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Soul, des studios Pixar

L’anti-Whiplash.

Joe Garner est un pianiste de jazz. Enfin, il voudrait l’être, il est surtout prof de musique dans un lycée de New York. Pour des raisons que je ne spoile pas, il décroche l’occasion de sa vie, mais ne pourra s’y rendre que s’il réussit à coopérer avec un sidekick surnaturel qui découvre la vie sur Terre et ce qu’est une existence humaine.

C’était très beau, surtout les séquences sur Terre, il y a quelques plans d’ensemble dont on a l’impression qu’ils sont là pour dire « oui, on peut faire ça en animation », mais ça marche super bien. Point de vue esthétique, j’ai été moins enthousiasmé par les séquences extraterrestres. J’aime beaucoup l’idée du design des Jerrys, mais le reste de l’environnement était peu varié en terme de couleurs (c’est probablement pour contraster avec les séquences terrestres, mais du coup elles en souffrent défavorablement).

Du point de vue intrigue, c’est un peu le même distinguo : tout ce qui se passe sur Terre est cool, la vie quotidienne de Garner et comment la présence et le regard de 22 lui font reconsidérer les choses est très bien fait. C’est pas forcément super original, mais ça marche, c’est bien mis en scène, c’est porté par une super bande-son. On a des séquences dans le milieu du jazz, qui se penchent sur les questions de passion et d’obsession, on a un fil thématique sur l’enseignement et la transmission : ce sont des thèmes qui étaient présents dans Whiplash mais là on a des professeurs bienveillants et une passion qui n’est jamais en lien avec l’idée de compétition. Un même sujet, traité totalement différemment.

L’intrigue métaphysique qui justifie la présence de 22 par contre, ça aurait pu être n’importe quelle autre raison, on s’en fiche un peu tbh, pourtant ça prend une part importante du film, ça aurait pu être expédié plus rapidement.
Niveau humour c’était globalement réussi tout du long, je suis bon client de ce type d’humour je pense mais les situations sont bien amenées.

Globalement un bon film, impressionnant du point de vue technique, avec quelques séquences un peu trop longues mais une belle histoire. On est un peu dans l’inverse d’Inside Out pour l’intérêt des séquences réalistes/métaphysiques.

Whiplash, de Damien Chazelle

Film primé au festival de Sundance, qui décrit la relation malsaine entre un prof abusif et un élève dans un conservatoire new-yorkais.

J’ai bien aimé le film, avec quelques réserves : un peu d’outrance parfois, un film avec un focus très étroit (les autres élèves sont évoqués au début mais très vite écartés pour se concentrer sur la seule relation Fletcher/Carl, ie un affrontement d’ego entre deux mecs hétéros blancs) et des injures racistes/homophobes un peu gratuites (ie, à mon sens, elles dressent surtout un portrait de l’abuseur comme « oh regardez, il dit des horreurs, c’est un méchant ». Les autres aspects par lesquels il est abusif (souffler le chaud et le froid, provoquer des confidences pour savoir sur quels points faibles appuyer, sont plus intéressants et réalistes à mon sens). Mais j’ai trouvé intéressant la façon dont Carl se laisse facilement prendre au piège de son prof, va lui même couper ses relations et donc faciliter son isolement et sa dépendance aux jugements de Fletcher, se positionner lui aussi dans cette optique de compétition. Le film montre aussi que toutes les justifications de Fletcher sont des conneries : tenter d’humilier Carl devant un parterre de critiques n’est qu’un abus de plus, qui ne permettrait en rien de le motiver pour devenir « le prochain Charlie Parker ». Il est donc exposé pour l’ordure qu’il est et il me semble que le film est assez inambigu sur ce point. Par contre, il laisse en suspens la question de savoir si Carl va retomber dans cette relation abusive et de comment il va évoluer lui. J’ai beaucoup aimé aussi la bande-son (jaaaazz) et la photographie du film.