Le récit des trajectoires de plusieurs familles d’une vallée minière de la Lorraine, qui s’entremêlent durant 4 étés, en 1992, 1994, 1996 et 1998. On suit surtout les péripéties quotidiennes de trois adolescents du coin, Anthony, Hiacine et Steph’, alors qu’ils grandissent dans le désœuvrement qui caractérise la région. Anthony et Hiacine sont deux fils de familles pauvres, l’un blanc l’autre maghrébin. Steph’ est la fille d’une famille riche. On voit la reproduction sociale s’opérer sur eux, on voit les galères de leurs familles, l’emprise de l’alcool et des jobs de merde, la facilité du trafic de drogues et la galère qu’est la vie dans une région désinsdustrialisée pour les familles ouvrières, les petits arrangements quotidiens.
L’écriture en quatre partie étalées sur 6 ans permet de montrer les évolutions de trajectoire, les déviations puis retour dans la norme. Au delà des ados que l’on voit évoluer de leur 14 à 20 ans, on voit aussi les trajectoires de leurs parents, surtout la famille d’Anthony et un peu le père de Hiacine. On voit aussi le cercle social des trois personnages les plus mis en avant, qui ont des destins similaires à eux mais avec leurs idiosyncrasies. À lire en venant d’un milieu plus favorisé et urbain, y’a un petit côté mauvaise conscience du style « purée j’ai bien de la chance d’avoir échappé à ça ». Le fait de focaliser la narration sur les étés, les moments où l’ordinaire de la vie de l’année est suspendue est intéressant, ça permet d’en faire des sortes de parenthèses où le champ des possibles s’ouvre, où celles et ceux qui sont parti-es faire des études ou travailler loin de la vallée y reviennent ponctuellement et croisent ceux et celles qui ne sont jamais partis.
Je recommande si vous aimez le réalisme social.
2 réflexions sur « Leurs enfants après eux, de Nicolas Mathieu »