Archives de catégorie : Paris, banlieue Sud.

La Nuit a dévoré le monde, de Dominique Rocher

Un film de zombies se déroulant à Paris :) Un homme s’endort dans une chambre au cours d’une soirée. Le lendemain, il constate qu’il semble être la seule personne n’ayant pas été transformée en zombie dans tout Paris. Il organise sa survie dans un immeuble haussmannien.

J’ai beaucoup aimé. Le film se concentre sur comment le protagoniste gère sa vie dans cet environnement. Un film de zombies intimiste, en quelques sortes. Peu de scènes d’actions et de moment épique, on est plus dans le huis-clos et les clairs obscurs, l’organisation d’une vie en dehors de toute forme de sociabilisation. Quelques incohérences, mais peu, et en contrepartie des scènes très réussies, notamment la scène où il se débarasse des corps de ses ex-voisins.

Je recommande.

Affiche du film

Affiche du film

Le Grand Paris, d’Aurélien Bellanger

Du même auteur, j’ai lu La Théorie de l’Information, que j’avais bien aimé.

J’ai été un peu déçu par Le Grand Paris. J’ai beaucoup aimé le début qui parle de génie du lieu, d’esprit des villes (sur ces deux premiers points, et spécifiquement sur ces points appliqués à Paris je rapprocherais ce livre de Masqué, de Philippe Lehman et de La Conjuration, de Philippe Vasset), d’urbanisme et d’une enfance et d’une jeunesse de droite. Je trouve ça très bien réalisé, difficile de savoir quel est le point de vue de l’auteur, qui sembler glisser des éléments autobiographiques dans son personnage mais garde cependant une distance avec son personnage « ravi de la droite ».

J’ai été moins enthousiasmé par la description des années Sarkozy et la cuisine interne de la politique de la droite française. Ok le Grand Paris est un objet éminemment politique, mais le livre s’égare un peu dans tout ça. Si le récit de la campagne et de la fabrication de la stature présidentielle de Sarkozy est intéressante (et ô combien transposable à Macron), le récit s’enlise après la sortie de l’état de grâce. Ça tourne un peu en rond, on ne comprends pas trop ce que l’islam vient faire là dedans avec tant d’insistance. Globalement le bouquin est intéressant, mais je suis resté un peu sur ma faim du prisme urbaniste du début que je m’attendais à voir revenir et être développé davantage.

L’analyse pas mise en forme de MNL, qui m’avait recommandé le bouquin :
tldr: c’est à la fois vachement intéressant si tu le lis comme un essai, par moments vraiment bien écrit d’un point de vue stylistique, et vachement perturbant en tant que roman.
Le premier truc qui me frappe c’est que c’est tellement typique de la « littérature de mecs ». Genre, le type passe littéralement 500 pages à t’expliquer des trucs sur Paris, les années 2000, la droite, l’urbanisme, l’islam, etc ; ya aucun personnage féminin dont le narrateur-héros ne tombe pas amoureux ; et surtout ya vraiment zéro intérêt pour la psychologie et, de manière générale, pour les personnages, ou les dialogues
c’est vraiment fou comme tendance quand on compare à, je sais pas, Duras ou aux fanfictions : ya vraiment une scission sur la question du sentimental versus les questions politiques et sociétales qui sont abordées plus par les auteurs masculins.
C’est pas surprenant, mais là pour moi c’est vraiment l’archétype du truc poussé à son plus haut degré et en fait ça participe de la bizarrerie du bouquin en tant que roman :
D’un côté, c’est assez original parce que c’est un traitement « à l’ancienne » de sujets ultra modernes. il te parle des émission d’Ardisson ou de La Haine, mais façon Balzac. Et ça c’est assez cool ; les pages d’analyse sur des phénomènes vachement récents et l’actualité des années 2000, sur le Loft et autres sont vraiment parmi les meilleures
D’un autre côté, et j’ai entendu des critiques dans ce sens, on peut dire que c’est à peine un roman : l’intrigue est minimale, les quelques effets de surprise ne sont pas du tout exploités, tout est en première personne et ya pas de dialogues, seulement quelques monologues qui se baladent, mais l’immense majorité du bouquin ce sont des sommaires (= des récits de période longue, par opposition à raconter une scène précise action après action) et en fait c’est vraiment vachement inhabituel, je pense que c’est assez rare. Enfin je ne sais pas, y’a des auteurs qui font plus ou moins ça, ça correspond à la forme du journal (type Mémoires d’Hadrien de Yourcenar) et c’est un peu l’idée ici
Sauf que comme c’est pas du tout tourné vers l’intime, et que t’as aucune empathie avec les personnages (genre yen a littéralement aucun qui est sympathique ou même incarné, à vrai dire), ça sonne vraiment comme une forme d’encyclopédie poétique de la ville. De ce point de vue là, c’est extrêmement austère comme texte, et je pense qu’il faut s’intéresser pas mal aux questions traitées pour aimer (mais je pense que c’est ton cas, sur l’urbanisme et sur Sarkozy et la droite en générale). D’où l’idée que le mec ferait mieux d’écrire des essais que des romans, vu qu’il sait des milliards de trucs et que souvent tu te dis que ce qu’il raconte est vachement intelligent (mais pas toujours-toujours non plus, le problème c’est que c’est ambigu, j’y viens)
SAUF qu’en fait je pense que le type sait très bien ce qu’il fait et qu’il a besoin de la subjectivité du roman pour pouvoir raconter ce qu’il raconte sur Paris et sur notre époque, et c’est ça qui rend le roman très perturbant d’un point de vue idéologique : c’est raconté par un mec de droite, globalement, avec plein de choses qui sont présentées comme des révélations sur la nature de la ville, l’islam, la politique, mais qui émanent clairement d’un point de vue de droite, et en plus un point de vue de droite méchamment barré, de mon point de vue. Genre, tous les personnages sont à moitié chelou-mystiques, ce qui crée vraiment une ambiance apocalyptique sur la plupart des sujets. C’est vachement vertigineux parce que je me suis renseignée et je crois que l’auteur est vraiment un intellectuel de gauche lambda, donc je ne crois pas qu’il adhère à ce que son personnage raconte. Mais c’est vraiment troublant parce que le type a son age, les mêmes initiales, et raconte à la première personne.
C’est marrant parce que, dans les interviews que j’ai lues, personne ne tique sur l’aspect idéologique du roman (qui sort quand même quelques trucs un peu fous). Alors je ne sais pas si c’est parce que je suis une gauchiste obsessionnelle incapable de sortir de moi-même (mais pas encore assez gauchiste pour P8, pour autant) et que le type est très fort pour écrire d’un autre point de vue que le sien. Après je pense que ça se veut non-réaliste y compris sur ce que pourrait être un point de vue de droite, à cause de la composante mystique de la narration. mais d’un autre côté il présente vachement la droite comme une pensée décadentiste/apocalyptique et ça ça peut être vrai, donc si ça se trouve on est vraiment dans la tête de l’ennemi, ce qui fait que le roman est assez ambigu idéologiquement : tu as les outils pour lire les choses contre le narrateur, mais il sort quand même aussi des trucs très intelligents donc c’est pas clair. Enfin ça m’a troublée au point que j’ai du aller vérifier les idées de l’auteur, c’est quand même un peu une preuve d’échec de mes capacités d’analyse mais c’est ptêtre aussi le signe que c’est réussi, je sais pas. En tout cas ça m’a vraiment intriguée ; c’est peut-être parce que je lis jamais d’auteurs contemporains à part la fanfic, mais j’ai trouvé ça super atypique
Après le mec écrit bien, ya des comparaisons géniales par moment, d’autant plus que ça porte sur des trucs vraiment modernes traités de manière littéraire, mais le gros défaut c’est qu’il ressasse : tu peux pas lire ça par sessions de 4h, parce que c’est vraiment des pages et des pages de comparaisons mystiques sur l’essence de la ville et sur l’histoire de Paris, et le roman pourrait être bien plus court ; de mon point de vue ya de vraies longueurs. Mais enfin, je pense que ça t’intéressera quand même, et ça fait réfléchir. En plus ça contient des infos super trippantes sur paris, et ça donne même envie de visiter/ faire de l’explo urbaine sur des trucs, donc…

Saint-Ouen

Trajet de nuit en vélo qui passait par Saint-Ouen. Le coin est plein de chantiers éclairé par des projecteurs blancs intenses et d’immeubles vieillissants baigné de néons au sodium, c’est joli dans son style urbain particulier. Particulièrement quand la chaussée a été mouillée par la pluie et que la lumière se reflète dedans, mais c’était pas le cas ce jour-là (« Eh bah. »)

Chantier de la ligne 14
Vélo et vapeur
Feu de signalisation et vapeur
Sculptures abstraites
Route et vapeur
Chantier et route

La Défense encore

J’ai un peu délaissé l’appareil photo ces derniers temps (il fait moche, je travaille jusqu’à ce qu’il fasse nuit, j’ai une flemme d’ordre générale), du coup les recensions culturelles envahissent le blog. Bon, c’est bien aussi, mais j’étais content de poster des photos.

Voici donc (pour la troisième fois après ici et ici, mais sous encore un autre aspect) des photos de la Défense, qui occupe un peu trop de ma vie en ce moment.

Bassin Takis, de jour

Voitures et tours

Bassin

Conglomérat de tours

Bassin Takis

Bouche d’aération de l’autoroute souterraine, décorée d’une mosaïque immense

Femme

The Last Days of New Paris, de China Miéville

Une novella se déroulant dans un Paris alternatif en 1950. Un Paris isolé du reste du monde par les forces d’Occupation nazies, qui veulent à tout prix éviter que les manifestations incarnés des œuvres surréalistes qui ont envahi Paris en 41 ne contaminent le reste du monde… C’est court mais c’est dense à lire en anglais parce que la prose de Miéville n’est pas aisée et que c’est bourré de références surréalistes. C’est sympa et carrément original.