Baba is You, the novellization
Premier tome : Foundryside
Roman de fantasy sorti en 2018. L’histoire se passe à Tevanne, siège des quatre compagnies marchandes qui dominent le monde depuis un peu moins d’un siècle, depuis leur redécouverte d’un langage magique dont l’écriture permet d’enchanter des objets pour que les règles fondamentale de l’Univers s’appliquent différemment à eux : basiquement, l’univers a un code-source et ce langage permet de définir des variables locales en lieu et place des constantes. Ce langage est fort complexe, et produire des effets perceptibles est difficilement envisageable sans disposer des moyens d’une grosse organisation : ainsi la production d’objets Enluminés est réservée à ces quelques compagnies, qui en on profité pour asseoir leur domination.
On suit principalement Sancia, une voleuse qui va découvrir un artefact antique Enluminé d’une puissance incroyable, et va se retrouver prise dans un complot aux multiples ramifications, comme tout bon personnage opérant aux frontières de la loi dans ce genre de livre.
J’ai vu comme commentaire dans une autre revue que c’est un bouquin de cyberpunk avec un habillage fantasy, et je trouve ça assez vrai : toutes les thématiques du cyberpunk sont effectivement là, à commencer par les multinationales au pouvoir démesuré. L’univers proposé est réussi, et même s’il y pas mal d’exposition, j’ai trouvé que ça fonctionnait bien. Le fonctionnement de la magie est une part importante de l’univers, et s’il est original et intéressant, j’ai quand même trouvé que par moment il fait vraiment trop code informatique – soit il va y avoir des révélations sur le fait que les persos sont dans une simulation à un moment, soit c’est un peu bizarre. Mais bon, c’est un défaut assez mineur, et par ailleurs y’a un côté trippant à voir l’auteur et les personnages être très rationnels sur les usages que ça implique, notamment en terme de méta.
L’intrigue du bouquin est réussie (une classique David contre Goliath, et à mi-bouquin « we take the fight to them ») et il n’y a pas de temps morts. Les personnages sont réussis, notamment l’héroïne, même si elle est par moments un peu trop héroïque, et elle a une backstory originale et qui apporte des éléments pertinents au bouquin. J’ai bien aimé les personnages secondaires mais ils sont quand même très archétypaux, un peu plus de profondeur psychologique n’aurait pas fait de mal. Un travail d’édition plus poussé non plus, parce qu’il y a des lourdeurs ou des répétitions par moments, ce qui est dommage pour un bouquin qui présente un univers bien complexe, la narration aurait gagné à être plus limpide.
Globalement une bonne surprise et une recommandation. Le tome un est traduit en français, le deux est déjà sorti en anglais, et le trois est encore à paraître.
Second tome : Shorefall
L’intrigue se passe toujours à Tevanne. Sancia, l’héroïne, reçoit un avertissement de Valéria, l’IA qu’elle avait libéré à la fin du tome précédent : le créateur de Valéria a été ressuscité et il va tenter d’utiliser les ressources de Tevanne pour asservir de nouveau Valéria et l’utiliser pour exécuter ses desseins. Sancia et ses alliés vont tenter de contrecarrer cette menace, tout en se méfiant de Valéria qui semble avoir aussi ses propres pions à pousser.
J’ai été beaucoup moins enthousiasmé que par le premier tome. Déjà ce tome n’est pas self-contained, c’est la moitié d’une histoire qui se terminera dans le trois, rien n’est résolu à la fin. Ensuite les personnages sont vraiment squelettiques, le livre est totalement tourné vers l’exécution des plans des différentes factions et leurs usages astucieux de l’Enluminure. La partie sur le jumelage des esprits était intéressante mais pas poussée suffisamment. Et le passage sur la technologie qui peut servir à contrôler aussi bien qu’à connecter pour le coup fait très naïf.
A voir ce que donnera le troisième tome, mais pour le moment je recommande de lire le tome 1 comme un standalone.
Une réflexion sur « The Founders Trilogy, de Robert Jackson Bennett »