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Zanzibar : Stonetown & Kidichi

Quatrième jour.

Réveillé vers huit heures, il fait déja chaud. Petit déjeuner à l’hôtel (fruits, saucisses et oeufs, ou le Commonwealth sous les tropiques). Consultation du Routard, je décide de partir vers Kidichi, ou un sultan aurait construit des bains à la turque pour Schéhérazade (eh oui, Zanzibar a été un sultanat et l’influence arabe s’y fait toujours sentir. 97% de la population est musulmane, notamment).
Daladala jusqu’à Bububu, petit village côtier (non, moi non plus je ne sais pas comment on fait pour décider d’appeler un village Bububu sans se sentir ridicule ; c’est le seul toponyme de l’île qui semble sortir des Teletubbies, les autres sont parfaitement normaux). Je décide ensuite de faire les trois kilomètres restant à pied plutôt que de reprendre un daladala : ça me fera faire un peu d’exercice et ce sera un peu plus fun. Visiblement je suis le seul touriste à avoir jamais fait ça, vu le nombre de regards étonnés et de début de conversations que j’ai eu (conversation sur le mode : « Jambo,why are you walking? -I like walking. -Yeah walking is good. Where are you going? -Kidichi Baths. -Yeah, it’s that way. XXX kilometers. Bye!« )
À un moment il se met à pleuvoir. Je me refugie sous l’auvent d’un magasin. A coté de moi, deux jeunes enchainent les parties de dames (qui semblent être le jeu national de Zanzibar). Pour plateau ils ont un bout de polystyrène avec les cases noires (enfin, bleues) coloriées au feutre, et pour pions des bouchons de bouteilles (précisons que les deux grandes marques d’eau de Zanzibar ont des bouchons respectivement blancs et bleus). C’est le jeu parfait, puisqu’une dame est clairement reconnue en retournant le bouchon, et que les pièces sont hyperfacilement remplaçable en cas de perte.
La pluie s’arrête, je repars. Arrivée aux ruines. Pas de guérite, de tarifs, de clôture, un mec dans le coin me dit qu’il va me faire visiter. Effectivement, il a la clef qui ouvre les bains. Dedans, une étuve. Je sue à grosses gouttes pendant qu’il m’explique dans un anglais qui glisse vers le swahili la fonction des différentes pièces. Nous avons vite fait le tour, il n’y a que trois pièces.
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Bains turcs, mal conservés

Bains turcs

Nous ressortons, je lui file 1000Tsh, je me pose au bord de la route pour attendre le daladala du retour. Un homme engage la discussion, me propose de goûter le jackfruit qu’il est en train de manger. C’est vachement bon. Un autre homme arrive. Sourire ravi quand je dis que je suis français : il est en train d’apprendre. Effectivement, il a dans les mains un manuel qui doit dater des années 50 et un cahier de notes ; je lui traduit les phrases qui restaient incompréhensibles (« Vos papiers, s’il vous plait » est la seule dont je me souviens : effectivement, hors contexte c’est un mystère parfait)

Jackfruit. Ça a la taille d’une pastèque.

Retour à Stonetown, errance sur le marché et achat de dattes, pour maintenant et pour ramener pour Noël. Déjeuner dans un restaurant indien. Hôtel, tentative de sieste mais il fait trop chaud :
À lire avec la voix de Bernard Lavilliers
23 décembre. Réfugié dans ma chambre d’hôtel à Zanzibar, j’écoute les gouttes de pluie se méler aux notes lancinantes de la guitare de Black Magic Woman. « Thank God for the rain« , comme disent les zanzibaris. Elle a chassé un peu de la chaleur implacable de l’après-midi. Un peu seulement, et sans le ventilateur qui agite les pans de ma moustiquaire, je serais incapable de bouger un membre. Sortir ? N’y pensons même pas. Si encore je n’avais pas mangé chez cet indien, je pourrais me trainer jusqu’au cybercafé pour consulter mes courriels un soda à la main, vaine tentative de récupérer les liquides perdus. Mais là, non, dormir est la seule solution.

Finalement, vers quatre heures, retour au cybercafé. J’enchaine les sodas et les pages web. Puis passage à la plage, mer toujours aussi turquoise. Diner dans un italien, retour à l’hôtel armé d’une bouteille d’eau.