paix honorable » avec Hitler. Pour le Royaume-Uni, la guerre prend fin en 1941. En 1949 où se situe l’action du livre, Hitler est toujours au pouvoir et le Reich et l’URSS sont toujours en guerre sur l’unique front à l’Est.

Lors d’une soirée à Farthing, un des membres du groupe est retrouvé mort. Scotland Yard dépêche un policier sur place pour enquêter. On suit deux points de vue, celui du policier, Carmichael, narré à la troisième personne, et celui de Lucy Kahn, héritière en disgrâce de la famille Eversley a qui appartient le manoir de Farthing.

J’ai beaucoup aimé ce tome 1. Les deux points de vue sont très réussis, ils enquêtent chacun de leur côté en s’attachant à des éléments différents – Lucy est l’héritière d’une société de classe, les questions de statut et de renommée sont cruciales à ses yeux, le policier s’en fiche et de plus les nobles du cercle se couvrent entre elleux du coup il n’a juste pas accès à certaines des infos que Lucy repère – même si elles sont annexes à la résolution du crime c’était assez intéressant de montrer ces points de vue partiels.

Autre point important, le contexte de l’uchronie est distillé au lecteur avec subtilité, pas de « comme vous le savez Burton, en 1941… ». Le fait de situer l’action parmi les acteurs de la divergence aide clairement, mais ça reste très réussi. La mise en scène des compromis(sions) de l’Angleterre avec le fascisme continental (et intérieur ?) est réussie.

Bref, recommandé, et je vais enchaîner sur la lecture du T2.

Tome 2 : Ha’penny

Moins convaincu que par le tome 1. L’action sur déroule explicitement quelques semaines après les événements du premier tome, mais on a l’impression par certains éléments d’arrière plans que quelques mois voire années se sont écoulés, j’ai l’impression que ça aurait mérité une bonne relecture pour bien cadrer ça, c’est un peu dommage. Il y a aussi moins l’effet « découverte du monde qu’il y avait dans le premier tome et qui participait beaucoup du plaisir. Le côté monde du théâtre et mise en scène de Hamlet est intéressante (j’ai beaucoup aimé le coup du casting genderswapped), mais aurait mérité d’être plus qu’un arrière plan (surtout que mise en scène de Shakespeare et tyrannie, y’a des précédents, que ce soit dans la culture générale avec Lubitsch ou dans le genre de l’uchronie avec Ruled Britannia). Ça reste sympa à lire, mais en terme de whodunnit et de rythme général c’est clairement pas au niveau du premier.

Tome 3 : Half a Crown

Dix ans après les événements des deux premiers tomes. Carmichael est désormais à la tête de la police politique du Royaume-Uni. On suit toujours son point de vue, et celui d’une nouvelle narratrice, Elvira, sa fille adoptive, élevée dans la gentry sans vraiment en faire partie, qui s’apprête à être présentée à la Reine en tant que débutante, pendant que le Royaume-Uni s’apprête à accueillir la grande conférence de paix qui réglera la question du partage du territoire de l’ancienne URSS entre le reich allemand et l’empire japonais. On retrouve un peu du rythme du premier tome, sur ce point je l’ai préféré au second. Par contre je suis un peu perplexe sur l’évolution du personnage de Carmichael, que l’autrice nous présente comme un gentil qui fait ce qu’il peut en sous-main, mais bon c’est quand même littéralement le chef de la Gestapo, quoi. Le livre arrive bien a présenter comment dans cet univers alternatif fasciste plein de trucs horribles sont discutés tout naturellement par les personnages, ça fait un peu cringer mais c’est volontaire. Mais je pense que ça aurait été intéressant d’avoir plus directement le point de vue de personnage moins dans des positions de pouvoir (typiquement Jacobson a l’air d’être un personnage vachement plus intéressant que Carmichael à ce stade de l’histoire). Un peu perplexe sur la fin aussi, qui d’un coup balaye toute la complexité des enjeux politiques pour basculer sur un début de happy end parce que [deus ex monarchie].

Globalement je recommande la lecture de la trilogie, mais c’est surtout le premier tome qui est vraiment réussi, petite baisse de régime ensuite.

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