Ouvrage édité par la CNT. Les auteurices retracent l’origine du mot (arrivé dans la langue française depuis le serbo-croate à la faveur des expérimentations yougoslaves sur le sujet), et les différentes origines du concept. Iels présentent l’autogestion comme une troisième voie, ni capitalisme néolibéral, ni étatisme totalitaire. Pour elleux, la libération des travailleurs ne peut pas passer par le fait de s’emparer des structures de pouvoir actuel, il doit y avoir leur renversement, et pas seulement dans le sens renversement de l’État bourgeois pour mettre un État ouvrier à la place (la dictature du prolétariat), juste renversement de l’État et être vigilant.e.s sur le fait qu’une autre structure hiérarchique ne se remette pas en place sur ses ruines. « Tout le pouvoir aux soviets », en somme.
Pour en arriver là, il faut des organisations qui dans leur fonctionnement sont déjà autogérées, parce qu’une organisation hiérarchique (ou hétérogérée, comme iels disent) ne va pas réussir à mettre en place l’autogestion : si elle a les travers de l’hétérogestion en elle, elle ne va pas en sortir magiquement.
Toujours pour les auteurices, le type d’organisation à privilégier pour cela est le syndicat, mais un syndicat qui 1/ réussit à rester révolutionnaire, ce qui implique de refuser de cogérer l’existant avec le patronat et l’État, et donc de ne pas accepter certains postes de pouvoir, la mise en place du « fonctionnarisme syndical », faire tourner les postes… Et aussi un syndicat de branche, et non pas d’entreprise : si le but et que le syndicat à terme gère la production par lui-même et se pose des questions sur l’utilité et la réorientation de ladite production, mieux vaut un syndicat qui dépasse une entreprise donnée, sous risque de trop s’attacher à cette entreprise.
Le livre détaille ensuite des expériences d’autogestion divers : le fonctionnement de la CNT elle-même, un local associatif nantais, la ZAD de NDDL, les communautés zapatistes, le Kurdistan syrien, les écoles populaires kanak… (ça ne rentre pas trop dans les détails à chaque fois mais ce sont de bonnes introductions au sujet).