Drame social français de 2020 (sorti en 2022, covid oblige). Vincent Lindon joue Phillipe Lemesle, cadre qui dirige un site de production français d’une multinationale de l’électroménager, chargé par la direction du groupe de planifier un n-ième plan social. Pour lui c’est le plan de trop, celui qui risque de mettre en danger le fonctionnement du site. En parallèle, sa vie personnelle est chaotique, sa femme demandant un divorce, et son fils subissant des épisodes psychotiques.
Globalement j’ai aimé, Lindon est très bon dans le rôle comme il l’était dans La Loi du Marché du même réalisateur. Mais c’était inégal : j’ai trouvé l’arc narratif en milieu professionnel plutôt réussi, avec une bonne mise en scène du milieu du management, des pressions qui s’exercent sur les cadres, de la novlangue managériale. Les différents personnages, notamment les différents directeurs de site et leurs interactions sont réussis. La dilution de la responsabilité, la mise à distance du côté humain, les procédés rhétoriques sont réussis. Tout le côté « oui c’est compliqué mais c’est ce que le groupe attend de nous » sans remettre en question qui attends ça, les arguments sur le fait de « se challenger », ça sonne très juste.
Par contre côté vie personnelle j’ai trouvé les rebondissements et les enjeux très clichés, allant beaucoup trop chercher dans le pathos, avec une bande-son qui ne fait pas dans la dentelle pour faire passer le message. Et là on est largement moins dans l’ambiguité du manager : le personnage est un brave type, alors que franchement il y avait de quoi dire sur l’intersection de la culture managériale, de l’appel au dépassement et à la domination des situations avec la masculinité et le patriarcat.