Foules sentimentales, de Pauline Machado

Essai paru en 2024.

L’autrice analyse comment la structure des grandes villes impacte les relations sentimentales qui peuvent s’y nouer.

Présentation des villes comme des territoires mythifiées (vision de NY ou Paris présentées dans les films, imaginaire qu’on en a depuis des territoires plus ruraux) : la ville est là où les choses sont possibles, où les destins peuvent changer : c’est le château du prince dans les contes de fées, là où il faut être pour rencontrer la bonne personne qui va changer votre vie. C’est une vision assez passive, où l’on attend d’un facteur extérieur (le grand Amour, un événement révélateur, un travail) qu’il vienne bouleverser notre vie. Mais c’est une vision qui est largement propagée dans la pop culture et les romcoms.

La ville est un « vivier de célibataires », où le nombre de personnes dans cette situation permet statistiquement des rencontres multiples et un anonymat : l’usage des applis n’est pas du tout le même en territoire rural qu’en territoire urbain. Cet anonymat permet aussi de se réinventer, de se présenter sous son meilleur jour lors d’une nouvelle relation : on n’est pas précédé de sa réputation. Il y a aussi une prise de risque plus faible quand on peut draguer quelqu’un.e qui n’a pas de risques de recroiser nos cercles sociaux : si ça ne marche pas chacun.e reprend son chemin, pas de gêne pérenne ou de passif. Le fait de vivre entouré d’inconnu.es donne de plus l’habitude d’interagir avec des gens sur ce mode « relation entre inconnu.es qui se recroiseront plus », ce qui simplifie le fait de se lancer dans des échanges avec une dimension de séduction avec ces mêmes inconnu.es (practice makes perfect).

Question aussi du coût de la vie en ville, surtout dans les capitales : incite les couples à cohabiter plus rapidement et à faire durer les relations cohabitantes, même quand elles battent un peu de l’aile, parce qu’il sera compliqué d’assumer le coût de la vie seul.e. En revanche, la durée des transports en plus de durée de travail en moyenne un peu plus longue diminue le temps qui pourrait être consacré à du temps perso et notamment relationnel (encore plus vrai pour les personnes habitant dans les banlieues et périphéries des grandes villes plutôt qu’au centre). Enfin, le prisme productiviste plus présent dans les villes que sur le reste du territoire, peut se retrouver dans la façon d’aborder les relations amoureuses (hustle culture aussi dans le dating). A l’inverse, les couples se forment plus tôt (dans la vie des gens, pas dans la relation elle-même) dans les territoires ruraux, et les gens ont des enfants plus jeunes.

L’autrice détaille un peu les possibilités de romances et relations queer dans les villes, et ce côté oasis de rencontres possibles vs le désert que seraient les campagnes, mais lui tord rapidement le cou : si les villes ont cette image et qu’il y a plus d’occasion de socialité queer explicitement marquées comme telle, les territoires ruraux sont plein de personnes queers aussi, juste moins visibles.

C’était sympa mais on reste dans le travers essai de journaliste, je voudrais un travail plus étayé de mon côté.

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