Tous les articles par Machin

Shining Girls, de Silka Luisa

Série télévisée états-unienne de 2022. Elisabeth Moss joue la survivante d’une tentative de meurtre dans les années 90. Depuis la tentative de meurtre, son environnement change parfois autour d’elle, de petits détails ou des pans entiers de son passé. Quand un meurtre au modus operandi similaire au sien a lieu, elle fait équipe avec le journaliste couvrant le sujet, pour tenter de démasquer le tueur et de trouver un sens à ce qui lui arrive.

J’ai bien aimé. En huit épisodes, ça forme un polar efficace, ancré dans les années 90s, avec des personnages principaux réussis. Le côté journaliste alcoolique qui enquête sur les meurtres que la police classe trop hâtivement fonctionne bien. Les éléments métaphysiques sont bien amenés, le fait de ne pas tenter de les expliquer est réussi aussi. Elizabeth joue bien un perso à la Elizabeth Moss. Le meurtrier avec ses pouvoirs surhumains et son comportement ultracreepy avec les femmes m’a rappelé Kilgrave dans Jessica Jones.

Je recommande si vous voulez un polar sans prétentions.

What remains of Edith Finch, du studio Giant Sparrow

Jeu vidéo publié en 2016. On explore à la première personne la maison familiale des Finch, une famille dont on est le dernier membre vivant. L’architecture de la maison est exentrique, avec des étages empilés précairement les uns sur les autres et des passages secrets dans tous les sens. Au fur et à mesure de l’exploration, du texte qui s’affiche en surimpression sur le monde et des minijeux nous font découvrir la vie des différents membres de la famille.

J’étais attiré par les côtés « maison à l’architecture étrange » et « saga familiale », mais j’avoue que j’ai été un peu déçu par le jeu, qui est certes joli, mais surtout un walking simulator où l’on ne fait pas grand chose de plus qu’avancer.

La Longue Route, de Bernard Moitessier

Livre français de 1971. Il s’agit du journal de bord de Bernard Moitessier lors du trajet en solitaire qu’il effectuera de Plymouth à Tahiti en passant par les caps de Bonne-Espérance, Leeuwin, Horn, Bonne Espérance et Leeuwin. Pas d’erreur de copier-coller, il s’agissait bien d’1,5 tour du monde. Parti pour un tour du monde à la base (la première édition du Golden Globe), Moitessier décide de ne pas remonter vers Plymouth mais de continuer à naviguer, puisqu’il se sent bien sur la mer et qu’il a des provisions en quantité suffisante. Une décision assez radicale puisque femme et enfants l’attendaient à terre, et qu’il n’avait aucune nouvelle d’eux (ni de grand monde, sa radio étant visiblement assez peu disserte).

J’ai beaucoup aimé le récit. C’est accessible même sans rien connaître aux bateaux, Moitessier raconte la succession des jours, les conditions météos variables, son état d’esprit et sa santé physique et mentale, le quotidien de la veille sur un bateau, l’entretien qu’il en fait, les accidents qui surviennent, les interactions avec les animaux marins. Perso ça me donne envie d’aller parcourir le GR10, mais votre réaction peut varier selon relation personnelle à la Nature et à l’appel des grands espaces.

Randonnée aux étangs de Bassiès, 2e jour

Seconde journée de la randonnée aux étangs de Bassiès. Départ du refuge, montée sur les crêtes pour une boucle jusqu’à la voiture. On a croisé un troupeau avec deux bergers, trois patous et deux chiens rabatteurs vers la fin de journée, on est restés loin. Retour à la voiture à 18h et quelque, puis retour sur Albi.

Brèche
Vue depuis les crêtes – étang de Garbet au premier plan
Le col et son plateau
Les teintes automnales sont déjà là…
Retour sur le plateau de Coumebière

Randonnée aux étangs de Bassiès, 1er jour

Randonnée avec bivouac aux étangs de Bassiès, en Ariège près d’Aulus-les-Bains. Un endroit où j’ai réalisé être déjà allé, mais pas dans la même configuration. Là on était 3, P. et C. et moi. Départ du plateau de la Coumebière. Première journée assez courte car on a mis énormément de temps à se mettre en route, nuit sous tente, seconde journée bien longue. Très beau temps tout du long.

Abreuvoir
Premier plateau
Vue sur les étangs depuis le col de Bassiès
Depuis le refuge

The Bone Shard Daughter, d’Andrea Stewart

Roman de fantasy publié en 2020, premier tome de la série The Drowning Empire. L’histoire se passe sur un archipel composé d’îles mouvantes. L’Empire des Sukais règne sur cet archipel. Il y a longtemps, la magie du premier Sukai a permis de vaincre les Alangas, des créatures mythiques qui régnaient sur les humains. Les Alanga ne sont plus qu’un lointain souvenir, mais l’Empire collecte toujours un éclat d’os du crane de chaque sujet : ces éclats d’os sont utilisés pour animer des constructs, des machines magiques qui gèrent l’Empire, et qui seraient théoriquement une ligne de défense contre le retour des Alangas. On suit 4 points de vue : Jovis, un contrebandier qui va se découvrir d’étranges pouvoirs, Sand, une esclave sur une île isolée, Phalue, la fille du gouverneur d’une île opulente, et Lin, la fille de l’empereur.

Je n’ai pas été enthousiasmé. La prémisse est intéressante, mais les personnages ne sont pas passionnants, on voit venir pas mal de révélations de loin, et le style n’est pas fou. On passe pas un mauvais moment à le lire, mais c’est un roman de fantasy tout à fait quelconque.

Théorie du drone, de Grégoire Chamayou

Un bouquin qui part d’une approche philosophique pour réfléchir à comment l’usage des drones de combat transforme la notion de guerre, de combats et de soldats.

L’idée principale est que les drones transforment la guerre, d’une guerre asymétrique à une guerre unilatérale. Or le principe de la guerre, ce qui la fonde en droit comme un espace particulier où l’homicide est légal, c’est qu’il y a une relation de réciprocité : on peut tuer parce qu’on peut être tué. Si un des côtés est inatteignable, ce n’est plus la guerre, c’est des assassinats ciblés. On ne peut pas se réclamer du droit de la guerre dans ces conditions, ni même s’en réclamer moralement.

Du coup, l’usage des drones vient avec toute une modification de ce qui est vu comme les valeurs de l’armée : Ce qui est considéré comme la bravoure ce n’est plus de mettre en tant que soldat son intégrité physique en jeu, c’est d’accepter les troubles psychiques que l’activité de tuer à la chaîne peut provoquer. Ce qui était à l’époque de la guerre du Viet-nam vu comme un argument contre les conflits militaires devient un élément réclamé par l’armée comme la preuve de la valeur des troupes.

Une autre modification, pas forcément causée par les drones mais qu’ils accompagnent, est l’intolérabilité pour les pays occidentaux de voir des morts dans leur camp. Le corolaire, c’est que l’usage de drones ou d’une force disproportionnée, s’ils permettent d’éviter les morts occidentaux, deviennent acceptables même s’ils s’accompagnent d’un plus grand risque de tuer des civils du camp adverse. Alors que la protection des civils est dans le droit normal de la guerre primordial, la division ne se fait plus entre civils et militaires mais entre les nôtres et les autres, selon un prisme bien nationaliste. Pour le justifier moralement, on en vient à considérer que tous les civils participent finalement un peu au combat, comme appui plus ou moins lointain des combattants adverses.

Le traitement automatisé des quantités astronomiques de données issues des drones de renseignement change aussi la facon dont le renseignement est effectué : il ne s’agit plus d’identifier formellement untel et untel comme étant des combattants ennemis, il s’agit d’identifier des patterns correspondant au profil-type du combattant ennemi, avec une notion assez lâche de combattant puisqu’il n’y a plus à proprement parler de combat ou de zone de combat. C’est donc des réseaux de relation, des endroits visités, des conversations interceptées qui vont servir à monter un dossier identifiant tel personne suivi comme suffisamment impliquée pour être considérée comme un ennemi et déclencher une frappe. Peu importe l’identification de la cible par un nom si le comportement correspond aux marqueurs.

Globalement c’était dense mais intéressant comme lecture.