Il restait un roman de Bellanger que je n’avais pas lu, voilà qui est corrigé. Comme pour Le Grand Paris, j’ai bien aimé le début, puis je trouve que ça se perd en cours de route, et spécifiquement là c’est assez manifeste que Bellanger ne sait pas trop comment conclure. Le roman parle comme l’indique son titre d’aménagement du territoire en France, de comment la puissance publique décide d’investir dans des infrastructures. Le roman suit plusieurs acteurs de cet aménagement, des haut fonctionnaires comme des dirigeants de grandes compagnies du BTP. Comme toujours, il entremêle ses personnages fictifs avec d’autres réels (De Gaulle, Foccart, la firme Vinci…) et s’appuie sur l’Histoire récente de la France. Toute cette partie est très prenante, avec un entremêlement de la trajectoire des personnages et des changements d’échelle entre leur vie personnelle, leur jeunesse à une échelle réduite, le déploiement de leur action à l’échelle nationale voire internationale pour deux d’entre eux, puis un retour au village, où les enjeux et les affrontements vont se concentrer. En plus, Bellanger imagine une histoire secrète, avec une société conspiratrice (ou deux ?) au plan immémorial qui va s’achever d’ici une génération, la Mayenne devenant la clef de l’avenir de la France (la Mayenne !) et les personnages du roman choisissant entre deux camps.
Hélas, après ce pitch alléchant, ça s’enlise un peu. Il y a des répétitions voire des incohérences dans la narration (là c’est plus la faute de l’éditeur je pense), et l’affrontement et la puissance d’agir des personnages oscille un peu entre le symbolique (un des persos qui déclare transformer la future Bretagne indépendante en puissance nucléaire car il a pris soin de ne pas exploiter un filon d’uranium du sous-sol breton alors qu’il aurait pu) et le concret (on va faire sauter la ligne de TGV lors de son inauguration par le gouvernement !). Le grand secret de la société secrète ne convainc absolument pas, notamment parce qu’il entremêle ces deux niveaux de lecture sans arriver à choisir.
Vaut le détour mais un peu décevant dans l’ensemble, donc.