The Power, de Naomi Alderman

Well well well, beaucoup à dire. Déjà, c’est un roman de science-fiction que je recommande. Si vous aimez lire des livres sans en savoir rien, arrêtez vous ici de cette critique et allez lire le livre.

Hors donc, c’est un roman de science-fiction féministe, fort intéressant. Dans notre monde, les filles arrivant à la puberté développent soudainement la capacité d’envoyer de puissantes décharges électriques, comme les anguilles. De plus, ce pouvoir peut être transmis aux femmes plus âgées, dont la capacité était dormante, mais s’avère exclusivement féminin. Un bouleversement des structures genrées de la société se met en branle, inexorablement.

Le livre alterne entre les points de vue d’une demi-douzaine de personnages, et via l’un d’eux qui est journaliste international, couvre les bouleversements à l’échelle du monde entier. Ça donne une structure intéressante qui m’a rappelé en parti World War Z, même si c’est moins choral ici. De plus, il y a un paratexte avec les échanges fictionnels entre deux écrivain.e.s dont l’un fait lire son manuscrit (le roman) à l’autre, en le présentant comme un roman historique. Pour le coup le procédé me rappelle Le Livre de Cendres, en ce qu’il permet de donner une perspective plus large aux évènements du roman en donnant des indications sur ce qui a pu se passer après la fin de l’histoire. De plus il permet une rupture de ton, une réflexion méta sur le contenu du livre et des clins d’œil appuyées à la lectrice avec des références aux stéréotypes sexistes actuels. Le tout fait suffisamment bien et légèrement pour qu’on ne sente pas un gros « wink wink, regardez je fait du méta » de la part de l’autrice.

Le livre lui-même explore habilement les thèmes de la structure de la société, du lien violence physique/assurance/pouvoir, des changements de paradigme, des liens pouvoir/sexualité et pouvoir/religion (pas sur la même échelle). Il se permet aussi une réflexion sur la nature du travail de recherche et d’interprétation historique, assez bien fichue.

Seul bémol, j’ai trouvé que la fin allait trop vite (les dictatures ne passent pas soudainement une loi qui restreint aussi massivement les droits de toute une partie de la population, elles font ça quand même plus progressivement (wink wink la France sous l’État d’urgence). Enfin, je ne connais pas assez bien l’histoire des totalitarismes, ça se trouve ça arrive, mais à la lecture j’ai pas trouvé ça très crédible.
Et certains personnages ont des changements de personnalités qui paraissent un peu gros (la scène de la Maire dans le palais de Tatiana, elle a quand même vécu toute sa vie dans un cadre patriarcal et tout d’un coup…) Enfin, l’étendue des pouvoirs d’Eve peut paraître un peu cheatée mais pourquoi pas.

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