Get Out x Les Chasses du comte Zaroff
Film étatsunien sorti en 2024. Dans un cocktail, deux serveuses sont invitées par un PDG milliardaire à les accompagner sur son île privée. Là bas, c’est fête non-stop dans un cadre paradisiaque, mais au bout d’un moment elles n’arrivent plus à savoir depuis combien de temps elles sont là, et sans arriver à mettre le doigt sur quoi, elles ont le sentiment que quelque chose ne va pas bien du tout.
C’était pas un désastre, surtout pour un premier film, mais il manquait quelque chose (spoilers ci-dessous).
Deux points un peu ratés pour moi :
- Le rythme du film : on a une première partie très longue d’installation, qui commence avec le meet cute de Frida et Slater, continue avec l’arrivée sur l’île, et se perd dans la présentation en détail de la vie de rêve sur l’île. On a quelques éléments discordants dedans comme le passage « Red rabbit », ou quelques glitchs sur l’image, mais il n’y a pas de montée de la tension, et c’est trop long pour quelque chose qui est quand même principalement de l’exposition. Du coup les choses explose d’un coup, on passe de « tout va bien » à « tout est atroce » quand Frida se rappelle de ses nuits.
- La critique du patriarcat : ça y va vraiment avec de gros sabots. On passe de « tout le monde est courtois » à « en fait sur son île le PDG milliardaire organise des viols collectifs chaque nuit et drogue toutes les meufs pour qu’elles l’oublient chaque matin, avant de recommencer ». On est en plein procès des viols de Mazan, ce qui démontre très tristement que la partie pas crédible de la phrase c’est « sur son île le PDG milliardaire ». On a un système patriarcal qui est présenté comme l’apanage de circonstances exceptionnelles (l’isolement sur l’île, une drogue magique, les moyens financiers de Slater King – et dans le reveal, la shock value de passer de « tout va bien » à un souvenir de viol montré graphiquement renforce le côté monstrueux/exceptionnel), alors que ça arrive tout autant à Mazan, Vaucluse, et dans la continuité de tout un patriarcat « ordinaire ». Get Out semble être une des références directes de Zoé Kravitz, mais je trouve que sur le sujet du racisme, Peele mettait mieux en scène ce continuum du racisme entre des éléments réalistes et les éléments horrifiques du film.
Du côté positif, toute la partie île paradisiaque et fête non-stop est bien filmée, avec de belles couleurs (mais ça clashe d’autant plus avec le twist).