Essai autobiographique sorti en 2015. L’autrice expose ses pensées sur le sujet de sa grossesse et de sa relation avec son partenaire, trans : leurs deux corps et leur relation et cellule familiale qui évoluent peu à peu lui évoque l’Argo restant le même bateau alors même que toutes ses parties sont peu à peu remplacées. C’est assez difficile à résumer, mais c’était intéressant, notamment les passages sur l’assignation à la maternité des femmes, et son opposé pour les personnes queer et la façon dont ça s’entrelace pour elle : en tant qu’universitaire son nouveau statut de mère est utilisé par certaines personnes pour tenter de la rabaisser, et elle assiste à des moments où inversement des femmes qui travaillent sur des sujets complexes et qui veulent s’intéresser à la maternité se font rabrouer : ce sujet est trop banal, ordinaire pour être digne d’étude. Et à la fois pour elle qui travaille sur la sexualité, la scène SM, on lui renvoie que c’est incompatible avec sa maternité, dans une espèce de panique morale. On retrouve la thématique de la maman et de la putain, qui devraient pour certaines personnes rester des facettes de la féminité totalement séparée. À l’inverse, Maggie Nelson parle de la figure de la sodomitical mother, qui mêle sexualité et maternité. Elle réclame notamment le fait de méler les deux aspects de sa vie (évidemment pas dans un sens pédophile, mais dans le fait qu’elle devrait pouvoir aller notamment voir un spectacle de cabaret avec un bébé (qui n’y comprendra rien) sans qu’on lui dise « euh non le bébé ça va ruiner l’atmosphère pour les autres personnes, c’est supposé être titillant »).