Archives de catégorie : Longs métrages

Behold, a pale horse, de Fred Zinnemann

Film hollywoodien de 1964. Une partie de l’action du film se déroule à Pau et a été tourné sur place, à la base je l’ai regardé parce que j’étais curieux de voir à quoi ça ressemblait. Le film parle de Manue Artiguez, une figure fictive des franc-tireurs se battant contre le coup d’État franquiste lors de la guerre civile espagnole. 20 ans plus tard, Artiguez vit en exil à Pau. Le fils d’un opposant politique tué par la Garde Civile espagnole vient lui demander de revenir en Espagne tuer Vinolas, le capitaine de la Garde de San Martin. En parallèle, Vinolas apprend que la mère d’Artiguez, malade, vit ses derniers jours, et mets en place une souricière autour de l’hôpital pour tuer Artiguez quand il viendra la voir.

Le film est intéressant en ce qu’il montre des figures ambigües : Artiguez est vu comme un héros par les Républicains, mais on est 20 ans après ses exploits, il n’a plus cette image de lui-même. Le gamin intrépide ment pour essayer de forcer la main du héros. L’allié d’Artiguez est un ivrogne. Le prêtre est peut-être la figure la moins ambigue, mais Artiguez le considère longtemps comme un ennemi, l’Eglise étant du côté du franquisme. J’ai globalement bien aimé, par contre les rôles féminins sont ultra clichés et quasi inexistants, ça c’est un peu dommage (mais bon, 1964).

Call me by your name, de Luca Guadagnino

Film de 2017. En 1983, Elio 17 ans, est en vacances dans la maison de famille en Italie. Oliver, un doctorant d’une trentaine d’années qui travaille avec son père les rejoint pour les vacances. Entre l’adolescent et l’adulte, une relation romantique et sexuelle va lentement s’établir.

J’ai assez peu aimé. Je trouve la romance qui forme le cœur du film assez toxique. Il y a une forte différence d’âge entres les deux protagonistes, Elio est montré comme assez vulnérable, cocooné par ses parents et fasciné par Oliver, Oliver est montré comme manipulateur et soufflant le chaud et le froid. Et euh bon, on peut montrer des relations toxiques et faire quelque chose d’intéressant (cf Whiplash), mais là je trouve pas que ce soit le cas, c’est un peu trop romanticisé pour moi (je contraste aussi ça avec un arc narratif de Bojack Horseman où il y a un peu le même genre de relation, mais la série montre très bien en quoi c’est pas du tout ok)

Par ailleurs, c’est quand même un film qui montre des gens très bourgeois et confortables matériellement, dans leur grande maison, avec leur domestique qui les sert à table, pas mal en train de se gargariser de leurs signes extérieurs de culture et richesse, dans l’ensemble les personnages sont assez peu sympathiques, et les femmes ne servent pas à grand chose et sont juste un arrière plan.

Bref, je ne comprends pas trop pourquoi il a été encensé par la critique.

They Live, de John Carpenter

Film de science-fiction de 1988. Un ouvrier acquiert par hasard des lunettes lui permettant de voir la propagande dissimulée dans la publicité et les extraterrestres dissimulés parmi la classe dominante.

C’était un film emblématique des années 80s que je voulais voir depuis longtemps. Superbe intro, super musique. Une scène de bagarre incroyable. Un sous-texte (enfin un surtexte, il est très peu subtil) de lutte des classes. Un personnage féminin intéressant. Par contre clairement trop de flingues et de tentatives de régler les problèmes avec.

Je recommande, c’est un truc à avoir vu.

La Terre et le Sang, de Julien Leclercq

Film d’action sorti par Netflix ce mois-ci. Le butin en cocaïne du braquage d’une gendarmerie est confié par un des braqueurs à son frère réticent, qui le planque dans la scierie où il est en réinsertion. Le commanditaire du braquage débarque avec son gang à la scierie pour récupérer la drogue.

Le film dure 1h20, c’est bien, je trouve qu’on fait trop peu de films concis ces temps-ci. J’ai trouvé les images très belles. La scène d’ouverture dans la voiture sous la pluie est très réussie. Les plans sur le travail à la scierie avant que l’action ne débarque sont super aussi. De façon générale le lieu est très bien filmé, c’est cool d’avoir ce genre d’endroits rarement filmés à l’écran.
Par contre je trouve que ce n’est pas très bien joué, surtout au début ; une fois que la tension prend il n’y a plus trop de dialogue, et c’est surtout ça qui péchait. Le seul rôle féminin ne sert pas à grand chose, ça c’est dommage. Un point scénaristiquement intéressant c’est que les dealeurs tentent par deux fois de négocier la situation, c’est le patron de la scierie qui choisit de régler la situation par la violence. Mais à part ce point, les personnages de dealeurs sont assez clichés.

Globalement, plein d’éléments intéressants, mais il manque un truc pour que le film prenne vraiment.

Under the Skin, de Jonathan Glazer

Assez contemplatif. C’est un film de science-fiction mais assez low-key. Une créature qui à l’apparence d’une femme parcourt les rues de Glasgow et les routes d’Écosse dans un van, drague des hommes et les capture. Au bout d’un moment elle dévie de son pattern. C’est filmé avec lenteur, c’est assez joli, par contre je trouve la symbolique de la femme à la fois prédatrice et sans agency propre assez nulle.

Star Wars IX : The Rise of Skywalker, de JJ Abrams

C’était… chiant. J’ai fini par regarder le film en x1,5 parce que je voulais quand même savoir ce qui se passait mais que j’étais vraiment saoulé par le déroulement de l’histoire. Y’a pas de construction des personnages, y’a 4000 retournements de situation ce qui fait qu’on a zéro enjeu qui crée de la tension, dont tous les morts qui reviennent à la vie et font des trucs. Y’a yet another menace de destruction de planètes comme dans les trois précédents, encore plus puissantes que les fois précédentes. Eh bah c’est super.

Les gens se baladent toujours d’un bout à l’autre de la galaxie en 5 minutes pour voir le village unique d’une planète entière (sérieusement, l’ensemble de la Galaxie tient sur la carte de Breath of the Wild, c’est vraiment mal dimensionné). Trop de persos secondaires, de lignes narratives introduites et aussitôt jetées. C’est du scenario design by committee.
Y’a des trucs très jolis visuellement par contre (l’Empereur raccordé à une machine, les ruines de l’Étoile de la Mort), mais ça n’en rend que plus frustrant le grand n’importe quoi scénaristique.

Bref, je ne recommande pas.

Vivarium, de Lorcan Finnegan

Film fantastique de 2020, sur l’aliénation que représentent la vie pavillonnaire et la cellule familiale nucléaire. Il y a 50 ans, ça aurait été particulièrement subversif. Donc bon, le fond du film me laisse perplexe, mais visuellement c’est plutôt réussi. Un couple visite une maison-témoin dans un lotissement tout juste construit. L’agent immobilier les plante là, et ils se rendent compte qu’il leur est impossible de sortir du lotissement. Ils se résignent à habiter là, et remplissent leurs journées comme ils peuvent. La représentation du lotissement comme pile dans l’uncanny valley est assez réussi. Tout est parfait et immuable, les maisons sont toutes identiques, les nuages ressemblent tous à des nuages, le soleil est toujours radieux.

Sympa mais sans plus.

El Hoyo, de Galder Gaztelu-Urrutia

Film de science-fiction espagnol. Un homme se réveille au sein du Trou, une structure carcérale consistant en un empilement d’étages où vivent à chaque fois deux personnes. Chaque jour, une table descend à travers les niveaux, et chacun se nourrit à son tour. Si les premiers niveaux se gavent, rapidement la table est vide… La métaphore sociale n’est pas ultra subtile, mais le film est bien réalisé, et visuellement réussi. Y’a une forte vibe Transperceneige.

Free Solo, de Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi

Documentaire sur l’ascension d’El Capitan, une paroi rocheuse de 900m à mains nues et sans dispositif de sécurité, par Alex Honnold.

Le film montre la préparation d’Honnold, sa pratique de l’escalade, sa relation à ses proches et sa compagne, sa relation avec l’équipe de tournage. On voit ses incertitudes sur ce projet, la peur de son entourage et celle des réalisateurs, inquiets que la présence des caméras soient une pression supplémentaire sur le grimpeur et qu’ils se retrouvent à assister à et filmer sa chute et sa mort. C’est intéressant en terme d’autoréflexivité, c’est impressionnant en terme d’escalade. On voit Honnold tenter l’ascension une première fois et renoncer à un quart du parcours, ne le sentant pas, avant de retenter quelques mois plus tard et finalement réussir.

Un point sur lequel je suis ambivalent est qu’Honnold n’est pas très sympathique. Le film montre clairement qu’il est totalement dévoré par la passion de l’escalade, qu’il fait tout passer après, et qu’il a du mal avec les relations interpersonnelles et la communication, ce n’est pas mis sous le tapis. Mais en même temps, vu que le sujet principal du film est son exploit sportif, il est assez héroïsé par le dispositif du film, du coup c’est difficile de voir si le film a une position là-dessus.

Perso j’en suis sorti en me disant que ok c’était très impressionnant comme exploit, mais qu’il aurait mieux fait de ne pas le faire, pas dans ces conditions, avec ces impacts sur son entourage. Et euh, faut clairement qu’il réfléchisse à la place qu’il laisse à sa compagne dans sa vie.