Série télé étatsunienne de 2021. On suit la vie de quatre adolescents qui vivent dans une réserve indienne et qui s’y ennuient sacrément. Ils veulent partir en Californie, et réunissent de façon souvent illégale de l’argent pour payer leur voyage. Au delà des quatre personnages principaux, on suit la vie quotidienne de la communauté native-américaine dans la réserve, sous la forme d’une comédie. La série traite du mal-être des jeunes en milieu rural et visiblement encore plus dans les réserves native-américaines et des relations familiales. Les acteurs sont très bons dans leur rôle et c’est intéressant de voir un mode de vie différent – pas tant dans le côté « des amérindiens si exotiques » (même s’il y a des éléments spécifiques à la culture amérindienne) que « l’Oklahoma rural et son ennui profond ». Le décentrement du regard est réussi (scène très rigolote où deux texans blancs passent devant les personnages principaux de l’épisode en ne disant que « Taxes. Gay agenda. Return on investment! » et autres mots clefs). J’ai bien aimé l’inclusion d’éléments fantastiques en lien avec les traditions amérindiennes sans que l’on sache quel statut ils ont réellement : les visions de Bear, les souvenirs de la Deer Lady de Big, le rituel antitornade d’Uncle… C’était intéressant de les présenter comme des idiosyncrasies des personnages, aussi : si ses potes posent des questions à Bear sur ses visions (ce qui est un peu miné par la nature des visions avec son guerrier un peu tocard), Big et Uncle ont l’air un peu tout seul dans leur vision du monde, ce n’est pas présenté comme un paradigme (oui je sors tous mes grands mots dans cette critique) partagé par tous les personnages.
Bref, c’était cool, pas prise de tête et original, je regarderai avec plaisir la S2.
Saison 2
Une saison 2 un peu plus lourde émotionnellement. On parle beaucoup plus de deuil : celui de la mère d’Elora, de sa grand-mère, et surtout, celui de Daniel. Autant pendant la première saison le suicide de Daniel était juste un élément de l’arrière-plan commun des héros, autant dans cette saison l’enjeu du travail de deuil que doivent faire les personnages est beaucoup plus présent. Les visions des ancêtres sont davantage partagés entre différents personnages : la mère de Daniel, Bear toujours, Uncle, Elora avec sa grand-mère. On voit aussi toujours la vie de la communauté au delà des héros : la vie des femmes qui travaillent pour l’Indian Health Service (dont la mère de Bear), une aventure de Big avec Kenny Boy.
C’est toujours aussi bien, ça remue davantage émotionnellement. Les acteurices sont tou.tes très bon.nes.
Saison 3
Dernière saison. Bear se retrouve isolé du groupe lors de leur retour de la Californie et a un long voyage de retour où il rencontre un ancien habitant de la réserve, ainsi que la Deer Lady : globalement la série prend le temps de davantage nous parler des générations précédentes sur la première partie de la saison, avec tout un épisode qui se passe lors de la jeunesse de Fixico, Mabel et cette génération (les grands parents des héros habituels, donc). Elora envisage de partir au collège, Willie Jack se rapproche d’Old Man Fixico pour apprendre la médecine traditionnelle, Bear continue à travailler dans le BTP, sa mère envisage de prendre un job à Oklahoma City : on arrive à la fin de l’adolescence des personnages principaux, qui deviennent des jeunes adultes, le groupe s’éparpille un peu.
Globalement, bonne durée de série, des personnages réussis qu’on voit évoluer sur les trois saisons et qu’on lâche avec un petit pincement au coeur.
Je recommande.