Archives mensuelles : novembre 2012

Chinafrique, RDC et autres considérations politiques

Damn, encore un article avec des bouts de réflexions dedans. Si ça continue comme cela ce blog va devenir une succursale de Courrier International.

Chinafrique
Slateafrique lui a consacré un dossier. La Chineafrique, c’est l’ensemble des relations économiques diplomatiques et culturelles entre l’Empire du Milieu et le continent africain. L’Afrique étant à la fois une source de matières premières et un marché émergent, le géant économique qu’est la Chine s’y intéresse énormément. Pékin remporte énormément de contrat pour l’aménagement d’infrastructures sur tout le continent, tout en y envoyant une diaspora de cadres dirigeants. Ici au Kenya cela se traduit par des complexes immobiliers ou des routes construites par des sociétés dont les noms ne font pas très couleur locale. Il faut cependant nuancer. La Chine n’est évidemment pas le seul acteur, il y a d’une part les anciennes puissances coloniales, mais aussi l’Inde (en particulier en Afrique de l’Est, héritage de la colonisation anglaise, il y a une grosse diaspora indienne), le Japon (très présent sur le marché des voitures, en tout cas au Kenya où il y a a des Toyota partout).
La Chine investit donc massivement en Afrique, mais ces investissements sont à mettre en perspective. Au Congo, la Chine investit à hauteur de sept milliards. C’est la même somme qui est investie par la diaspora congolaise. Et encore, on ne parle là que des flux-retours officiels de la diaspora. La RDC n’est donc pas en situation de dépendance économique par rapport à la Chine. D’un autre coté, ces sept milliards investis sont aussi une statistique officielle. Étant donné que les investissements sont remboursés sous formes de concessions minières, d’exploitations agricoles et de contrats longue durée, le retour sur investissement n’est pas évident à chiffrer. Surtout que certains flux sont surprenants. Par exemple ce cobalt rwandais, qui n’en possède pas mais en exporte massivement vers la Chine. Mais avec l’implication du Rwanda dans les troubles de la RDC, des flux énormes sont détournés.
Enfin, une note positive dans ces magouilles financières : aujourd’hui j’ai reçu un SMS pour m’inciter à m’inscrire sur les listes électorales kenyanes. Les élections sont en mars et sont très attendues étant donné que le président actuel – Mwai Kibaki, dont la réélection en 2007 avait été très contestée, ne se représente pas, le nombre de mandats étant limité à deux depuis 1991 (son prédécesseur, Moi, avait été président 24 ans durant).

Fourteen Falls

Ce fut la sortie du weekend dernier. À soixante-cinq kilomètres au nord de Nairobi, près de Tikka, se trouve un site touristique avec, comme son nom l’indique, quatorze chutes d’eau. Nous partîmes cinq sans provisions, mais par un prompt détour, nous nous vîmes rassasiés en arrivant dans un village. Le boui-boui typique, qui servait du chou, des haricots et des chapatis. Nous descendîmes ensuite le long de la rivière, repérant quelques hippopotames qui sortaient leurs narines pour respirer, mais ne nous firent pas grâce d’un spectacle plus complet.
Arrivés aux chutes, ma blondeur fut source d’émerveillement pour les écoliers en goguette, et je suis désormais immortalisé dans quelques foyers kényans. Aucune catastrophe moins conséquente que la destruction de la planète entière ne saurait détruire toutes les images de mon corps. J’ai essaimé sous forme de photographies sur quatre continents, cinq si l’on ajoute Internet. Mais trêve d’égolatrie.
Les chutes en elles-mêmes étaient belles, mais les abords en étaient gâchés par d’innombrables déchets plastiques, charriés par la rivière ou laissés par les promeneurs. On a lu posés sur une pelouse, deux d’entre nous firent une partie de frisbee avec les gamins du coin. Puis il fut temps de reprendre la voiture (louée pour la journée à l’ICIPE) et de rentrer sur Nairobi, avec une pause whisky au passage. Nous sommes passés à travers les champs d’ananas, l’odeur d’ananas emplissait toute l’atmosphère et se mêlait étrangement au christian rock que laissait échapper la station radio que nous écoutions.

Le dimanche ce fut barbecue dans la maison magnifique du représentant régional du CIRAD et discussion avec les profs du lycée français. Ce fut aussi la première fois que je montais dans un 4×4, mais l’expérience ne fut pas des plus marquantes.

J’ai compté, il y en a bien quatorze.

Skyfall : l’idéologie du Tea Party, l’esthétique de Woodkid.

Je reviens du cinéma, où j’ai vu Skyfall (le dernier James Bond). Après quelques inquiétudes en début de séance (l’image était trapézoïdale et tremblait), le film a finalement été projeté dans d’excellentes conditions. J’ai vraiment été pris dans le film, mais j’ai désapprouvé ce qu’il me disait à plusieurs reprises, puis en continu. Je voudrais donc tenter de faire une analyse du fond (la forme étant magnifique).

WARNING : Spoilers everywhere.

Résumons rapidement l’histoire : un ancien agent veut prendre sa revanche sur M, la cheffe du MI6. Bond l’en empêche. Comme pour tous les James Bond, l’histoire n’est pas particulièrement complexe. Le twist qui se rajoute à ce scénario, c’est que ce film marque les cinquante ans de la franchise. Il fallait donc rendre hommage aux précédents opus, et c’est pourquoi un certain nombre de gimmicks abandonnés lors de l’arrivée de Daniel Craig dans le rôle-titre reprennent du service. Le film n’est jamais aussi bon que lorsqu’il déconstruit sa mythologie. La scène où 007 rencontre Q, jeune geek lui déclarant qu’il est plus efficace avec son ordi avant son premier Earl Grey que Bond ne l’est sur le terrain est un bijou. La présentation des gadgets se résume à la transmission d’un Walther PPK et un transmetteur radio. Les stylos explosifs, « on ne fait plus vraiment ». La couleur est annoncée : retour aux bases, on joue avec les références sans se laisser écraser. On retrouve aussi l’Aston Martin où Bond menace négligemment M d’éjection avant de se voir répondre « Go on, see if I care« , et le martini, accueilli d’un « perfect » par Bond quand la barmaid lui présente le contenu d’un shaker.

Le problème est que si le film joue avec ses propres références, il est tout à fait sérieux dans les valeurs qu’il promeut depuis le début de la série. Ou plutôt la valeur : la Virilité, la Vraie. Le film véhicule le message le plus patriarcal que j’ai vu au cinéma depuis longtemps. Le film commence par le tir de sa coéquipière sur Bond. Laissé pour mort, 007 se refait une santé dans les bars turcs en buvant de l’alcool et en défiant les scorpions. Il a été recueilli par une femme que l’on ne voit que au lit avec lui. Elle est le repos du guerrier, elle le soigne, l’héberge et le détend. On ne saura rien sur elle, sitôt qu’il apprend que la patrie et surtout sa supérieure M est en danger, Bond l’abandonne pour repartir en Angleterre.
M est menacée d’un audit par l’exécutif anglais suite à la perte d’une liste révélant l’identité des agents infiltrés de l’Agence. McGuffin absolu que cette liste, la question étant ici de savoir pourquoi le voleur semble tant en vouloir à M personnellement. M est la mère de substitution de Bond et de visiblement tout le MI6, ses agents lui sont très attachés. Deuxième figure féminine donc, la mère. M pourrait représenter un personnage de femme forte mais elle est remise en question, ses erreurs sont à l’origine de tous les problèmes du film et durant la bataille finale elle est protégée par Bond, quand elle tente de tirer sur un assaillant elle rate son tir. Il lui déclarera même textuellement « Get in the kitchen ».
Bond retrouve aussi celle qui lui a tiré dessus. Elle l’accompagne à nouveau sur le terrain. Agent de liaison elle reste en retrait en ce qui concerne l’action mais se retrouve dans une scène où elle rase Bond. La femme au service de l’homme, avec un très fort sous-texte sexuel, puisqu’elle est à genoux (de profil dans une robe très moulante) devant lui assis, et qu’elle passe un rasoir sur sa gorge : il met sa vie(rilité) entre ses mains, pas besoin d’être un génie pour reconnaitre une fellation. A la fin du film, Eve décide de demander un poste de bureau. Il se révèle qu’elle est Ms. Moneypenny, la fidèle secrétaire amourachée de Bond. La femme abandonne son fusil d’assaut, symbole phallique, pour retrouver sa vraie place « à la maison » et admirative de l’homme d’action, tout rentre dans l’ordre.
La femme suivante est encore plus archétypale, puisqu’il s’agit d’une prostituée possédée par une triade. Elle flirte avec Bond, fait l’amour avec lui puis après avoir été battue, meurt tuée par le méchant. Bond déplore plus la perte du verre de scotch qu’elle portait que sa mort, pas une larme ne sera versée sur elle, la femme-objet jusqu’au bout des ongles vernis.
Les personnages féminins sont donc des caricatures, mais pas autant que les masculins. Face à Bond se retrouve un méchant qui est visiblement gay (il flirte avec Bond), et pourquoi est-il méchant ? Eh bien visiblement il n’a pas résolu son Œdipe avec M. Là où Bond est indépendant, tient tête à sa cheffe, bref est un homme puisqu’il a coupé le cordon, Silva est un homo psychopathe et pleurnichard parce qu’il en veut à M de l’avoir abandonné lors d’une mission. Il ne veut pas la tuer, il veut se suicider avec elle. Bond heureusement l’en empêchera mais M. succombera à ses blessures. Son successeur sera un homme : le patriarcat a enfin corrigé cette anomalie d’une femme au pouvoir.

Le discours de M devant la commission d’enquête est aussi un point qui vaut le détour : se voyant reprocher sa prédilection pour les agents de terrain et l’action directe, elle déclare que nous vivons dans un monde hostile, où nos ennemis sont désormais flous. Bref une apologie de la société de surveillance et de la manipulation par la peur. Elle déclare carrément « I’ve never been so frighten. » Onze septembre mon amour.

Le film est visuellement magnifique, avec des jeux sur les ombres et les couleurs (et le générique est un monument de kitsch). On passe de la Turquie à Londres, de Macao à une ville fantôme soviétique et de Shanghai à l’Écosse. Les gens sont toujours impeccablement habillés, les landes désolées, les villes illuminées et les bunkers souterrains pleins de cachet. Le film colle à l’esthétique en vigueur en ce moment : photographie haute définition et cachet rétro ; il présente tous les clichés visuels possibles, une photographie Instagram aux dimension d’un film. Cette esthétique sert un propos : une glorification des classes sociales dominantes. En effet, Bond représente une aristocratie polyvalente : Il incarne à la fois le dominant en matière de genre : Homme blanc hétéro cisgenre, il maitrise les codes de la virilité : capable d’utiliser la violence (de façon extrême, puisqu’il surclasse même Die Hard en détruisant un hélicoptère avec une maison), sachant boire, doué avec les véhicules (et attaché à eux, il s’énerve vraiment quand on lui casse son Aston Martin) et habile au lit. Mais il maitrise aussi les codes de la richesse : il voyage à travers le monde, est toujours habillé d’un smoking irréprochable (sans qu’il ait besoin d’en prendre soin : d’autres le font pour lui, en bon riche il n’a pas besoin d’avoir à se coltiner avec la réalité), va au casino, maitrise les usages en vigueur quel que soit le lieu, et possède des racines anciennes et chrétiennes : sa famille possédait un domaine en Écosse, le Skyfall du titre dans la chapelle duquel tout se finira. Et au fur et à mesure du film on effectue une régression dans le temps. Ouvert sur le monde (on commence dans les rues commerçantes d’Istanbul), le film se restreint au monde des élites (le méchant est capable de posséder une île entière, une ville fantôme visuellement époustouflante. La beauté appartient aux élites), puis se replie sur l’Angleterre, l’Écosse et enfin le domaine familial. La technologie devient moins présente, puisque Bond se défend au final avec un fusil de chasse, un couteau et de la dynamite. La conclusion dans les bureaux du MI6 où Bond rencontre le nouveau M pourrait se passer dans un bureau des années quarante. Adieu donc monde moderne, revenons au temps où les hommes étaient de vrais hommes.

En résumé, allez le voir pour l’esthétique, mais restez critique.

Le Kenya à l’heure d’Internet

Un lien vers un article qui vous explique pourquoi le Kenya va être d’ici une dizaine d’année un des leaders de la scène africaine. Pour ceux qui ont la flemme de lire, le Ministre de l’Information, Bitange Ndemo a fait relier le Kenya au réseau Internet en haut débit via la péninsule arabique, ce qui a conduit à une grande ouverture sur le monde et le développement d’une Silicon Savannah. Il a aussi mis les données du gouvernement en open data. Y’a des gens qui comprennent que l’on est entré dans la société de l’information plus vite que d’autres.

Mes impressions sur le sujet, c’est qu’effectivement la connexion est très bonne, bien plus qu’elle ne l’est en Inde par exemple. Un autre phénomène numérique frappant, c’est le développement d’une monnaie virtuelle : les opérateurs ont fait en sorte que l’on puisse acheter du crédit sur les cartes prépayées, mais aussi le transférer d’un numéro à l’autre. Les paiements peuvent donc s’effectuer comme cela, en versant du crédit. L’idée du téléphone comme eh bien, carte de crédit, dont on ne fait que parler vaguement en France, est une réalité au Kenya. On peut remballer nos préconceptions sur l’Afrique sous-développée ; d’ici quinze ans Nairobi sera une des capitales qui comptera au niveau mondial.

Lac Naivasha

Enfin une sortie en dehors de Nairobi ! Ayant discuté un peu avec Christophe, en thèse à l’ICIPE, et le courant étant passé, nous nous sommes planifié une escapade sur les bords du Lac Naivasha, le plus proche des lacs de la Vallée du Rift. (Point géologie pour les novices : le Rift, c’est cette vallée qui court du Sud de la Mer Rouge jusqu’au Zambèze (ceci n’est pas copicollé de Wikipédia, pas du tout). C’est une séparation qui est en train de se faire entre la plaque lithosphérique africaine et la protoplaque somalienne. Du coup c’est plein de phénomènes étranges comme des lacs de souffre et des géologues extatiques.)

[googlemaps https://maps.google.fr/maps?hl=fr&q=Lake+naivasha&ie=UTF8&hq=&hnear=Lac+Naivasha&gl=fr&ll=-0.775384,36.371476&spn=0.186406,0.338173&t=h&z=12&output=embed&w=425&h=350]

Nous sommes partis en matatu (point Kenya : les matatus ce sont des taxis collectifs d’une capacité de dix personnes qui en transportent en moyenne seize, avec un style de conduite tout en adaptabilité, puisqu’ils n’hésitent pas à passer dans une station-service pour doubler sept voitures à l’arrêt sur la route embouteillées), pour un trajet de deux heures. Arrivés à Naivasha, nous en prenons un second pour rallier la YMCA où nous posons nos affaires, puis re-matatu pour aller à Crescent Island, une presqu’ile en croissant de lune qui s’enfonce dans le lac. Il y a une myriade d’animaux dessus. Pourquoi donc ? Parce que c’est ici qu’a été tourné Out of Africa. Les animaux ont été apportés pour le tournage et un grillage posé à l’extrémité de la presqu’ile. Sans prédateurs, ils se sont multipliés.
Nous sommes restés là une heure alors que le soleil se couchait.

Retour à la YMCA dans un matatu bondé, repas du soir et dodo à 22h.
Le lendemain, réveil à cinq heure quarante-cinq, petit déjeuner à six, puis nous enfourchons les vélos loués à la YMCA pour nous diriger vers l’entrée du Hell’s Gate National Park. Nous sommes arrivés les premiers à l’entrée du parc, et vingt mètres après nous avons vu un phacochère et un impala traverser la route.

On distingue les colonnes de basalte. Tout le rift à un volcanisme actif et le basalte créé, très solide, résiste à l’érosion et forme ces falaises.

Ce fut un festival durant toute la traversée du parc jusqu’à la gorge de Hell’s Gate, nommée ainsi par les massais qui avaient été coincé dedans lors d’une éruption où un flot de lave avait dévalé le canyon. Nous avons visité la gorge (qui a servi de lieu de tournage à Tomb Raider) avec un guide massaï avant de retraverser le parc en sens inverse. Matatu jusqu’à la ville, samossas pour déjeuner, puis retour somnolant jusqu’à Nairobi.
L’eau qui ruisselle ici provient d’une source chaude, témoin du magmatisme présent sous la surface. L’eau chaude fournit un milieu idéal pour le développement de colonies bactériennes dont le métabolisme donne cette couleur verte

Kiss 100

Pour continuer dans la thématique radiophonique, parlons de la station qui égaye mes trajets pendulaires. Kiss 100 est la station qui abreuve Nairobi en pop music. Puisant aussi bien ses morceaux dans la scène locale que dans les standards internationaux, elle présente une haute teneur en publicité, parfois sous forme de spot et parfois dévidée par les animat/rice/eur/s, qui s’extasient notamment sur Zuku, le fournisseur d’accès Internet kényan. Entre les jingles coupés dans Gangnam Style (le lien est là pour les générations les plus vénérables, les nouveaux nés ayant déjà vue le clip jusqu’à l’épilepsie), on retrouve des jeux radiophoniques : « Fifteen seconds of shame » (où il faut chanter la chanson de la semaine) et « Stop the Music » (où il faut reconnaître une chanson sur ses cinq premières secondes) et des pubs pour l’alcool (qui t’expliquent qu’être un homme c’est boire une Guinness), mais aussi des émissions où les animat/rice/eur/s encouragent l’usage du préservatif en ciblant les femmes. Ça ressemblerait presque à du féminisme (« you don’t have to make love just because you’re in a relationship… ») sauf que non (« …except of course if you’re married, then sex is marital duty »).
Ça te vide bien la tête après une journée de boulot, et ils ont un joli player.

La résistance s’organise : Radio-Nairobi et les Forces Françaises Expatriées

L’ICIPE, l’institut où je travaille, est un institut des plus cosmopolites, où l’on rencontre pêle-mêle des Kenyans, des Tanzaniens, des Indiens, des Allemands, des Anglais, des Français, des Béninois et des Coréens. C’est bien loin de l’IFP où l’on se retrouvait entre français, et un mfaransa (un français en swahili) peut s’y sentir un peu perdu. Mais tout n’est pas perdu pour la francophonie. Si l’anglais est la lingua franca de l’institut, avec quelques termes swahili pour faire couleur locale, un petit groupe d’irréductibles gaulois résiste encore et toujours à l’assimilation.
C’est une demi-douzaine de français qui se réunit les midis pour prendre le café dans un labo désert. Tous taillés sur le même modèle, ils ont sillonné l’Afrique de l’Ouest dans le cadre des Instituts Techniques. Ils ont connus la guerre et les coups d’État, et ils échangent leurs souvenirs de rapatriement d’urgence en rigolant autour d’une tasse d’Arabica kényan : « Le dernier soir avant qu’on nous évacue, on était dans le jardin, on voyait les roquettes passer de l’autre coté du mur. »
La quarantaine, les cheveux coupées courts et la chemise réglementairement ouverte de deux boutons, ça pourrait être une officine des services secrets ou bien les agents de terrain de la Françafrique, mais c’est une bande de scientifiques passionnés par le terrain, l’archétype du chercheur que l’on veut devenir quand on est enfant. La thèse redevient attractive.