La ville au plafond de verre, de Romain Delplancq

Roman de fantasy français paru en 2023. Korost est la capitale économique des Trois Terres, dont la richesse est assise sur la maîtrise des techniques de forge de l’arnoire par la classe bourgeoise. Ce métal, correctement forgé, est capable de réagir à la lumière du soleil pour produire de l’énergie alimentant des machines. Mais Korost est aussi la cité des verriers, ces ouvriers qui soufflent les ouvrages permettant de canaliser la lumière du soleil vers les mécanismes d’arnoire. Et les verriers, rassemblés en soviet velast, en ont assez de ne récupérer que des miettes de la richesse de la ville. On va suivre le destin de trois personnages de trois classes sociales différentes qui vont traverser les troubles politiques et militaires d’une cité en pleine révolution industrielle.

J’ai beaucoup aimé, et ça vaut le coup de le lire sans en savoir davantage.

Divulgachâge ci-dessous

L’auteur présente un univers très dense, et nous balance dedans sans trop de préparation ; c’est un peu ardu au début, mais récompensant sur la fin. Comme dans beaucoup de bonnes œuvres, un élément satisfaisant est de réaliser que l’on ne voit qu’une petite partie, déjà passionnante et avec ses propres histoires, d’un univers beaucoup plus vaste (je pense à Mars Express ou pour rester dans la fantasy, Le Vieux Royaume). Ici, on a une facilité de scénario mais qui marche bien : les Korostois sont suffisamment imbus de leur ville et d’eux-mêmes pour ne pas s’intéresser au reste du vaste monde. C’est ainsi que la guerre avec les Jumelins leur tombe un peu dessus au dernier moment alors que de nombreux pays sont déjà tombés sous leurs visées expansionnistes. Mais même au delà de ça certains personnages clefs évoquent par ellipse des choses qui ont l’air assez cruciales pour elleux (qu’est-ce réellement qu’un Hurleur, notamment ?).

Politiquement, ça ne pouvait que me plaire : on a une fantasy industrielle très réussie, qui parle de façon non caricaturale de lutte des classes, et qui s’appuie sur un épisode historique passionnant (avec un énorme indice dès le début du livre que j’aurai totalement dû remarquer, mais ça n’a rendu les choses que plus plaisante à découvrir progressivement). J’ai trouvé le style pas incroyable au début (mais c’était compensé par le développement de l’histoire), mais sur la fin j’étais happé dedans, l’auteur réussit très bien à faire monter l’intensité émotionnelle (comparaison évidente en termes de structure mais dans un autre média : Firewatch – mais aussi la fin des Furtifs avec la bataille de Marseille), avec une accélération du tempo des événements (sans que ce soit le classique « nos héros doivent sauver le monde entier »).

Enfin, je trouve que la révélation (qui n’est pas tant un plot-twist qu’un paradigm-twist, pour le dire de la façon la plus pédante possible) est à la fois un peu forcée (c’est pas très crédible que le secret ait tenu aussi longtemps, même avec les éléments sur les mesures qui ont été prises pour le garder) et super intéressante dans le fait que ce soir finalement un univers où (masqué à nouveau parce que spoil du cœur de l’intrigue)

Bref, grosse recommandation, même si faut le temps de rentrer dedans et si la fin fait pleurer.

2 réflexions sur « La ville au plafond de verre, de Romain Delplancq »

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