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Anora, de Sean Baker

Film étatsunien paru en 2024. Ani travaille dans un club de striptease. Elle y fait la rencontre d’un riche héritier russe, Ivan, qui lui demande de venir chez lui. Ivan est incroyablement riche et a tout juste 21 ans, il est trop content de pouvoir coucher avec Ani. Il va l’entraîner dans sa vie hédonistique et lors d’une virée à Las Vegas, lui demander de l’épouser. Mais lorsque la nouvelle de ce mariage parvient aux parents d’Ivan en Russie, ceux-ci sifflent la fin de la récréation pour leur fils. Ani va se retrouver confrontée aux hommes de main des parents, qui vont la forcer à les accompagner à travers New York pour retrouver un Ivan qui a disparu à l’annonce de l’arrivée de ses parents aux États-Unis.

Globalement c’est un conte de fées inversé qui rencontre un film de mafia : Ani, même si elle est réaliste sur le monde, pense avoir trouvé le prince charmant qui va lui faire accéder au monde des ultra-riches (elle cite explicitement Cendrillon quand elle mentionne vouloir faire sa lune de miel à Disneyworld). Mais Ivan va se révéler sacrément défaillant, il est effectivement le prince héritier d’un royaume mafieux, mais qui fuit ses responsabilités. C’est elle qui va devoir errer à travers le pays (=Manhattan) à la recherche du prince soudainement disparu et qu’elle retrouvera sous l’emprise d’un mauvais sort (=totalement torché). C’est lui qui dispose de 3 fées-marraines, sous la forme de Toros, Garnik et Igor (et je pense que c’est tout à fait volontaire de la part de Sean Baker de nous faire rencontrer initialement Toros pendant qu’il a le rôle de parrain lors d’un baptême : c’est à la fois un parrain au sens mafieux du terme et au sens du conte de fée). On a même le carosse qui se change en citrouille avec le vol à Las Vegas en jet privé à l’aller, en classe économie au retour.

Et pendant qu’Ani se croit dans ce narratif de conte de fée, les trois parrains qui l’accompagnent eux savent très bien qu’ils sont dans un film de mafia : ils ignorent les règles, agressent les gens, utilisent la force pour arriver à leurs fins. Ça reste un film « comique » : on est pas sur de la mafia ultraviolente, et ils ont un petit air de pieds nickelés dans leur recherche d’Ivan. Mais le décalage des tons peut être malaisant : ce que Ani vit – à juste titre – comme une agression quand Igor l’empêche de partir et la ligote, pour lui c’est un mardi ordinaire dans les conventions de son monde, et il ne comprend pas qu’Ani soit traumatisée.

Globalement j’ai bien aimé, y’a de la nudité féminine assez gratuite (certes ça commence dans un club de strip-tease, mais il pourrait y avoir la nudité d’Ivan qui contrebalancerait, hors on ne voit qu’Ani nue), mais sinon c’était globalement bien – peut-être un petit peu long – et c’était très bien filmé.